13. Sombres desseins.

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" Elle vous a échappé. "

Souffle une voix dont le murmure quasiment imperceptible se répercute pourtant dans toute l'immense salle blanche magnifiquement décorée et soutenue par des pilliers d'argent finement ouvragés représentant des scènes épiques et romancées de l'histoire de l'Empire.
Dans cette salle toute en longueur une cinquantaine d'armures décoratives sont postées de manière parfaitement symétrique dans des niches murales tandis prévues à cet effet tandis que le reste de la pièce est complétée principalement par des draperies précieuses de couleurs claires et des tableaux, oeuvres de Maîtres Artisants peintres de l'empire. Les piliers s'élèvent si haut que l'on peine à distinguer le plafond et cette voix seule qui résonne suffit à faire frissonner la petite assemblée de conseillers présents dont la majorité sont tombés sur leurs genoux afin de masquer les tremblements de ces derniers.

Juchée sur un trône d'argent sculpté en volutes élégamment entrelaçées lui donnant un aspect de légèreté quasimment céleste se tient une femme arborant un visage sévère, recouvert d'une fine peinture également argentée lui donnant un air froid et implacable semblable à la statue d'une déesse ainsi qu'une certaine perfection dans ses traits. Parfaite. Sa beauté est parfaite.
Ses yeux sont quant à eux entourés de traits fins et noirs mettant parfaitement en valeur ses iris d'un azur déjà profond et éclatant.
Ce visage indéchiffrable est encadré de long cheveux noirs aux reflets cuivrés coiffés en une natte complexe, desquels s'échappe, visible au niveau de son front une fine courronne blanche dont le metal courbé donne l'impression que cette dernière est faite de ronces. Elle est relativement simple et modeste si l'on fait abstraction du saphir éclatant qui est incrusté en son centre.
Flanquée de deux gardes au visage masqué d'un turban noir vêtus d'armures blanches éclatantes frappées d'un soleil gris clair au niveau du torse et complétées de cape sombres, elle est d'apparence âgée d'une trentaine d'années, bien que de par la fine couche d'argent couvrant son faciesse, tout estimation de son âge n'est pas gage de vérité.
Ainsi l'Impératrice est d'une grande beauté et dégage une aura terrible de confiance et d'autorité lui donnant un charme redoutable.
Cette femme de haute stature est vêtue d'une longue robe argentée mettant parfaitment en valeur ses formes voluptueuses. Parsemée de fils de soie blancs entrelaçés représentant des rosaces complexes, témoignant l'application chirurgicale des artisans ayant travaillé ce tissu. Enfin à ses pieds se tiennent couchées deux lionnes au pelage cendré et aux yeux écarlates, qui, laissant de temps à autre échapper un grondement sourd toisent l'assemblée comme pour définir quel courtisan est le plus appetissant.

l'Impératrice Argentée pose ses yeux bleus froids sur l'homme qui se tient agenouillé en contrebas. Sa cape pourpre lui donnant habituellement si fière allure pend piteusement le long de son armure noire et ses longs cheveux tout aussi argentés que la robe de la souveraine sont impecablement plaqués en arriere sur son crâne. Ses yeux acier sont rivés sur les mosaïques noires et blanches composant le sol et il répond de sa voix sifflante.

- En effet, Majesté... elle s'est enfoncée dans la forêt...
- Dans la forêt. Le coupe la souveraine en resserant son doigt serti de bagues volumineuses sur l'accoudoir de son trône, tandis que sa seconde arrache un raisin de l'une des grappes garnissant un plateau de fruits posé sur le dos d'un servant silencieux enchaîné à ses côtés. Au milieu de ces fruits est posé de manière décorative un crâne peint en noir et dont les orbites vides sont comblées par des fraises. Comment expliquez vous cela ?...

Visiblement nerveux le Grand Inquisiteur sent une goutte de sueur perler sur l'arrête de son nez, long et fin, puis après un court instant d'hésitation répond d'une voix peu assurée.

- La fugitive a bénéficié de l'obscurité et puis...
- Il suffit. L'interrompt une seconde fois l'Impératrice en levant sa main droite. Votre échec et votre incompétence mettent l'Empire dans une situtation délicate. Déshonneur sur vous, Inquisiteur.
Assène t-elle d'un ton cinglant à l'homme en noir qui reste silencieux, les dents serrées ravalant sa fierté et sa honte sous le regard pesant et glaçant de cette terrible femme.

Chroniques Forestières - Le Sceptre De Moringa.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant