Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept... Sept jours que je n'avais pas vu Pennywise. Chaque jour, depuis notre "dispute" (Pouvons-nous réellement appeler ça une dispute? Je ne voulais juste pas qu'il me donne encore un ballon rouge.), j'allais voir s'il était là dans l'égout. Mais il n'y était pas. Je commençais à m'inquiéter. Où était-il, bon sang?
Je demandais à tout le monde. Ma mère, la bibliothécaire, le policier, des enfants qui passaient par là... j'ai même demandé à un chien errant s'il n'avait pas vu un clown dans les parages. Tout ce qu'il me répondit fut des aboiements. Personne n'avait vu un clown dans les parages. Ça commençait à devenir sérieusement inquiétant.
Et s'il avait déménagé? Sans me prévenir? Moi, Amandine, sa tendre et chère amie? (Il m'appelait comme ça, sa "Tendre et Chère amie".) Je ne comprenais pas... avait-il mal pris à ce point que je n'accepte pas son don de ballon? Ou que je lui dise qu'il commençait à perdre la tête?
J'alla m'asseoir sur un banc et mis ma main sur mon front en pensant au pire. Ça commençait à me donner la migraine toute cette histoire.
Je pensais... aux conséquences. Aux conséquences que mon refus de son ballon pouvait faire. J'imaginais Pennywise, déprimé. Rongé par la colère et la déception du fait que je n'ai pas pris son ballon. Un Pennywise au cœur brisé et meurtri par le chagrin d'une non-acceptance... (Est-ce que ce mot existe? Je n'en suis pas sûre... bref.) D'une non-acceptance de son cadeau qu'il voulait m'offrir. Je le voyais pleurer de haine et donner un coup de pied à une poubelle traînant par là. (Y a-t-il des poubelles dans un égout?) Je le voyais regarder une photo de moi et se dire à lui-même: "Amandine... ma tendre et chère amie. Tu m'as déçu. Je ne veux plus jamais te revoir. Pour ça je vais déménager."
Toutes ces pensées bien évidement n'était que le fruit d'une fantaisie. Je ne pense pas que les choses s'étaient passées comme ça... Mais qui sait? Pennywise n'était pas là, c'était sûr. Peut-être était-il là mais qu'il ne voulait pas sortir? J'alla vérifier pour en être sûre.
"Pennywise... je suis vraiment désolée. Je t'en prie. Sort de là, je-..."
Je n'ai pas eu le temps de continuer ma phrase qu'une chose m'attrapa par la jambe et m'emmena dans l'égout. Ce qui me fit crier. Je tomba la tête la première dans les eaux grises. Sans hésiter je sorti ma tête de ces horreurs et eut envie de vomir.
"Mais c'est quoi ce bordel..." Dis-je en relevant la tête.
Je fis de grand yeux, étonnée. C'était donc à ça que ressemblait l'égout de Pennywise? C'était beaucoup moins classe que dans mes pensées. Dans mes pensées, j'imaginais un égout. Un égout aménagé en maison avec une grande salle de bain et une chaîne hi-fi dans un salon. Mais non. C'était juste un égout, rien d'autre.
"Je... est-ce Pennywise... qui m'a traînée jusqu'ici...?"
Je ne voyais pas qui ça aurait pu être d'autre. C'est la première fois de toute mon existence que je me retrouvais dans les égouts. Mais ça n'était pas n'importe quel égout. C'était celui de Pennywise. Là où il vit.
Je regardais mon imperméable. Il était complètement sale et sentait mauvais à cause des eaux grises. Le reste de mes vêtements aussi, d'ailleurs. Mes cheveux étaient trempés. Un mélange de shampoing fraise et d'eau grise. Voilà l'état de mes cheveux.
Sans même penser à quoi je pouvais m'attendre, je commença à avancer dans l'égout. Il faisait assez sombre mais heureusement des petites lumières éclairaient les tunnels. Je me suis dit que malgré son strabisme, Pennywise pouvait se déplacer sans problème. Maintenant fallait que je le trouve.
