MAYA

Chapitre 14:

« Cher Sasha... J'aimerai te serrer dans mes bras, de toutes mes forces... On ne trouve pas souvent des amis comme toi... Ou que tu sois, je t'emmène avec moi... Et... Je ne te mettrais jamais en danger. »

Je suis dans le bus. Je regarde ma chemise, le sang traverse le tissus en le maculant de grosses auréoles rouges. J'essaie de penser à autre chose. J'écoute de la musique.

Agnan m'envoie des messages. Nous allons finir notre discussion, samedi, chez Queen. Et nous verrons comment affronter Lewis sans nous attirer de problèmes.

Je pense à Natasha, j'espère qu'ils viendront me chercher, avec Ali... Et les filles... Ce serait mieux, pour nous toutes... Je leur fais confiance, ils viendront nous cherchez... Il leur faut juste du temps... Encore du temps.

Je marche seule pour rentrer à la maison, je goûte, je travaille, puis je vais courir, dehors, à la lisière de la forêt qui entoure la maison de papa.

Le soir, je ne dors pas, il fait très chaud alors je reste à la fenêtre, je regarde le ciel et le pollen qui tombe des peupliers. Je les attends. Je sais qu'ils viendront un jour.

Il est 10h du matin, Agnan vient me chercher pour m'emmener chez Queen. Nous y serons toutes réunies, sauf Ali, je ne sais pas si c'est ses parents qui lui interdisent ou si elle n'a pas besoin d'en savoir plus. J'ai mis un bandage sur mon avant-bras pour cacher les marques de monsieur Lewis, j'ai décidé de me taire pour le moment, mais dès que j'aurais un moyen de le faire tomber, je n'hésiterais pas une seule seconde.

La mère de Queen nous ouvre la porte, elle nous salue chaleureusement puis nous invite à rejoindre les filles qui sont déjà dans la chambre.

« -Maya ! Agnan ! On vous attendait... Vous êtes prêtes ?

-Oui... J'attends ça depuis hier après-midi. Je chuchote.

-Va s'y Agnan, je pense qu'il va falloir lui montrer. Demande Sol, Agnan me regarde droit dans les yeux, ils ont une couleur toute à fait particulière, du bleu mêlé au jaune et au vert.

-Maya ? Ne prend pas peur, tu vas me donner les mains et fermer les yeux okey ? Je t'emmène dans mes souvenirs. Je m'exécute en silence. Mon flux d'énergie glacée m'envahi, il s'empare de moi, sans que je puisse le maitriser, je ferme les yeux puis j'ai cette étrange sensation de chuter. Lorsque j'ouvre les yeux de nouveau nous sommes à Paris. Je suis avec Agnan, elle me parle mais ses lèvres ne bougent pas. C'est comme si elle s'adressait directement à l'intérieur de moi.

-Regarde Maya, nous sommes là, tu vois ? Je t'ai emmené là où tout a commencé.

-Je ne me souviens pas de cette journée dis-je à son intention. En me voyant marcher avec mes amies sur le trottoir.

Elles peuvent nous voir ?

-Non Maya, ici nous sommes comme des fantômes.

-Pourquoi je ne me souviens pas de cette journée ? Je l'interroge de nouveau.

-Il s'est passé quelque chose. Regarde, nous entrons dans le bar. Sans avoir à marcher nous sommes transportées à l'intérieur. Les voix sont claires, nous parlons et marchons, Klo demande à aller aux toilettes, étrangement nous la suivons toutes. Nous descendons un escalier en colimaçon sans fin. Les murs sont en pierre froides et la luminosité diminuent au fur et à mesure que nous nous enfonçons au cœur des ténèbres.

-C'est quoi cette endroit Agnan ? Je lui demande en me regardant descendre les escaliers.

-C'est tout le problème, j'y suis retournée et l'escalier a été condamné. Regarde, nous arrivons. L'escalier débouche sur une salle, vide, entièrement en pierre. Ali demande inquiète ce qu'il se passe, je vois la peur sur nos visages, mais lorsque nous entreprenons de faire marche arrière l'escalier à disparu. Je nous vois nous blottir les unes contre les autres, Queen peste, Agnan et Klo sont au bord des larmes, je tremble en prenant la main de Vicki. Puis le sol tremble, encore, de plus en plus fort, un bruit sourd retenti puis nous perdons connaissance. Agnan reste la plus longtemps éveillé, mais lorsqu'elle ferme les yeux à son tour, la pièce s'efface. Elle ne réapparaît qu'une fraction de seconde, une boule de lumière approche vers Agnan, en flottant dans le vide. Lorsqu'elle tend le bras, tout s'efface à nouveau. Nous sommes de retour dans la chambre de Queen.