Chapitre 6

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Deux longues et interminables journées passèrent sans que la moindre once de vent ne vienne s'écraser contre les voiles du Baradkhan Fortune. Le manque d'eau et l'absence de mouvement sur la surface de l'eau eu tôt fait de miner le moral des marins. Même Leeroy dans sa cabine de capitaine commençait à ressentir le poids pesant de la soif. Pourtant, il était habitué à ne pas manger à sa faim et à s'endormir avec la gorge sèche. Toutefois, l'expérience ne s'était jamais vraiment révélée agréable.

Puis, à l'aube du troisième jour, l'espoir vint renaître dans le cœur de l'équipage lorsque la grand-voile se mit à vibrer légèrement. Un marin s'était alors écrié et tous tournèrent la tête vers le mât, avant de ressentir enfin le souffle tant attendu effleurer leur visage. Le vent était enfin revenu, comme l'avaient prédit les météorologues Mariids.

Pris par l'effervescence générale, Leeroy gravit les marches du gaillard avant pour profiter de la brise légère qui venait faire danser ses cheveux. Toutefois, les marins assoiffés avaient perdu de leur force, et leur joie était mesurée. Il fallait encore s'assurer que le navire n'avait pas trop dévié de sa trajectoire, et que l'île qui était initialement prévue pour y faire leur première escale ne s'était pas trop éloignée.

Immédiatement, Darius conseilla à Leeroy de réunir le conseil des officiers. Il ne tarda pas à donner l'ordre aux marins influents sur le navire de prendre place dans le carré des officiers pour discuter de leur voyage.

Les officiers qui détenaient les plus grandes connaissances maritimes étaient sans surprise des Mariids. Ils n'avaient pas été nombreux à monter à bord, à cause de la maladresse de leur souverain, en avait conclu Leeroy. Ils étaient bien peu pour protéger le monarque en cas d'attaque ou de mutinerie. Et Leeroy savait combien cette dernière menace était réelle.

Les Mariids n'étaient qu'une quinzaine. Il y avait la garde rapprochée du roi, quelques membres de sa cour, deux météorologues et une navigatrice, Meihri Daeaa. Ses cheveux étaient coupés courts et elle portait un uniforme bleu marine orné de complexes motifs marins.

La navigatrice déploya sur la table une carte maritime faite dans ce papier si propre aux Mariids, façonné à partir d'algues rares. Elles donnaient au papier cet aspect verdâtre, qui était également synonyme de luxe dans le monde des Hommes. Ce type de papier était utilisé pour signer des accords importants. Ici, la carte était riche en informations, la calligraphie était soignée et le dessin travaillé. Nul doute que Farhang Navdar s'était entouré de peu de monde, mais des meilleurs dans leur domaine.

— Par chance, nous n'avons pas beaucoup dévié, dit-elle pour informer l'assemblée. Nous n'avons perdu qu'une dizaine de miles, tout au plus. Notre prochaine étape reste donc l'île des Hommes de l'Est, Daghan.

Leeroy connaissait cette île de réputation. Elle abritait le savoir des Hommes. Il avait entendu des histoires concernant la plus grande bibliothèque de leur peuple. Il n'était pas étonnant que le premier ravitaillement eût été prévu sur un territoire allié et hospitalier.

Darius, assis à la droite de Leeroy, continuait de lui souffler des conseils quant aux ordres à donner. Le nouveau capitaine trouva donc tout naturel de mettre les voiles vers l'île de Daghan sans plus perdre de temps.

Le voyage dura encore une demi-journée. Lorsque la terre pointa à l'horizon, l'équipage poussa à nouveau un cri de joie. Une double ration d'eau potable fut accordée aux marins qui purent enfin étancher leur soif.

Lorsqu'il mit enfin pied à terre, Leeroy était totalement admiratif. L'architecture de l'île était d'une beauté incroyable. À leur arrivée, un phare noir et or les accueillait. Un escalier torsadé entourait la tour qui se dressait fièrement sur un petit îlot.

Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des MeidhirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant