Chapitre 3

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Le lendemain, Leeroy se réveilla dans sa couche et s'étira, un sourire déjà sur les lèvres. Il avait assez bien dormi, et il devait avouer que le confort qu'offrait sa cabine de capitaine n'était pas pour lui déplaire. Il avait droit à un lit prenant presque toute sa cabine, de taille modeste pour restreindre les mouvements causés par la houle, mais assez large pour accueillir une seconde personne. L'endroit était clos pour lui garantir son intimité. Ses quartiers quant à eux étaient faits dans un bois sombre verni et lourd. Le sol était incliné pour laisser couler l'eau qui s'égouttait à certains endroits, donnant à l'air une certaine humidité. À vrai dire, ce n'était peut-être pas grand-chose, mais Leeroy n'était pas particulièrement habitué à un tel luxe. Bien sûr, il avait déjà fréquenté des lieux sur l'île qui se voulaient chics lorsqu'une coquette somme volée le lui permettait. Mais étant d'un naturel dépensier et joueur, il n'avait eu que peu l'occasion de s'y attarder très longtemps.

Toutefois, il avait pris sa décision. Il était à présent temps pour lui de se retirer sur une autre île, une île moins puante et moins sordide sur laquelle il s'offrirait une retraite anticipée. Et tout cela devrait être possible une fois son plan mis à exécution. Rêvant une nouvelle fois éveillé, son sourire s'élargit et il ajusta sa chemise de nuit qu'il avait trouvée dans une commode richement ornée.

Quand tout à coup, son regard croisa deux yeux sombres et terrifiants, faisant rater un battement à son cœur.

Darius se tenait là, à côté de sa couche, les bras croisés et une aura menaçante tout autour de lui.

— Tu as assez dormi, debout, gronda le chef de garde.

Leeroy feignit aussitôt un air offusqué et plaqua par réflexe une main sur le décolleté de sa chemise mal fermée.

— Comment oses-tu pénétrer la cabine de ton capitaine sans même t'être annoncé ? interrogea-t-il en forçant sur le timbre aigu de sa voix.

Darius leva les yeux au ciel et soupira longuement avant de faire un peu plus grincer le cuir de ses vêtements en serrant les bras.

— Premièrement, je dors dans la cabine juste à côté de la tienne. Deuxièmement, sache que je garderai sans cesse un double des clés de cette porte. C'est ainsi, une mesure de sécurité supplémentaire.

Cette fois-ci, ce fut au tour de Leeroy de lever des yeux pleins d'ironie. Une simple clé lui semblait bien inutile pour assurer leur sécurité sur un navire rempli de pirates et d'anciens bagnards. Toutefois, il s'abstint de relever ce fait et d'affronter à son réveil le chef de garde au caractère difficile.

— Tu aurais au moins pu attendre que je sois habillé.

— Justement, enfile ça et rejoins-nous sur le pont. Le navire doit bientôt lever l'ancre.

Darius saisit une pile de vêtements qu'il avait dû poser précédemment sur la commode et la jeta sans ménagement au visage de Leeroy. Celui-ci tenta de dissimuler sa colère et étira ses lèvres en un sourire forcé avant de se rendre compte que le chef de garde venait de lui donner un somptueux manteau rouge orné de broderies en fil d'or, d'un pantalon noir fabriqué dans un tissu souple et doux, ainsi qu'une chemise blanche dont le col pouvait se lasser.

— Mais qu'est-ce que... ?

Le capitaine du Baradkhan Fortune se doit d'avoir une prestance et une tenue irréprochable qui fait écho à la force et la robustesse du navire. Ordre du Roi, coupa Darius en crachant presque la dernière phrase.

Lorsqu'il ferma la porte derrière lui, Leeroy abandonna son sourire forcé pour afficher une grimace ennuyée.

Toutefois, l'étoffe rouge entre ses mains lui fit presque oublier le caractériel chef de garde.

Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des MeidhirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant