Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des Meidhir

Chapitre 22

Au bout de plusieurs jours de traversée en pleine mer, Leeroy avait considérablement vu ses compétences en lecture s'améliorer. Il fut heureux de constater que la tâche se révéla moins ardue que prévu. À présent, les lettres n'étaient plus des symboles cabalistiques et les syllabes perdaient de leur ésotérisme. Il ne lisait toujours pas avec la plus grande aisance, mais ses progrès le motivaient à persévérer dans son apprentissage de la langue commune.

Comme prévu, Darius était plutôt bon professeur. Il avait même été d'une humeur joyeuse face à la progression notable de Leeroy. Ce dernier était plutôt ravi d'avoir su maintenir une motivation constante et ne s'était pas laissé abattre par les nombreux obstacles.

Écrire avait été une tout autre histoire. Il s'était essayé à cet art à quelques reprises, mais avait vite déchanté face aux difficultés. Darius et lui avaient convenus qu'ils laisseraient tout cela pour plus tard, lorsque la lecture serait devenue fluide et naturelle.

Assis dans leur bureau comme à leur habitude, Darius entrainait Leeroy à la lecture, encore et encore. Leeroy aurait pu trouver les leçons répétitives, mais il s'estimait plutôt heureux de pouvoir apprendre et de passer par la même occasion plus de temps avec Darius.

Il préférait également ne plus insister avec l'omerta qui régissait les coutumes Mariides, ou évoquer l'Hurleblast. Il aimait conserver une ambiance agréable lors des leçons. Darius paraissait assez nerveux à l'approche de l'archipel Halis et Leeroy ne voulait pas risquer d'aggraver la situation.

— Très bien, je pense qu'il est temps.

Darius avait accompagné ses paroles par un lourd poing posé sur le bureau. Leeroy, qui venait à peine de terminer sa lecture, sursauta légèrement et leva les yeux vers le Mariid.

— Temps pour quoi ?

— Pour lire L'Épopée et récit de voyage merveilleux de Gwynfor Warwick et Cerys Trahern en haute mer.

— S'agit-il du titre exact du livre ? Pas étonnant que je n'avais pas réussi à le lire.

— Le livre est assez connu chez les Mariids et l'ouvrage offert par Meihri Daeaa est de très bonne facture.

Leeroy eut un sourire espiègle.

— Tu es jaloux ? Tu aurais voulu que ce livre te revienne ?

— Mais pas du tout ! s'emporta Darius.

Lorsqu'il croisa le regard de Leeroy, il comprit bien vite qu'il n'était pas sérieux dans son accusation et qu'il cherchait simplement à l'asticoter. Il laissa échapper un profond soupir lassé.

— Je ne tire aucun plaisir à posséder des biens matériels, mais les histoires renfermées dans ce livre... Elles ont une valeur inestimable, même si certains récits sont plus allégoriques.

Leeroy voyait à nouveau cette étincelle éclairer le regard de Darius à chaque fois qu'il mentionnait les aventures vécues par ses parents.

— Bon, commençons ? s'impatienta Darius.

Leeroy rit doucement devant l'empressement dont le Mariid faisait preuve. Nul doute qu'il était passionné.

Darius tenait le livre entre ses mains et tourna les pages comme s'il manipulait un nourrisson. Leeroy dut s'empêcher de pouffer devant les gestes méticuleux. Le Mariid avait totalement accaparé l'objet et Leeroy n'avait pas le cœur à le lui reprendre des mains. Surtout, de cette façon, il devait se rapprocher bien près de lui pour pouvoir commencer sa lecture. Il s'exécuta sans plus attendre, épaule contre épaule, le visage si proche de Darius, il se mit à lire. Contre lui, il sentit le corps du Mariid se raidir, mais il ne dit rien.