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ROYAUME DE CARDEN


- Belle, que fais-tu encore accroupie ainsi ? il fait presque nuit, tu devrais rentrer chez toi te reposer.

J'essuie mon front, la chaleur du feu de la cheminée me brule les joues mais je préfère encore ça au froid qui m'attend dehors.

- J'alimente le feu avant de partir Madame Kristensen. Dis-je en toussotant.

Elle me décoche un regard réprobateur en callant les poings sur ses hanches.

- Tu travailles beaucoup trop ma fille.

Elle me tend un mouchoir, j'essuie mes mains noircies par les cendres de la cheminée.

- Ce n'est pas comme si j'avais le choix riais-je.

Elle soupire, m'enlève le mouchoir de mes mains et m'éponge le visage.

- Tu es si belle, et tu es en âge de te marier, pourquoi ne te trouves-tu pas un noble ? je suis sûre que les hommes sont fous de toi.

Je ris, madame Kristensen peut avoir de l'humour parfois, même sans le faire exprès.

- Je ne souhaite pas épouser n'importe quel gentleman, je crois que la vie a bien plus à nous offrir qu'un mariage platonique, sans amour ni passion.

- Oh doux Jésus ! S'exclame-t-elle dramatiquement, toi et ton romantisme ! Tu auras bientôt 18 ans Belle, fais-moi le plaisir d'arrêter tes rêves de petite rêveuse, enfile une belle robe et pavane toi devant quelques gentlemen !

Je ris encore.

- Ça ne me ressemble pas vraiment de faire cela, riais-je.

J'enfile mon manteau noir au-dessus de ma robe et enroule mon écharpe rouge autour de ma gorge.

- Merci de vous soucier de moi madame Kristensen, souriais-je en la prenant dans mes bras.

Elle a une mine renfrognée, je lui souris.

- Promets-moi d'au moins essayer d'être suggestive avec le prochain gentleman qui t'aborde.

J'éclate de rire.

- Suggestive est un bien grand mot.

- Aimable alors ?

- D'accord.

Elle hausse les sourcils, surprise.

- Vraiment ?!

- Oui, je vous le promets.

Elle explose de joie et me réchauffe le cœur par la même occasion. Cette femme, que je ne connais que depuis quelques mois, s'est occupée de moi du mieux qu'elle a pu et je lui serais à jamais redevable. Elle est un peu rondelette et excentrique, elle a un faible pour les motifs ethniques/indous et les modèles de vêtements classiques.

Je sors de la grande maison où je travaille, le froid me gifle les joues, je savais que j'aurais dû mettre mes gants. J'avance dans la rue enneigée en direction de la station d'aéro-bus, mes pieds s'enfoncent dans 15cm de neige et mes cheveux vont dans tous les sens. Les cieux sont déchainés ce soir, j'espère qu'il n'y aura pas trop de dégâts. J'aperçois l'arrêt de bus, il est 18h mais l'endroit est plutôt vide à l'exception d'un petit chat qui miaule quelque part.

- Petit chaton, où es-tu ? Dis-je en suivant le son de ses miaulements.

Le dernier aéro-bus de la journée descend lentement du ciel vers la station, le chat continue de miauler. Je suis maintenant face à un dilemme, prendre le bus pour rentrer chez moi et laisser ce chaton mourir de froid, ou faire le contraire et retourner chez moi à pied ?

Devilish attractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant