Chapitre 18 : Rongé par la haine.

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Avant qu'Evan ne prononce un mot, je lâche d'un ton froid :
   "Quand est-ce  que je peux sortir d'ici ?"
Il ne me lâche pas du regard et vient s'assoir au bord de mon lit.
   "Tu ne peux pas... me murmure-t-il, il y a des choses que tu ne sais pas encore..."
Les voix dans ma tête ont recommencé et la présence d'Evan n'y change rien. La colère du démon intérieur que j'habrite s'est mis à me ronger et sous le regard décomposé d'Evan, j'ai haussé le ton :
   "Mais tu as lu ma lettre. Tu le sais pour... pour Manon. Je veux détruire sa vie ! Arrête de croire que tu peux me sauver, j'pas peur de mourir. Laisse moi aller la voir..."
Il pose sa main sur ma cuisse, puis toujours en murmurant me répond :
    "Je peux te la ramener... Mais toi, tu ne peux pas sortir... Tu es en suivi psychologique... Tu t'es véritablement saccagé. Tu as été harcelé et violé. Tu as été suivi par ta violeuse. Hadriel, réfléchis à ce que tu comptes faire. Adèle et moi, on s'engage à te sortir de là, on est prêt à tout donner pour te faire vivre. Depuis tout ce temps je me suis attaché à toi, je t'ai protégé, j'ai cherché à comprendre, j'ai approché les gens qui t'ont cotoyé, oui j'ai approché ta Manon, mais elle m'a soutenu qu'elle n'avait rien à se repprocher... Quand je te vois maintenant, j'ai envie de la secouer... C'est injuste qu'elle s'en est prise à un gamin comme toi... Tu es devenu mon petit protégé... Je t'en supplie, réfléchis à ce que tu veux vraiment... Ta vie d'enfant a été souillée mais pas ta vie. Pas celle qui s'ouvre à toi."

Je suis resté muet, je n'ai rien à dire là-dessus. Je dois simplement y réfléchir. Je prends sa main dans la mienne et même si ces voix persistaient en moi, je me suis mis à pleurer. Pleurer, depuis si longtemps cette tristesse non évacuée. Evan me prend dans ses bras et me frotte doucement le dos. Mais que fait-il avec une ordure comme moi ? A quoi ça sert de vouloir m'aider ? De vouloir me faire revivre ? En suis-je seulement capable après tout ce que j'ai pu détruire ?

Evan finit par sortir de la chambre sans rien ajouter, a-t-il peur de me froisser encore un peu plus...?
Ce douxième jour touche à sa fin. Je m'endors avec ces voix dans ma tête. Mais mon cauchemar continue... Dans la nuit, ces voix me transpercent le crâne, je sens mes poignets me brûler et cette voix qui recommence : "Tue les. Tue les tous." Je me relève brutalement, un peu trop puisque je suis pris de vertige. Je débranche ces fils qui me retiennent puis je sors de ma chambre. Je marche sans but, les voix persistent. Suis-je devenu fou ?
Puis soudain une infirmière s'approche de moi, me murmure des choses que je ne comprends pas à cause de ce vacarme dans ma tête. Soudain, elle s'approche trop près. Je l'attrape par sa blouse, la plaque violemment contre le mur dans un bruit assourdissant et lui hurle dessus :
     "Mais putain faites moi sortir de là !"
Je la secoue. Sa tête cogne contre le mur. Elle pleure. Je la vois pleurer. Tout se bouscule en moi. J'aperçois le visage de Manon.
Manon dégage d'ici. Pars.
Manon est sous mes mains.
Je la cogne encore plus fort contre le mur.
Crève.
Je peux enfin me venger.
Tu te souviens de ce que m'as fait ?
À ton tour.
Maintenant chiale salope.

Si je revis.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant