Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des Meidhir

Chapitre 13

Ils s'étaient accrochés aux cadènes soutenant les haubans comme ils purent en faisant attention à rester les plus discrets possible. Par chance, le pont était peu animé en cette heure. Nombre d'entre eux étaient soit prisonniers, soit trop occupé à surveiller les captifs. L'effectif du navire était réduit et Leeroy eut un frisson en imaginant qu'il avait pu y avoir des morts.

Darius avait eu le temps de bien connaître leur embarcation. Avant leur voyage, il avait étudié les plans et une fois à bord, il s'était attelé à joindre la théorie à la pratique en mémorisant dès les premiers jours chaque recoin du navire. La stratégie s'était avérée payante puisqu'il savait aujourd'hui que seulement trois espaces étaient prévus pour être reconvertis en geôles. Une fois dehors, il avait rapidement identifié l'emplacement de sa propre cellule et il savait parfaitement où se trouvait la prochaine qui n'était pas trop difficile d'accès par la coque. Leeroy l'avait suivi sans broncher dans leur marche lente et périlleuse avec pour seules prises quelques cordages ou sabords mal fermés. Par chance, ils étaient tous les deux plutôt agiles.

Une fois à l'intérieur, ils devaient faire vite. Leeroy remercia silencieusement Darius de s'être montré discret cette fois-ci. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les trois gardes étaient allongés au sol, inconscients. Leeroy avait à peine vu les minces filets d'eau qui étaient venus s'abattre sur les pirates, rassuré de voir que Darius était à nouveau d'aplomb. Ils s'arrêtèrent quelques instants à l'affût du moindre bruit d'alerte, mais rien ne vint. Ils se remirent aussitôt en route, longeant discrètement les cursives obscures en direction des geôles.

Une fois arrivés devant celles-ci, ils comprirent pourquoi les gardes se tenaient si loin. Ils devaient certainement craindre le pouvoir de leur prisonnier, mais aussi, il n'y avait pas grand-chose à surveiller, les Mariids semblaient tous inconscients étendus au sol.

— Ils sont... ? commença Leeroy.

— Non, sinon il n'y aurait aucune raison pour eux de les tenir enfermés dans des cachots.

Leeroy dut reconnaître que sa question était stupide. Il observa Darius s'agenouiller le plus près possible des Mariids.

— Où est le Roi ? demanda Leeroy.

La pénombre n'aidait pas à l'identification des corps allongés.

Leeroy fit quelques pas pour longer les nombreuses cellules qui bordaient la cursive. Dans la dernière, il vit enfin Farhang Navdar, inconscient lui aussi, mais solidement attaché au niveau des mains, des pieds et du cou. Cette vision amoindrie du monarque fut douloureuse pour Leeroy qui ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité.

— Je l'ai trouvé. Il est inconscient lui aussi, informa Leeroy. Que leur ont-ils fait ?

A quelques mètres de lui, Darius faisait virevolter des jets d'eau qui venaient caresser doucement le visage des Mariids endormis.

— A en juger par l'odeur, ils ont été drogués. Cela ressemble à du Vaara, un des composants de la boisson de la prêtresse lors de la célébration d'Azhan.

La mine du chef de garde s'était assombrie, Leeroy l'avait bien remarqué.

— Qu'y a-t-il ?

Darius fronça un peu plus les sourcils en signe d'inquiétude.

— C'est étrange... Je me demande qui parmi les Hommes a réussi à se procurer du Vaara. À ma connaissance, il y en avait seulement dans les réserves de la prêtresse.

— Un traître ? osa demander Leeroy.

Lorsque le chef de garde tourna son regard sévère sur lui, il s'attendait à ce qu'il lui rappelle que lui aussi n'était qu'un traître. Mais à sa surprise, il n'en fit rien.