Broken Hearts [Lucas Digne x Hugo Lloris] | Terminé

2. Préparation du mondial

Florian Thauvin

11 Mai 2018

               On s'est tous rejoint à Clairefontaine, comme prévu, pour la préparation au Mondial. Tous ? Pas vraiment. Quand j'entre dans la salle de repas, le silence est pesant. Comme l'ambiance. Même Paul et Blaise ne font plus les cons. Paul n'était pas là lorsque c'est arrivé mais il est venu à l'hôpital. Trop tard, malheureusement. Quand je regarde à la place habituelle de notre capitaine, elle est vide. Comme à chaque fois qu'on s'est rassemblé depuis l'accident. Tout le monde est silencieux, même le staff. Je m'assois et commence à manger. Hugo arrive finalement, s'installant et tournant sa fourchette dans sa purée. Jusqu'à maintenant, Zidane ne choisissait pas d'autre défenseurs. Mais il n'a pas eu le choix. Alors il a demandé à Jordan Amavi de se joindre au groupe.

Jordan : L'ambiance est toujours aussi nulle ?

                Il s'attire les regards noirs de chacun d'entre nous.

Jordan : Roh bah ça va ! Je demande juste ! Flo, j'croyais que c'était trop cool en Equipe de France !? me dit-il

Hugo : Quelqu'un lui explique ou je lui écrase sa gueule dans son assiette ?

Antoine : On a perdu un coéquipier, il y a pile huit mois aujourd'hui alors, s'il te plaît : TA GUEULE !

               Jordan se mord la lèvre. Il peut. Le regard de Hugo s'est embué de larmes et je vois sa mâchoire se contracter. Il va craquer. Encore. Et on va tous finir par lâcher une larme. Il se lève et quitte la pièce.

Hugo Lloris

               Je sais qu'Amavi n'a rien demandé mais putain s'il pouvait juste fermer sa gueule quelques minutes. Je claque la porte de ma chambre, derrière moi. J'ai juste besoin d'être seul. Tranquille. La porte s'ouvre.

Antoine : Je sais que je n'ai pas le droit de te dire ça et je sais aussi que c'est dur mais il va tous falloir qu'on avance, à un moment donné. Il va tous falloir qu'on passe à autre chose. Qu'on tourne...

Hugo : Non Antoine ! Je refuse de passer à autre chose aussi facilement !

Antoine : Ca fait huit mois, Hugo ! Huit mois qu'il est mort ! Tu dois tourner la page !

Hugo : Mais putain comment tu peux dire ça ? Si Erika mourrait, tu crois que je me pointerai devant toi, seulement huit mois après, pour te demander de passer à autre chose ? Puis tu peux pas comprendre, toi ! Tu as toujours ta femme à tes côtés. Ta princesse et ta fille sont toujours à tes côtés ! La femme de ta vie, elle est avec toi, chaque jours. Quand Lucas a fermé les yeux, devant ce putain d'hôtel, je l'ai perdu. J'ai perdu l'amour de ma vie quand il est mort ! T'as juste pas le droit de me demander de passer à autre chose parce que c'est impossible ! Pas en seulement huit mois !

               Je sais que les larmes ont débordées et coulent sur mes joues. Mais c'est normal. J'ai perdu Lucas. Bêtement. Parce que je n'ai pas su le protéger. Parce que j'ai poussé Marine à porter plainte. Parce que je suis trop con. Antoine hoche la tête et quitte ma chambre. Je m'approche de la fenêtre et l'ouvre, regardant le terrain qui s'étends longuement. Il me manque tellement.

Lucas Digne

               La porte s'ouvre, derrière moi. Je sais que c'est le médecin. Je sais que c'est l'heure. Je peux sortir d'ici. Enfin.

Médecin : On a fait appelé un taxi, comme prévu. Où allait vous aller ?

Lucas : Je ne pense pas que ma vie privée ne vous regarde !

Médecin : Très bien. Faut-il dire à votre...

Lucas : Je suis majeur et vacciné. Je veux juste me tirer d'ici.

               Je me retourne alors qu'il me tend des papiers. Je les signe et il sort, laissant la porte ouverte. Je ferme mon sac et le récupère, le mettant sur mon épaule. Je glisse la main dans la poche de mon Bomber. Elle touche un morceau de papier. Quand je le sors, je souris. Une photo de Hugo et moi, à Hawaï. L'homme de sa vie ? Vous parlez ! Il n'est pas venu une seule fois en un mois que je suis réveillé. Aucun des gars n'est venu. Pas une seule petite fois. Mais il ne pourra pas fuir la situation éternellement. Hugo, les gars, Clairefontaine : me revoilà.