Dangereuses vérités

Attente

Je ne saurais dire combien de temps mes yeux restèrent figés dans ceux de l'homme mort. Après avoir recraché tout ce que j'avais dans l'estomac, mes membres s'étaient tous mis à trembler sans que je ne puisse les contrôler, comme si j'avais bu beaucoup trop de café.

Une voix masculine me sortit de mes sombres pensées.

-C'est effrayant n'est-ce pas? De constater à quel point ça peut être facile de supprimer une vie. Il suffit de si peu de choses.

-Taisez-vous, murmurais-je à l'intention de Sélivéni entre deux tremblements.

-Ne t'en fais pas, tu t'y fera petit à petit et tu viendras même à aimer ça, continua-t-il toujours souriant.

-Pourquoi m'avez-vous demandé de faire... ça?

-Dis toi que c'était ton test d'entré dans l'entreprise. Il fallait que je vois ce que tu avais dans le ventre... Et je peux te dire que tu as quand même de sacré couilles.

-Un homme est mort...

-Pour l'instant tu es encore sous le choc c'est normal, mais c'est toi qui l'a tué et tu peux être fière car c'est à présent officiel tu es mon nouveau second. Je vais donc avoir besoin de toi un peu plus souvent que ce que j'avais prévu... Mais si j'ai bien compris tu es encore au lycée... Je vais être clément avec toi et te laisser finir tranquillement ton année et tu ne viendras travailler que le soir, ici.

Je hocha la tête en signe de compréhension, incapable de sortir un son. J'étais en effet sous le choc des évènement mais j'étais aussi ébranlé par la manière dont Sélivéni prenait tout cela à la légère. Il détourna alors ses yeux de moi pour les tourner sur ses gardes du corps.

-Sortez le et rendez lui son arme.

Le plus costaud des deux m'empoigna pour me sortir jusqu'à la grande porte que j'avais franchis en entrant dans l'immense bâtiment. Je n'eus même pas besoin de marcher puisque mes pieds ne touchaient même pas le sol.

On me déposa devant la grande allée qui me séparait de ma voiture tandis que l'autre me rendit mon revolver qu'il avait quand même pris la peine de vider.

Tout le long du chemin, les flash de Killian mort sur le sol s'entremêlèrent avec ceux de ma mère, pointant une arme devant un cadavre.

Arrivé devant mon véhicule, une phrase que j'avais jusqu'à maintenant rejeté, n'osant même pas la penser, résonna dans ma tête.

J'ai tué Killian...

Mes jambes se dérobèrent et je me retrouva à genoux sur le gravier, pleurant toute les larmes de mon corps. Quand je repris finalement mes esprits, je me souvins alors que Louise était toujours allongée sur la banquette arrière de la voiture. Quand j'ouvris la portière pour voir dans quel état elle se trouvait, ses yeux s'ouvrirent et plongèrent dans les miens.

-Nath? Où suis-je?

-Dans ma voiture.

-Mais... Que s'est-il passé? Et pourquoi mes bras et mes jambes me piquent... ainsi que mes côtes?

-Tu ne te souviens de rien? demandais-je

Elle se tu un instant et ses yeux s'écarquillèrent.

-L'homme... Il disait s'appeler Killian...

-Ne t'inquiète pas. Tout va bien tu es hors de danger, tentais-je de la rassurer.

-Mais comment as-tu su que j'étais en danger?

-Je t'expliquerais ça une autre fois. Pour le moment je dois t'emmener en sécurité.