Les égouts étaient démesurément grands. Je les imaginait beaucoup plus petit que ça.
"Cet endroit est vraiment dégueulasse... comment fait-il pour vivre ici avec une telle odeur... se lave-t-il... dans les eaux grises?"
Je ne préférais pas imaginer à l'aide de quoi il se lavait. De toute façon il sentait toujours merveilleusement bon. Ses cheveux avaient l'odeur de la barbe à papa. Et en général, une odeur de cacahuètes grillées émanait de lui. Pas une odeur d'eau grise, quoi. Non. Il sentait vraiment bon.
Je continuais de m'aventurer dans l'égout, encore et encore... ça devait faire au moins une heure que je cherchais Pennywise, ici. En vain. Allais-je le trouver un jour? Dans l'égout, il n'y avait pas de réseau. Pas moyen d'aller sur internet ou envoyer des sms pour faire passer le temps ou me changer les idées.
Deux heures. Deux heures que je suis dans ces égouts. Il n'y a personne. Hormis des rats et beaucoup d'insectes. Je commence à perdre patience. À avoir faim aussi. Si c'était encore une blague de Pennywise, là, ça n'était pas vraiment drôle.
"Pennywise, nom de Dieu... où te caches-tu? Je commence à en avoir marre..."
Bien évidemment, je parlais dans le vide. Je commençais à être déprimée un peu. Était-ce comme ça que les amis sont censés réagir avec toi? Je ne pense pas, non. Et puis est-ce qu'il me considérait vraiment comme son amie? Il avait beau m'appeler "sa tendre et chère amie" mais qui sait... peut-être était-ce des mensonges.
Trois heures... ça faisait désormais trois heures. Trois heures que j'étais dans cet égout. Mais où était-il? Je ne voulais même plus le savoir... tout ce que je voulais désormais c'était rentrer chez moi. Après tout, le repas du soir allait bientôt être prêt et je ne voulais pas rater ça. Maman s'inquiéterait, aussi.
Je me mise à chercher la sortie des égouts, mais en vain. Les tunnels étaient grands et longs. Et il y en avait plusieurs. Je ne savais pas lequel prendre et lequel amenait à une sortie. Prise de panique, je sentis mon cœur battre la chamade.
À cet instant quelque chose déposa ce qui semble être une main sur mon épaule. Ça me glaça l'esprit. Je me retournais en claquant des dents pour voir qui avait fait ça. Mais il n'y avait personne. Ça me fit tellement sursauter que je m'étais mise à courir en espérant retrouver la sortie le plus rapidement possible.
Après quatre heures j'avais finalement trouvé la sortie. Je regardais une dernière fois l'égout et je crus apercevoir Pennywise qui tenait plusieurs ballons rouges me sourire. Mais ça devait être probablement mon imagination.
En rentrant chez moi, ma mère me sauta dessus. Elle avait essayé de me sonner plusieurs fois. Elle vit que j'étais trempée et que tous mes vêtements sentaient mauvais. Pour qu'elle ne me prend pas pour une folle je dis qu'aujourd'hui il y avait une exposition dans les égouts et que je ne voulais absolument pas rater ça. Ma mère y crut et me dit que la prochaine fois que j'allais à une exposition ou quoi que ce soit, il fallait que je la prévienne.
Je me lava. Et mis ma robe de nuit avant de retourner dans ma chambre. Quelle mésaventure... nous n'étions que le huit décembre et j'avais peur pour les jours à venir. Je me demandais si c'était Pennywise qui m'avait tiré dans l'égout ou non. En tout cas je refuse d'y retourner. Cet endroit était terrible. Horrible. Dans tous les sens du terme. Et ça ne sentait pas du tout la rose. Si Pennywise voulait me voir, il n'aura qu'à venir par lui-même cette fois-ci. Hors de question que je retourne dans l'égout. Je n'y retournerai jamais. Jamais.
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Un Amour Qui Flotte
RastgeleUne jeune fille âgée de 20 ans va rencontrer un "clown" et cette rencontre va prendre une drôle de tournure.