Brooklyn.
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– Dis-le, je la regarde sérieusement, que c'est pour rire. mais elle ne répond rien. Vas-y, j'insiste paniquée, dis-le putain !
Brook est neutre et silencieuse. J'avais aucune idée de c'qu'il fallait que je dise, ou que je fasse. Alors ça a commencé à surchauffer dans ma tête, toutes les pièces du puzzle étaient train de s'ré-emboîter, ma main s'est vue parcourir par une sorte de pulsion nerveuse à violente intensité, et je l'ai giflé.
Et elle est restée là, elle a pas bronché.
– Tu t'sens mieux là ? C'est bon ? elle demande d'un calme défiant et amère
– Me tente pas. je dis menaçanteAccablée par la situation, je me lève tremblante, entamant les cent pas à travers la pièce, face à une Brook silencieuse, pour changer.
– T'as merdé. je lâche sans la regarder, encore sous le choc
– Je sais.
– Combien de mois ? je demande calmement
– Je sais pas... j'dirais deux.
– un rire nerveux m'échappe, C'est Miguel le père, rassure moi ? et cette fois-ci je la regarde
– Tu veux qu'ce soit qui d'autre ? elle me demande les sourcils froncés
– J'en sais rien gros, n'importe qui. Vu qu'tu fais n'importe quoi. je me stoppe
– Eh, parle correctement Donny. elle menace
– Non non, je feins de rire, tu m'demande pas d'parler correctement quand t'es pas capable de t'comporter correctement, qu'on soit claires.
– T'es ma p'tite, oublie pas ça London. elle se lève
– J'suis quoi ? je demande en m'approchent d'elle, Moi, ta petite ? Mais regarde toi ! *rires* Regarde toi, je la pointe du doigt, Brooke la grande sœur qui s'est émancipée à seize ans, qui squatte vingt-quatre heures sur vingt-quatre chez sa petite sœur, pas foutue d'avoir une putain de situation stable, qui sort six jours sur sept et qui s'tape non-stop depuis deux ans un mec avec qui elle prévoit rien ! C'est ça être une grande sœur ? Hein, Brooklyn ?! je crie et, malgré moi, mes yeux se remplissent de larmes. Combien de putains de fois j't'ai dis d'arrêter tes conneries avec lui ? sans trop savoir comment, mes mains saisissent ses épaules et les secouent au rythme de mes paroles. Combien de fois ?! je demande. C'est moi la grande sœur ici, t'entends ? T'es pas foutue d'faire les choses bien, d'montrer l'exemple, regarde toi, enceinte à vingt-et-un ans ! Si c'est toi la grande sœur, dis moi c'qu'on fait maintenant ! On fait quoi !? je hurle à bout de souffle. Répond ! On s'en occupe comment d'ton gosse ?!
– elle me regarde, les larmes aux yeux, Je... je sais pas, et ces trois mots suffisent pour que sa voix se briseJe la regarde telle l'hystérique que je suis devenue en l'espace de dix minutes, les yeux grands ouverts. Cette fois-ci, les larmes coulent. Les siennes, comme les miennes. Je lâche ses épaules, et mes mains s'empressent de retomber vulgairement le long de mon corps. On se regarde dans le blanc des yeux, et je tente de réguler ma respiration tandis que la sienne ne cesse de s'accélérer. Ma main droite attrape la sienne, pendant que la gauche se charge de sécher quelque une de ses larmes.
– À partir de maintenant, tu m'laisse faire. Compris ? je demande, avant qu'elle ne hoche positivement la tête. On va le dire à papa. je dis le plus calmement possible
– T'es folle, elle dit intriguée, la voix toujours nouée, tu sais très bien qu'il va vouloir que j'l'épouse. elle lâche déconcertée
– Je sais, je dis en la prenant dans mes bras, et parce qu'on a plus l'choix, je dis en la serrant plus fort, c'est ce que tu feras.***