Chapitre 10

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Le vent s'était levé et le tangage du navire devenait déplaisant. Sur le pont, Leeroy vit quelques marins abandonner leur déjeuner par-dessus le bastingage. Il s'étonna de ne pas être lui-même victime de nausées.

Après sa conversation de la veille avec Edoma, Leeroy avait été pris de violents maux de tête. Il ne s'était pas attendu à rencontrer des problèmes aussi épineux lorsqu'il avait élaboré son plan pour s'emparer des bijoux royaux. À vrai dire, il n'aurait jamais pensé être impliqué de la sorte. Leur voyage durait depuis plus de deux semaines déjà et il avait appris à en savoir plus sur le légendaire peuple des Mariids. Il s'était attendu à ce qu'ils soient plus sanguinaires, plus impitoyables, comme avaient l'air de le faire sous-entendre les Hommes. Mais il s'était aperçu qu'ils pouvaient également être amicaux, prévenants, drôles. Leur goût prononcé pour les aventures rendait leur conversation fascinante. Enfin, il y avait bien Darius. Il était plus à l'image des Mariids dépeints par les Hommes.

Leeroy laissa échapper un soupir. Il aurait aimé savoir ce que Darius lui cachait avant de quitter le navire, mais l'heure était grave. La mutinerie était imminente et il lui fallait mener son plan à exécution au plus vite. Pas celui d'Edoma, il ne pouvait s'y résoudre. À la place, il allait dérober les biens royaux et fuir tous ces problèmes. Il s'était décidé à agir pendant la nuit. A présent, il connaissait les quartiers du Roi. Il pourrait y accéder par la poupe.

Alors qu'il passait en revue son plan dans sa tête, il sentit une présence à ses côtés. Il sortit de ses pensées et se tourna vers le Roi qui contemplait la mer.

— C'est étrange, aucun de mes météorologues n'a prévu cette soudaine levée du vent, lui dit-il.

Leeroy reporta son attention vers la houle plus tumultueuse que les jours précédents.

— À présent, nous allons plus vite, fit remarquer Leeroy.

Le Roi se tourna alors vers lui et lui accorda un sourire. Gêné et surpris, Leeroy détourna aussitôt le regard.

— Tu es un éternel optimiste, Leeroy. Tu tiens sans doute cela de ta mère.

Décidemment, il ne savait pas qui du Roi ou de Darius était le plus fasciné par ses parents.

— Mon Roi, comment cela se fait-il que vous en sachiez autant sur mes parents ? demanda Leeroy. A Stingray Enclave, je n'ai pas vraiment eu vent de leurs exploits. Les brefs échos que j'ai entendus à leur sujet étaient pour le moins méprisants.

Le monarque reprit son air stoïque et secret.

— Cela ne m'étonne guère, répondit-il. Tes parents sont à l'origine de la Rébellion. Toute la région d'Uriann était au bord de la guerre civile. Le peuple en avait assez de la soudaine montée de la corruption dans les plus hautes sphères du pouvoir. Tes parents étaient partis en mers pendant de longues années et à leur retour, ils ne reconnaissent plus leur île. Ils se sont joints à la résistance et ta mère a même fini par commander ce qui allait devenir la Rébellion. Après tout, elle était commandante de la garde de la mer de Gravos et beaucoup d'hommes étaient déjà sous ses ordres. Mais la suite, tu la connais. La Rébellion a été écrasée et la corruption a fini par gagner tous les recoins d'Uriann. Les noms des résistants ont été rayés de l'histoire de l'île à tout jamais.

Leeroy savait qu'une guerre civile avait frappé la région d'Uriann, là où se trouvait la ville de Stingray Enclave. Toutefois, il n'en connaissait pas les détails puisqu'elle demeurait étrangement taboue.

— Avec tout cela, votre opinion sur les Hommes semble toujours aussi peu entachée, remarqua Leeroy.

Un nouveau sourire réapparut sur les lèvres de Farhang Navdar. Il était indéniable que sa beauté était saisissante.

Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des MeidhirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant