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  Pendant l'hiver, tu m'as emmené faire le tour du pays avec vous, dans votre fourgon, et assister à tous vos concerts. J'écrivais quelques phrases que tu incorporais dans vos chansons et que tu interprétais si bien.

Quelques fois, le soir, tu m'emmenais traverser les villes, une bouteille à la main, chantant à gorge déployée, riant à notre désarroi du monde et notre solitude que l'on aimait tant.

Les jours passaient et je vivais un rêve si soudain et inespéré.

Un soir, alors que nous avions atterri au milieu d'un champ rougit de coquelicots hauts jusqu'aux genoux, nous nous sommes allongés, ivres de sensations, et devant nous, devant mes yeux ignorants, j'ai vu pour la première fois les lumières du ciel.

Elles étaient magnifiques. Brillantes de milles feux, leur clarté m'éblouissait et ton visage s'en trouvait éclairé d'une pâleur qui le rendait vaporeux.

Tu me regardais, me demandais si j'étais heureux, si j'étais comblé à tes côtés.

Si tu savais, tu étais ce que la vie avait eu de plus beau à m'offrir. Je voulais passer mes jours et mes nuits à tes côtés, parcourir le monde et faire face à la mer à tes côtés, en gardant le ciel étoilé au-dessus de nos têtes pour qu'il nous porte chance.

Alors tu as souri et t'es tourné vers la toison bleue.

–Tu sais, je vais devoir partir, bientôt.

Je me suis redressé.

– Quoi ?

– Ne t'inquiète pas pour moi, m'as-tu dit. Ce n'est pas si grave.

J'ai insisté, mais tu n'en as pas dévoilé d'avantage. Alors je me suis à nouveau allongé face aux étoiles. Puis en basculant sur le côté, je t'ai serré contre moi. J'avais besoin de toi.

Si j'avais su.

Redorer l'étoile du SolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant