Au coucher du Soleil.

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Elle se tenait au milieu des dunes. Silhouette immobile, statue solitaire qui faisait face aux rayons rougeoyants du soleil. L'étoile était immense. Le disque vermeil n'était plus qu'à moitié visible à présent, les dernières lueurs du jour ne tarderaient pas à disparaître, happées par l'obscurité. Tel était le crépuscule dans le désert, le passage d'un monde à l'autre. Un infime moment d'équilibre entre Lumière et Ténèbres.

Et, dans un imperceptible dernier rayon d'émeraude, il disparut. Comme depuis l'aube des temps, lorsque la nuit s'installait, le Soleil laissait le royaume terrestre aux soins de la Lune. Et ce soir-là, elle honora la terre de toute sa splendeur. Éclairant la voûte céleste de ses lueurs opales délicatement azurées, la Lune trônait dans les limbes, radieuse, inaccessible.

Il surplombait les cimes. Son regard d'or se noyait dans la sphère d'argent qui baignait généreusement la Forêt de ses rayons si fins, si délicats. Tant qu'ils faisaient passer sans peine une toile d'araignée passerait pour un travail d'une grossièreté sans nom.

Ils n'avaient rien en commun. Si ce n'était le fait qu'ils observaient la Lune. Fille du désert, Dragonnet de la forêt... Ils communiaient ensemble avec le satellite, qui, l'on aurait pu le jurer, les observait avec une bienveillance non feinte.

Minutes, heures... qui aurait pu dire combien de temps ils avaient passé ainsi ? Personne. Et encore moins les intéressés. Pourtant, d'un même mouvement ils disparurent. L'un au travers des feuillages, l'autre dans les sables.

Sa peau était délicatement brunie par le soleil. Ses écailles étaient d'un rouge éclatant. Et ils couraient. L'une vers son village, l'autre sans réel but si ce n'était survivre. La vive cadence de leurs pas était similaire. Fillette aux cheveux nacrés, Dragonnet carmin, en cet instant ils étaient le reflet l'un de l'autre. Il bondit au-dessus d'un tronc couché, elle glissa le long de la pente d'une dune, soulevant un discret nuage de poussière sur son passage.

La petite fille distinguait déjà sa destination. Deux petits points lumineux qui s'avéraient être deux splendides statues équestres en bronze. Deux chevaux cabrés à la crinière luminescente, étant taillée dans de l'orichalque et dont les yeux ardents étaient des rubis. L'on racontait aux enfants qu'ils avaient été déposés ici lors de la création des Mondes par le dieu cheval, dont le nom avait été oublié depuis bien longtemps. Seuls vestiges du culte originel de ce dernier, ces figures de bronze, gardiens éternels des portes du village. Bien qu'ils ne seraient jamais aussi efficaces que les murailles circulaires entourant ce dernier. Malgré le fait qu'ils ne soient que peu élevés, ne culminant qu'à environ cinq mètres de hauteur, les remparts de pierre beiges étaient extrêmement épais. Érigés, toujours selon la tradition par le dieu-cheval qui les aurait fait pousser du sol même en semant des pierres provenant de chaînes de montagnes nordiques lointaines et légendaires.

Depuis des millénaires cette enceinte empêchait une tribu hostile du Sud, des Orcs, de faire main basse sur le village et de le piller. Si bien que depuis une dizaine d'années les attaques se faisaient de moins en moins fréquentes. Le village était prospère. Malgré une situation géographique peu favorable au développement, il était réputé pour abriter le meilleur élevage équestre des Royaumes Connus. Indépendant, il avait également le privilège de commercer avec les tribus Orcs installées au Nord des steppes, bien moins bellicistes que leurs cousins sudistes. Si bien qu'il n'était pas rare de rencontrer des Orcs engagés en temps qu'auxiliaires dans les travaux d'élevage ou encore de récolte. En effet, la force et l'habilité de ces êtres étaient prodigieuses et d'un grand secours dans les activités manuelles du village. Il était heureux que leur intellect ne culmine point très haut, car il ne fait aucun doute que dans le cas contraire ils auraient dominé toutes les autres races.

Ainsi, celui-ci était florissant par son économie. Chaque journée l'on voyait le manège incessant des caravanes marchandes envahir le marché, cœur de la ville qui était constamment en effervescence. Du moins la journée. Dès la tombée de la nuit, toute activité cessait. Les rues se vidaient en un clin d'œil. Le village devenait un véritable royaume du silence, paisible. Silence qui était simplement brisé par le bruit discret, quasiment religieux des bottes que produisaient la ronde des gardes.

Ces derniers avaient la particularité d'être tous des femmes, les hommes étant dirigés vers la cavalerie. Ces femmes, au nombre de quarante appartenaient à une unité de fantassins connue sous le nom de Mukhadaï étaient entraînées dès l'enfance à la défense de la cité.

Elles étaient reconnaissables par leur tenue de couleur bleue nuit et leur visage couvert d'une épaisse capuche. Une amulette dorée représentant un croissant pendait le long de leur poitrine. Toutes portaient une lance ainsi qu'un khépesh glissé à l'épaisse ceinture de tissu ocre enroulée autour de leur bas ventre. Si leur habit pouvait paraître léger, ces femmes sont des combattantes d'une efficacité et d'une rapidité formidables.

C'est l'une d'entre elles qui interpella la petite fille du haut des remparts, que cette dernière tentait d'escalader furtivement. Ce qui était sans compter sur la vigilance de la gardienne.

« Isis ! Veux-tu rentrer ? Combien de fois devrons nous te répéter qu'il est interdit de sortir la nuit, petite ? »





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Alors, alors ! On redémarre ! Hop ! Tout recommence ! Et Isis à une nouvelle couleur de cheveux ! Upgrade ! Vous en pensez quoi ? Oh, oui. L'humour n'est plus très présent certes ! Il reviendra ! Peut-être. En tout cas je laisse l'ancien, afin que vous puissiez comparer si le cœur vous en dit. 

Bisous ;D

Chroniques Forestières - Le Sceptre De Moringa.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant