Chapitre 31

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     Quand on décide de mourir, et qu'on se foire, ce n'est pas une histoire d'engrenages à l'arrêt. C'est une explosion, vous imaginez un champs de mine ? J'ai marché sur l'une d'elle, et depuis cette explosion, tout est calme, tous retiennent leur souffle. Sauf peut-être les médecins, vous savez ils connaissent un tas de gens qui se laissent aller à la tentation de la falaise. Maman n'est pas médecin, elle est simplement là. Elle retient son souffle et guette tous mes faits et gestes. Mais que fait un prisonnier derrière les barreaux ? Il mange, il pisse, il observe le plafond. Je n'en fais pas plus. Ma mère a cru bon de rester avec moi en quarantaine, tout le printemps, le début de l'été a eu le rythme. Mais ma mère ne sait pas à rester à regarder le plafond. Ce n'est plus maman depuis que tout passe à deux cent à l'heure pour elle. Vous savez, c'est une question de relativité. Pour moi le temps passe lentement, et plus je la vois s'approcher du trou noir plus elle accélère à mes yeux. Puis un jour tout s'arrête. 
      « Bon Alice, je ne supporte plus tout ça, j'ai appelé l'hôpital, je t'emmène voir un psy. »
   On ne sait jamais à quel moment notre vie  change à tout jamais, ce n'est jamais comme on le prévoit. J'insiste sur le jamais. Machinalement je me suis levée, j'ai attrapé une veste et j'ai suivi ma mère jusqu'à ce qu'une odeur de pommier me sorte de mes gestes mécaniques. J'ai relevé les yeux vers une jeune femme rousse, aux yeux verts et au sourire bienveillant. Elle m'a tendu la main, que j'ai serré.
    « Bonjour Alice. Je suis Adèle. J'ai échangé avec ta mère, elle se fait beaucoup de soucis, mais c'est avec toi que j'aimerais m'entretenir. Assis-toi. »
   Pensez-vous que ces deux mots peuvent faire basculer un moment pénible en une scène complètement incroyable ? Elle s'est assise, j'ai fait de même, et elle a ouvert mon dossier au même moment où un fou a ouvert la porte. La charmante Adèle s'est décomposée, son regard cherchant le mien et se demandant si c'est bien réel, puis elle l'a regardé, lui. Un grand maigrichon brun, les bras scarifiés, et les yeux noirs. Sur le moment il m'était incapable de savoir si c'était leur couleur ou bien ses pupilles grossies par la peur, par la folie. 
    « Adèle j'ai besoin d'aide. Faut que tu m'aides. Evan. J'ai besoin de retrouver Evan. Adèle aide moi. »
   Deux hommes l'ont attrapé si fort que j'ai bien cru qu'ils étaient sur le point de le briser. Le temps est passé à une vitesse folle, mais je suppose que dans sa situation, avec deux inconnus qui te tirent vers l'extérieur où un bourreau t'attend un sédatif à la main, ça doit être l'éternité. Alors que je l'avais oublié, la psychologue se lève d'un bond et annonce d'une voix ferme qui met tout le monde au garde à vous :
    « Laissez-le, je le connais, c'est mon patient. Laissez-nous, on va parler. »

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 03, 2020 ⏰

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