39.

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London.

London

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***

Étais-je déjà tombée de si haut ? J'en doute fort. Même pas quand j'ai appris la grossesse de ma sœur.
Cette fois, j'étais coupable, et surprise de l'être. Dans ma tête, plus rien ne tournait rond, il est clair que quelque chose avait échappé à mon cerveaux de génie du mal.
Une sœur ? Alek n'avait jamais mentionné de sœur... Alek ne m'a jamais parlé de sa famille. La seule personne de son entourage que j'ai eu l'occasion d'approcher avait été Léonard, qu'Alek ne portait pas dans son cœur. Il connaît Alek depuis petit, il sait tout de lui.

– Tu mens, je dis en essayant de garder la face. Alek me dévisage.
– Je mens ?, il hallucine.
– Léonard m'a tout dit, je fais pression.
– Quoi ?, il s'exclame. Parce que c'est avec ce gros dégénéré que t'as manigancé ton plan ?, il s'étonne, sourcils froncés, avant de rire d'hallucination.

D'une main, il attrape fermement mon poignet et m'emboîte le pas jusqu'à une pièce isolée de l'appartement. Il m'y fait entrer, je m'exécute, il me lâche sauvagement et referme la porte derrière lui.

– Tu crois quoi ?, il me demande en s'approchant. Que j'traîne plus avec ce fou pour le fun ? C'est ça ?, je garde le silence. Ce mec est timbré, t'entends ? Qu'est ce qu'il t'as raconté ? J'veux savoir, il dit fermement.
– Qu'elle et toi, vous aviez toujours entretenu d'étroites relations, je commence et ses sourcils ne se défroncent pas. Qu'elle était mannequin, que tu avais toujours été attiré par ce monde, qu'a chaque fois que vous vous voyiez... c'était pas pour « jouer aux cartes ». Il m'a dit que votre dernière entrevue datait de la fois où t'es venu chez moi.

Alek m'a longuement fixé avant d'expirer bruyamment et de se gratter l'arrière du crâne. Il allait parler.

– J'entretiens pas de bons rapports avec ma mère, il commence, mais ça m'a jamais empêché d'adorer l'homme qu'elle a choisit d'épouser après mon père, de même que la fille de ce même homme, âgée de trois ans de plus que moi, ma sœur par alliance ; Juliette, il dit comme une évidence. On a grandit ensemble, je l'ai toujours considéré comme ma jumelle, je ne lui ai jamais, il insiste, adressé un regard autre que fraternel. Nos parents ont une bande de potes richous avec lesquels on organisait des voyages en familles chaque année, dont celle de Léonard et de certaines personnes présentes ici ce soir. On s'est tous toujours côtoyé, jusqu'à ce que pour des raisons quelconques, j'ai grandit et décidé de plus être associé à eux. J'ai eu dix-huit ans, mon bac, et je me suis barré en prépa HEC, sous les ordres de ma mère. J'ai redoublé ma première année, rien ne m'allait, l'ambiance était merdique, j'ai jamais aimé. Juliette m'en a toujours un peu voulu d'avoir déserté, et depuis que tu..., il bloque, faisais partie de ma vie, je la voyais moins. Elle me reproche souvent mon non-sérieux, mes sorties, ma conso' de tabac, enfin bref... une grande sœur. Le jour où je l'ai vu, j'ai brunché avec elle. Ça faisait longtemps que j'filtrais ses appels, j'ai refais surface comme un connard, et le pire c'est qu'c'était principalement pour qu'elle me trouve un shooting, parce que ouais, grâce à elle j'me fais un peu de thune quand j'suis en manque. J'lui ai dit que les études c'était pas pour moi, que j'voulais arrêter, que j'comptais reprendre du service, être mannequin à plein temps, qu'il fallait qu'elle m'aide. Elle m'a sermonné mais j'en avais rien à foutre, il termine. C'est l'une des femmes de ma vie, au même titre que ma mère, et ça s'arrête là.

Tout ce que Léonard m'avait dit prenait du sens : « Juliette et Alek, ça a toujours été louche, dans le sens ambiguë et incompréhensible. Tellement ambiguë et incompréhensible que c'en était malsain. Juliette est mannequin, et c'est quelque chose qui a toujours attiré Alek. Tu penses bien que toutes les fois où ces deux là avaient l'occasion de se voir, c'était pas pour jouer aux cartes... Depuis qu'Alek a catégoriquement prit ses distances, il ne parle plus à personne... Personne à part elle. En général, ils évitent de trop se montrer. Quand ils se voient, tu peux être sur que c'est... comment dire... "pour taffer" ».

Il n'avait pas menti. Il avait bien choisi la tournure de ses phrases. Il m'avait piégé.

– Pourquoi Léonard m'a laissé croire tout ça ?, je demande alors.
– Parce qu'il est amoureux de moi.

