Vie d'ado

VIII

Ses yeux perdirent d'éclat, ses jambes flageolantes, son coeur accélérant frénétiquement ; Salem fixa du regard la bouche béante son père Salif qui semblait perdre la langue, son téléphone au sol. Il avança par de pas solides mais d'un rythme lent essayant de décrypter ce regard dangereusement impassible que son fils lui lançait puis s'arrêta à quelques centimètres.

- Fiston depuis quand es-tu ici ? finit-il par lâcher

- Ce n'est pas important ! répondit-il d'une voix bourrue et décidée

Il ravala sa salive et finit par se rendre à l'évidence que son enfant avait tout entendu, ses menaces ont porté ses fruits. Il souffla et fit des pas en arrière en cherchant à tout prix d'éviter le regard lourd de son fils qui n'en démordait pas ; son regard en disait beaucoup qu'il ne le paraisse.

- Fiston calme toi je t'en prie, dit-il en passant ses mains sur sa tète

- S'il y'a une personne qui n'est pas calme dans cet endroit c'est bien toi, papa. Quant à moi, je suis zen. Je veux juste savoir la vérité, qui est ma mère si ce n'est pas Seynabou.

- Fiston si je t'ai caché toute cette vérité c'est parce que j'étais assez contraint et tu étais aussi un enfant pour comprendre ; ne m'en veux pas s'il te plait.

- Est-ce que tu peux dire l'essentiel ? cria-t-il en s'efforçant de garder tout son calme.

- Ta vraie mère est morte, Salem. Tuée par Seynabou, annonça-t-il la voix tremblante

Ces derniers mots l'arrachèrent du chambranle d'où il se tenait fermement, un véritable coup de massue. Il se vacilla à l'intérieur et se posa sur un tablier en tentant d'analyser les dernières phrases prononcées par son père « Ma mère Seynabou n'est pas ma mère, elle a tué ma vraie mère ; c'est quel genre de sottise çà » se demanda t-il intérieurement en secouant la tête. Rien de cela n'était clair dans sa tête, il ignorait ce qu'il ressentait réellement dans son coeur, mais un mal incompréhensif commençait à occuper son coeur. Il regardait son père incrédule, espérant qu'il revienne sur ce qu'elle venait de dire.

- Les plus grosses erreurs de ma vie ont été d'avoir épousé cette sorcière et de l'avoir laissée t'amener, comme je regrette fiston ; s'il te plait je t'en prie de me pardonner ; lâcha-t-il la voix plein de remords

- OU EST MA MERE ? JE VEUX LA VOIR BORDEL DE MERDE, PAPA S'IL TE PLAIT DIS MOI QUE TOUT CE QUE TU VIENS DE ME RACONTER N'EST VRAI, PAPA MA VIE NE PEUT PAS ETRE AINSI.

Son père le tira et le serra fort contre lui, il criait entre ses pleurs ; son papa en trembla. Il venait de regretter carrément de lui avoir annoncé cette nouvelle.

- C'est la raison pour laquelle je n'ai pas voulu te le dire stp calmes toi ! Prie pour elle il n'y a plus rien à faire, sois fort mon fils.

Salem le repoussa en le fustigeant du regard, ses yeux étaient devenus rouges, le visage livide et froissé ; il dégagea d'un revers de main ses larmes salées qui commençaient à piquer ses yeux.

- C'est maintenant que tu peux me demander de prier pour ma mère, Es-tu entrain de te foutre de moi ? cria-t-il

Sans réponse, il se rassit sur le sol en haletant de pleurs. Son père partit dans son armoire et y déroba une photo joliment cadrée qu'il proposa à son fils de regarder. Il l'extirpa farouchement entre ses mains et rata un battement en voyant la femme qui se figurait sur l'image ; on dirait au premier abord lui en féminin tellement ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Elle avait un visage de traits super beaux d'une candeur innocente dans son ample boubou blanc avec le foulard qui couvrait légèrement sa jolie tête simplement coiffée ; il contemplait chaque parcelle de son visage en y parcourant avec son doigt pour chercher à trouver un souvenir mais peine perdue.