Chapitre 13 : L'inconscience du mal.

38 7 2
                                    

   Alors que ce bout de vie s'apprêtait à lire ce fichu dossier, je la coupe, toujours surpris de ma voix lasse :
  《Non. Laissez. Je le lirai moi-même.》
Ma voix a le don de la faire sourire pour je ne sais quelle raison possible. Alors, elle referme mon dossier et m'annonce en se levant :
  《Dans ce cas, nous avons terminé pour aujourd'hui, je vais t'envoyer une copie de ton dossier. Notre prochain rendez-vous se fera quand tu l'auras lu.》
Je reste assis, presque perturbé par son annonce. C'est tout? Pas de morale, ni de conseils? Finalement, je me lève, beaucoup moins détendu qu'elle, lui hoche la tête en guise d'au revoir puis doucement j'avance jusqu'à la porte. En l'ouvrant, je vois que mon fauteuil y est toujours. Je vais m'assoir quand je prends conscience de l'odeur nauséabonde de l'hôpital. Je n'aime pas cet endroit. En plus d'avoir retrouvé la parole, je retrouve mon odorat...
Assis dans ce fauteuil, je regrette vite que ce dénommé Evan ne soit pas là pour m'aider à retrouver cette prison qu'est ma chambre. Oh! puis finalement, puisque j'ai quartier libre, autant en profiter pour visiter ce truc qui pu la javel pour recouvrir l'odeur des enfers. J'ai d'abord eu du mal à apprivoiser cet engin mais je réussis et me voilà parti à l'aventure dans d'immenses couloirs d'où fourmillent des gens en blouse blanche et quelques patients angoissés. Puis j'entends le bruit d'une gamine de 4 ans tout au plus :
  《Maman? Pourquoi le monsieur est dans un fauteuil roulant?》
Oh.... l'insouciance des enfants...

Je me souviens...

"Le 6 mars 2012, au soir. Le froid m'avait rongé toute la journée mais j'avais marché jusqu'à retrouver ma maison où plusieurs voitures dont une de police étaient garées devant.
D'un coups, je vis ma mère sortir de la maison et courir me prendre dans les bras puis me reposer au sol et me gifler en hurlant :
《T'es qu'un p'tit con d'avoir fugué! J'espère qu't'es fière de toi, sale merdeux, dégage dans ta chambre, t'as vu le monde que j'ai dû appeler quand tes prof' n'ont pas sû où tu étais.》
Et puis le silence, ma mère est devenue hideuse pour la première fois de ma vie. Elle avait des cernes violettes sous ses deux yeux gris passé. Sa paire de lunettes écrasée son petit nez légèrement retroussé. Sur ses lèvres, un vieux rouge à lèvre des années 80 la vieillissait. Puis ses cheveux, commençant à être blancs, étaient gras, ternes, sans éclat. Sa peau était ridée, recouverte de maquillage.
Ce soir là, j'ai détesté ma mère.
J'ai traversé la maison, le regard sur le sol, je me suis enfermé dans ma chambre et j'ai tapé encore et encore de mes deux poings le mur, jusqu'à ce qu'il y en ait un qui transperce le cadre de la seule photo de notre famille vue comme parfaite.
Le poing en sang, un policier a enfoncé ma porte, m'a attrapé et m'a emmené à l'hôpital sous le regard vide de ma mère."

Voilà le renouveau de ce livre!
La couverture est de scribonheur que je remercie beaucoup!
~Panda.

Si je revis.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant