Chapitre 9 : Douceur monstrueuse.

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  Il se tenait droit devant l'immense glace, sans lui à mes côtés j'aurai pris ce reflet pour une autre personne. Mais c'était bien moi ou du moins le corps dans lequel mon âme logeait. J'ai continué d'avancer au plus près de la glace, mes traits du visage étaient fatigués, fades, des cernes bleutées contournaient des yeux rougis par ce qu'on m'infiltrait chaque jour dans le corps. Les yeux en eux-même et leur couleur marron foncé presque noir révélaient les seules couleurs dans la pâleur asphyxiante de mon visage et de tout mon corps. Une barbe naissante rendait mes joues moins vides malgré les creux. Une larme coula le long de ma joue, mourant sur mes lèvres tremblantes. Je ressemblais beaucoup à mon père ...  Le médecin me serra doucement la robe d'hôpital qui m'habillait et me murmura : 

  Je sais bien que c'est dur de ne pas se reconnaître... Mais on va te laver et te couper cette barbe et si tu le souhaites, tu pourras essayer de manger.

  J'avalais doucement ma salive et hocha ma tête en guise d'approbation. Alors on avança un peu plus et il ferma la porte. 

Je me souviens...

" C'était le 4 février 2012. J'allais enfin rencontrer la fille qui hantait jour et nuit mes pensées. Malgré le froid hivernal, rien ne m'empêchait de serrer dans mes bras mon premier amour. Evidemment cela fait peu depuis que je l'ai rencontré sur Internet. C'était un jeu virtuel, je sais bien qu'elle a 19 ans, mais seul j'avais besoin de compagnie et elle m'a remis des étoiles  dans les yeux, mon cœur s'emballait au son de sa voix, elle me rendait léger. J'arrivais enfin devant son appartement, les heures de bus pour traverser Rouen m'avaient paru une éternité.  Elle m'ouvrit la porte et me pris dans ses bras, elle était vêtue pour l'occasion d'une robe noire toute légère et de hauts talons, ma tête arrivait à hauteur de cœur. C'était magique. Elle recula un peu pour me laisser entrer et ferma la porte."

  Aujourd'hui, j'étais inconnu, perdu et mon amour avait fondu, disparut comme la flamme d'une bougie. Le jeune médecin m'aida à me déshabiller, ma peau me brûlait sous ses doigts si fins, si délicats. Puis il alluma l'eau, sous mes pieds, je la sentait se réchauffer. Puis il passa le jet sur ma peau nue. Je frissonnais. C'était si doux, si divin. Et dans ma tête je la revoyais me toucher quand elle m'a enlevé mon manteau et qu'elle a posé ses lèvres pulpeuses et chaudes sur les miennes sèches et froides. Ses doigts descendaient le long de mon corps si fragile. 

  L'eau s'arrête. Retour à la réalité. Il me laisse couler sur le corps un savon sans odeur. Je passe mes mains sur mon corps et me savonne. Il m'observe le visage en souriant.

Nouveau chapitre ! Agréable lecture.
~ Panda.

Si je revis.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant