Chapitre 4:

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« Cher Sasha, je crois que j'ai fait une bêtise, mais c'est cette routine qui me tue, je crois que je suis un peu trop seule. J'aimerais que tu sois vivant, je voudrais te raconter mes histoires de vive voix. Et te serrer dans mes bras.»

Nous atterrissons encore. Natasha sort de l'avion sans rien dire, elle avance et va se laver. Elle fait ce qu'elle a à faire comme une machine. Je ne veux pas être comme elle pourtant, lorsque je croise Wanda dans un couloir, je ne peux m'empêcher de faire demi-tour et d'aller m'enfermer dans la minuscule pièce que j'ai désigné comme refuge.

J'entends sa respiration saccadée de l'autre côté de la porte, elle pleure.

Elle pleure mais ça ne me fais rien. C'est comme si après toutes ses choses j'étais devenue lointaine, comme si plus rien ne me faisait ressentir des choses. J'ai peur de devenir comme eux tous, juste une machine à tuer sans âme.

Alors, seulement pour être différente, je me lève de mon lit et vais m'adosser contre la porte.

« Je ne t'en veux pas Wanda. »

Je reconnais ses gros sanglots qui explosent de l'autre côté. Au bout de plusieurs longues minutes, j'ai enfin ouvert la porte. Elle s'est jetée sur moi. Et je sens à présent ses larmes chaudes qui ruissellent dans mon cou.

Maintenant, c'est comme si tout était plus clair, je comprends les caractères, les comportements de chacun, c'est comme si leurs mouvements et leurs réactions se mijotaient en avance dans ma tête. J'entends la vision du monde des bons agents du monde, ceux qui ne veulent pas s'attacher, à rien, en fait, au fond, ils n'ont pas peur de mourir, ils ont seulement tous peur du monde qu'ils laisseront quand leur lumière se sera éteinte.

Ils me laissent de nouveau plus ou moins seuls... Eux tous... La plupart du temps, ils partent en mission et je reste ici, dans cette base, sous terre. Je ne sais même pas dans quel pays... Ils ont peur de moi peut-être... Sauf Natasha.

Ils ont dit non pour que je retourne chez les vengeurs, Coulson a dit que je serais plus en sécurité ici, ou plutôt que la terre entière serait plus en sécurité. Je crois qu'ils me prennent pour un monstre. J'ai pardonné à l'équipe. Mais même si ça a pris du temps, ils jouent de nouveau leur rôle à la perfection. Ils me tapent dans le dos, me bousculent dans les couloirs, me taquinent... Je ne dors plus la nuit. Je ne serais dire s'il s'agit d'un choix ou d'une fatalité. Je suis trop occupée à réfléchir sur mon inutilité dans ce monde. Il me faut du temps. Il faut que je parte. Je ne deviens qu'une machine qui rêve de rêver.

Chaque nuit, penser devient plus difficile, il faut que je m'en aille. Je ne peux plus rester ici survivre à tout jamais. J'ai besoin d'aventure, d'action. Coulson a engagé des agents pour tenter de me divertir, pour que je me défoule, mais je crois que c'est surtout pour éviter que j'explose. Et c'est ce soir que je fuguerais. Il y a une mission pour Paris dans la soirée. Je m'en vais... au moins pour quelques jours... Je veux voir le ciel. C'est une requête légitime. Je crois... J'ai peut-être raison.

Alors, dans l'obscurité, je sors, je traverse, les couloirs, invisible, je suis un fantôme. Chaque jour de plus ici m'enfonce encore plus profond dans ma tombe. Je grimpe dans le jet. Je me glisse entre des cartons qui n'ont pas été débarrassés après une livraison d'armes.

Puis je ferme les yeux, priant je ne sais qui pour que l'avion décolle au plus vite.

Entre le stress, l'envie, l'attente, je me laisse surprendre lorsque des hommes rentrent dans l'engin.

Nous décollons presque aussitôt. Mon ventre se contracte, mon cœur bat plus vite. De l'adrénaline. Enfin. Je sens du sang chaud envahir mes joues, je suis vivante. En à peine deux minutes, nous atterrissons de nouveau, la porte s'ouvre, je fonce à l'extérieur. Nous sommes sur un toit.

MAYAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant