FIGHT FOR US 3

21. LUCIE

Je n'ose pas retourner vers lui. J'ai l'impression d'avoir brisé cet instant magique. De toute façon, je suis douée pour briser les choses, pour briser les gens un moment ou un autre. Alors que je respire un bon coup, pour me donner du courage à cette discussion, je sens la main chaude de Samuel se refermer sur le bas de mon dos. Sa chaleur est apaisante et réconfortante. Je me surprends même à espérer qu'il m'entraîne dans un autre orgasme. Sauf qu'il est temps qu'on s'explique sur les évènements de ce matin et de la semaine dernière. Je ne peux pas rester silencieuse alors que je sens les ennuis arriver.

Samuel se relève d'un coup, prêt de moi. Il demeure silencieux et suspicieux pendant de longues minutes, avant de m'obliger à me retourner. Avec l'aide de ses bras et de ses nombreuses séances de musculations je présume, il arrive à me soulever pour me faire asseoir sur ses jambes nues. Mes pieds se croisent contre son fessier, ainsi que mes bras autour de sa nuque, tandis qu'il me tient fermement par la taille. Nos yeux se font face. La couverture est derrière nous, exposant fièrement notre nudité. De ce côté là, Samuel a moins de mal à se montrer que moi.

— Je commence ? il demande, avant de froncer les sourcils. Peut-être que tu veux commencer, excuse-moi ?

Je hausse les épaules maladroitement.

— OK, je me lance. Alban m'a appelé plus de cent fois, parce qu'il s'en voulait. Mais j'ai coupé court, enfin du moins c'est ce que je croyais, le jour où tu es venues me proposer une séance de défense. Je lui ai clairement dit que je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui, qu'il avait attenté à ma vie et que je ne voulais plus d'appel de sa part. Mais il faut croire qu'il ne m'a pas écouté, l'autre jour. Je m'excuse, je ne pensais pas que...qu'il m'appellerait.

Samuel passe une de ses mains dans mes cheveux, pour remettre une de mes mèches blondes derrière mon oreille.

— Je te pardonne, et je m'excuse d'avoir été froid avec toi ce soir là. J'étais jaloux.

Sa sincérité me touche, si bien que je lui donne un léger baiser.

— C'est la vérité et je n'ai pas honte de le dire, j'étais vraiment jaloux. Et puis, j'avais peur que tu replonge dans cette spirale infernale avec lui. Tu me jures que tu n'as plus de nouvelles maintenant ?

Je fronce méchamment le nez.

— Il m'a envoyé un message douteux, je lance. C'était dans la même journée.

Je me dépêche de préciser. Samuel plisse légèrement les yeux, m'encourageant à continuer sur ma poussée. En déglutissant difficilement, je laisse mes doigts jouer avec ses petites mèches qui lui coulent sur le cou.

— Il m'a fait ses adieux, et j'ai un mauvais pressentiment.

Samuel fronce les sourcils.

— C'est une bonne chose que les adieux soient mis sur la table. Mais quel mauvais pressentiment ? Si tu penses qu'il va revenir pour retenter sa chance encore une fois, et te séquestrer pendant plusieurs semaines, tu peux respirer sereinement. Je suis là.

Ma main droite vient dessiner le contours de ses abdominaux sur son ventre, je taquine même son nombril, avant d'effleurer son tatouage au dessus de son coeur. J'ai soudainement envie d'embrasser chacune des lettres qui le constitue, mais je m'abstiens.

— Je suis ton copain maintenant, certes, mais je suis avant tout, ton éclaireur et jamais je ne le laisserai revenir dans ta vie. J'ai trop peur que le coup parte de lui même.

Je grimace. Samuel est tellement sérieux.

— Autrement, ton épaule ?

Il commence à me masser, tranquillement. Pour cette question, je donne ma langue au chat. J'ai gardé mon attelle pendant deux jours seulement ou à peine. Mon épaule ne me fait pas mal, mais je sens encore la tension à l'intérieur.