À l'entente de ces mots, c'en fut trop pour moi. Mon cerveau se mit a se cogner aux parois de mon crâne, et il en fallut peu pour que je ne m'écroule pas lamentablement à même le sol.

– Ça n'a aucun sens..., je croirais halluciner.
On était comme des frères, petits, jusqu'à ce que je sente sa main dans mon fut' un soir de vacances où on a dormi dans le même lit, Alek explique. J'ai pété un câble. Il m'a déclaré sa flamme, et a mal encaissé mon refus, certainement trop honteux de s'être fait surprendre ou peut importe. Depuis je l'ai plus vu de la même manière. Il a voulu qu'on oublie, mais la vérité c'est qu'ça a toujours été un mec psychologiquement instable. C'est la principale raison qui justifie mon éloignement, cette fois-ci je m'étais réveillé, mais qu'est ce qui me dit que ce malade mental me tripotait pas toutes les nuits où j'ai eu le malheur de partager le même lit que lui ?, il demande. Y'avait pas moyen. D'où mon comportement au ski.
– Je... Je sais pas quoi te dire, Alek..., j'avoue en le regardant dans les yeux.
– Que lui, il commence doucement, soit assez demeuré pour mettre la main sur cette vidéo et la diffuser délibérément ça m'étonne pas. Mais toi..., il rit de nerf. Putain c'que t'es folle.
– Je..., il me coupe.
– La ferme, il dit strictement. T'as été assez débile pour croire un mec sorti de nul part, parce qu'au fond tu me fais pas confiance, et que c'est ce que t'attends de moi ! Que j'fasse un pas de travers !, il hurle. Rends-toi compte putain de merde ! Tu viens de passer une vidéo qui met ma sœur et un mec que j'connais même pas en scène pendant leurs ébats ! Tu m'as fais voir la saloperie de sex-tape de ma sœur ! Mais putain, mais qu'est qui va pas chez toi ?, il demande désemparé. Et quand bien même t'étais pas au courant, tu penses pas qu'il y a des putain de moyens plus diplomates de régler ce genre de situations ? Combien de fois, il crie, combien de fois je t'ai dit que t'avais pas à t'en faire, que je t'aimais, putain d'merde, combien !?, sa voix se brise. On avait pas mit d'mots sur notre relation que dans ma tête je t'avais déjà juré fidélité pour le restant de mes jours, London. À partir du moment où ça a été clair, il dit un peu plus calme, mais toujours autoritaire, à partir du jour où je t'ai regardé droit dans les yeux et qu'j'ai eu les couilles de te dire c'que j'ai jamais dit à personne, que je te l'ai même écrit noir sur blanc par message, London... À partir de ce jour là il y a plus eu que toi. Mais il a fallut que tu joues les garces, encore une fois.
– Alek, je...
– Tu vas partir, il me coupe.
– Quoi ? N-Non, je bégaye, attends...
– Barre-toi, il articule, j'sais pas c'que je serai capable de t'faire si j'ai ta sale gueule de psychopathe sous les yeux encore longtemps, et ça me fait froid dans le dos.
J'suis désolée, il faut qu'tu m'crois.
– J'te crois, il dit. Mais après ? Tu crois qu'ça suffit ?, il gronde. J'vais aller butter ce fils de pute, j'vais lui éclater les os un à un, tu crois que parce que t'es désolée tu vas empêcher ça ? T'as ridiculisé ma sœur devant près de cinquante personnes, qu'est ce que ça change que tu sois désolée ? J'pourrai jamais effacé ces images de ma tête, là aussi t'es désolée, mais bordel de merde, qu'est ce que j'en ai à foutre ?

Le silence qui régnait me faisait me sentir comme la dernière des merdes, parce que j'avais effectivement merdé. Ses yeux étaient humides, sa voix tremblante, ses états d'âme changeants. Il devait être tiraillé entre tristesse et colère, déception et impuissance. Quant à moi, je voulais fuir et rester à la fois. L'aimer lui, me haïr moi. Disparaître de la surface de la Terre où me tenir là, à lui présenter mes plus plates excuses, comme si elles en vaudraient la peine.

– J'me suis donné la peine de tout t'expliquer, par respect pour la personne que t'as été. Maintenant, tu vas m'faire le plaisir de dégager d'ici, il dit calmement, ses yeux plantés dans les miens, tâche de m'oublier, c'est pas un conseil, London. Parce que si j'ai le malheur de te revoir, il menace, je te jure sur c'que j'ai de plus cher que j'ferai pas preuve du même self-control. Ça y est, t'as eu ce que tu voulais, il dit en souriant de stupeur et je jure avoir vu une larme rouler sur sa joue, c'est finit bébé.

***

Crie mon nomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant