Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des Meidhir

Chapitre 12

Les hommes de main d'Edoma Galderon avaient entassé les prisonniers dans la cale. D'étroites coursives les séparaient, de sorte qu'il était impossible de se faire une idée exacte de l'emplacement de tous les Mariids et des résistants. Certains, sans pour autant prendre le parti des Mariids, s'étaient naturellement opposés aux pirates, conscients que leur sort ne serait sans doute pas préférable s'ils avaient rejoint la mutinerie.

C'est ainsi que dans une cellule pas plus grande qu'un petit cellier, les grondements de la voix de Darius se faisaient entendre. Le cachot était gardé par un homme aux allures d'ivrogne et par une grande femme bedonnante à la mine féroce. Au son de la troisième cloche, la femme revint avec deux bouteilles de rhum Yarvih, un alcool reconnu pour être particulièrement fort.

Sans surprise, il ne fallut pas attendre plus de deux heures avant que les deux geôliers ne soient à moitié ivres morts. Ils riaient bruyamment et plus aucun son intelligible n'émanait de leur bouche, seulement des râles vaguement contestataires.

Un grand bruit fit soudain se saisir Darius. Le premier garde tomba à terre dans un bruit sourd. L'autre n'eut pas le temps de réaliser qu'une planche en bois dur vint s'écraser sur son crâne.

— Qu'est-ce que... ? s'étonna Darius.

Sortant de derrière quelques barillets vides, Leeroy se dressa fièrement, la clé de la cellule à la main.

— Toi ?! s'écria Darius. Mais qu'est-ce que tu viens faire ici ?

D'un geste rapide, Leeroy invita le Mariid à baisser d'un ton.

— Tais-toi, imbécile ! Tu vas nous faire repérer avec ta grosse voix...

— Qu'est-ce que tu fais là traître ? répéta Darius.

La formule employée par le chef de garde fit naître un pincement désagréable dans la poitrine de Leeroy. Il affaissa quelque peu ses épaules et son sourire triomphant disparu. Puis, dans un regain de fierté, il gonfla le torse et reprit un air victorieux.

— Tout cela faisait partie de mon plan pour vous sauver, bien évidemment !

Il mentait. Darius, comme à chaque fois qu'il ne disait pas la vérité, allait sans doute le remarquer. Il ne comprenait pas pourquoi ses mensonges avaient si peu d'effets sur le Mariid.

— Contente-toi d'ouvrir avant que...

Darius n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Leeroy ne vit que son visage paniqué avant de sentir le canon d'un fusil contre sa tempe. Totalement désarmé, si ce n'est sa planche en bois, il leva les mains et abandonna son arme blanche.

— Ben tient, qui voilà, susurra une voix grasse derrière lui. On se demandait justement où était passé notre bon vieux capitaine. Puisque tu aimes tant copiner avec ces créatures, tu vas passer un petit moment avec lui avant que le capitaine Galderon ne décide de ton sort.

— Allons, mon ami, pas besoin d'en arriver...

Mais Leeroy fut interrompu par un violent coup dans l'estomac qui le fit chanceler. L'homme derrière lui s'empara des clés qu'il avait réussi à dérober et ouvrit la porte de cellule. D'un coup de pied donné sans ménagement, il poussa Leeroy à l'intérieur et referma aussitôt leur geôle.

Puis, l'homme appela un autre pirate et ensemble ils dégagèrent les corps des deux précédents gardes assommés par Leeroy.

Après de longues minutes passées enfermé, Leeroy se rendit vite compte à quel point son plan ne tenait pas la route. Pourtant, c'était le seul auquel il avait réussi à penser pendant qu'il ramait sur sa chaloupe en direction de la frégate. Il se demanda si le soleil n'avait pas eu raison de son esprit.