15. La Tirtïlle au Printemps.

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Yangën

"Fuh fuh existe t'il meilleure activité que de cueillir la Tirtïlle au printemps ?"

Commente gaiement le vieux gobelin en arrachant délicatement une petite fleur aux petales blancs dont le centre est percé de six pistils azur délicatement courbés. D'aucun la qualifierait de merveille végétale, je me contenterai pour ma part du terme "mauvaise herbe quelconque".

- Y'a plus stimulant. Comme trier mes chaussettes par exemple.
- Fuh, fuh. Mais tu ne porte point de chaussettes Yangën... A qui appartiennent ces chaussettes que tu trie ?

Je lève mes yeux en direction des cîmes d'ou perçent au travers des épais feuillages les premiers rayons du soleil matinal. Ce vieux gâteux... Bien que l'honnêteté me pousse à admettre que mes pieds griffus au contact de l'herbe humide me crient que des chaussettes ne serait pas de refus. Mais un dragon avec des chaussettes...? Imaginez le tableau; Non. Plutôt mourir.

- C'est bien beau de jouer la belle des champs, mais l'humaine...
- Ne t'en fais pas pour la petite. Quitterie et Tuco veillent sur elle. Me coupe le Mage en retirant son immonde chapeau dans lequel il dépose le petit végétal.
- Ah ! Ces deux olibrius ! Et non je ne m'en fait pas ! C'est simplement que si elle se fait dévorer par une meute de loup j'aurais fait face à un foutu Spectre pour rien !
- Oh. D'ailleurs en parlant de cela, Yangën...
Commence le vieux en tournant son regard semblable à des émeraudes pâles sur le fier dragon écarlate que je suis. Il faut tournoyer avec habilité son bâton courbé entre ses doigts puis poursuit après un moment de silence tout bonnement exaspérant.

- Bien que je soit ravi de te revoir, la n'est point le souci, je m'attendais à la présence de notre ami Satys...

La, je me dois de rétablir la vérité; Satys n'est pas mon ami. C'est une antilope narcissique, arrogante et insuportable au possible. Comment voulez-vous que vontre serviteur s'entende avec pareille créature ? Moi qui suis si noble, doux et mesuré...

- Il a eu un problème de champignon. Je rétorque évasivement en suivant du regard un splendide papillon aux ailes dorés lumincescentes. Le lépidoptère semble tant me fasciner que je n'entends absolument pas les quelques questions que m'adressent le mage, concernant la disparition soudaine et tragique de cher Satys.

" Bien. Je m'occuperais de ce problème une fois l'humaine en sécurité."

Finit par concéder Maúta tandis que j'esquive avec une grâce toute draconnique un revers de son terrible bâton tout en repliquant avec malice.

" J'ai toujours admiré ton sens des priorités."

C'est un mensonge. Évidement. Mais cela permet à la conversation de s'éloigner de cette antilope pedante, alors je fais une croix sur mes principes et me l'autorise. La fin justifie les moyens, non ? Et puis contre toute attente accompagner le vieux dans sa chasse aux mauvaises herbes m'a mis de bonne humeur. Allez savoir pourquoi. Peu importe en vérité.

" J'ai tout ce qu'il me fallait mon cher Yangën." Annonce le gobelin en tournant son visage vers pâle vers le flamboyant dragon que je suis.

- Heureux de l'apprendre. Tu compte te lancer dans la cuisine ?
- Fuh, fuh. Pour guérir l'infection  spectrale d'Isis, sot...
- Infectée ? Je m'enquière en penchant doucement ma tête cornue sur le côté, non pas que je sois inquiet loin de la. Simple curiosité.
- Oui. Se contente de répondre le mage avant de s'éloigner en fredonnant une comptine enfantine dont je peine à distinguer les vers, je l'admet.
- C'est tragique.

Isis

La jeune femme marche d'un pas décidé, bien que peu assuré tant son corps meurti proteste douloureusement. Chaque fois que son pied se posait contre le sol elle avait la sensation que des milliers de dagues venaient lacérer la moindre parcelle de ses muscles, de sa chair.

Chroniques Forestières - Le Sceptre De Moringa.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant