London.
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Une soirée, c'était le laps de temps dont je disposais pour faire regretter à chacune de mes victimes d'avoir daigné voir le jour un beau matin. Une soirée, c'était l'occasion parfaite de réunir un groupe d'individu, au même endroit. Une soirée organisée par nul autre que Léonard, c'était le parfait prétexte pour justifier notre présence, à tous.
Tout le reste de la semaine, j'ai continué à faire comme si aimer Alek n'était pas la chose la plus douloureuse au monde. Pour dire vrai, mes nuits ont été longues, très longues. J'avais gravé son nom à l'ancre indélébile dans le Death Note qu'était ma tête. La date était fixée, la manière dont j'allais venir à bout de lui aussi.
- Wow..., il dit doucement en me voyant arriver à notre lieu de rendez-vous, tourne-toi pour voir, continu-t-il en saisissant ma main avant de me faire pivoter sur moi même tel un monument vivant.
- Aller, je pouffe en riant nerveusement, jamais trop toi.- J'suis plus trop chaud à l'idée de passer la soirée avec tes potes que je connais pas, t'es sûre que tu veux pas qu'on rentre, il attrape brusquement ma taille avant de la coller fermement contre lui, et qu'on chill ?
Le dernier mot de sa phrase a été prononcé d'une telle manière qu'il semblerait que je sois en train de fondre entre ses bras. De toute évidence, "chill" était l'allégorie de "jouer à papa et maman" ou encore "faire du sport de chambre". Merde, pourquoi a-t-il fallut qu'il soit le connard qu'au fond de moi j'ai toujours su qu'il était ? Quelle chienne de vie.
- Tu le porte bien hein, ce pantalon bébé, pourtant je le visualise mieux au pied de ton lit, genre étendu de tout son mètre, sur le sol...
Mes yeux sont grand ouverts et papillonnent tout en le regardant, j'ai très certainement l'air d'une abrutie finie mais je me rend compte que cet instant est le dernier que l'on passera tout les deux. Après ce soir, tout sera fini. Je me suis alors mise à détailler son visage. Qu'est ce qu'il était beau. Mes mains sont timidement venues à la rencontre de ses cheveux, rasés sur les cotés et beaucoup trop longs sur le dessus et les ont tendrement caressé. Ils étaient d'une douceur difficilement égalable, je fus triste de constater qu'apparemment, il s'occupait mieux d'eux que de moi. J'ai fixé ses grands yeux légèrement creux, recouverts de longs cils qui surplombaient ses éternelles cernes, à croire qu'il la baisait jours et nuits, sa Juliette. Mais voyons le bon côté, elles contribuaient à l'effet fuckboy. De même que ses lèvres. Mes lèvres. De ces lèvres sont sorti une multitude de paroles en tout genre, pourtant toutes avaient le même effet sur moi. Si il y a bien une chose contre laquelle j'aurais aimé être éternellement, ce sont ses lèvres. Mais même l'éternité m'aurait parue trop courte.
J'ai pris mon courage à deux mains et de cette même manière j'ai saisi sa tête. Je l'ai regardé une dernière fois avant de passer mon pouce sur sa lèvre inférieure, de caressez cette dernière et de venir écraser les miennes sur les siennes. Ce fut légèrement violent, tant c'était en désaccord avec ce que je comptais lui faire subir par la suite. Alek a passé ses mains plus bas, sur mes fesses. Une fois que ma langue a forcé le passage pour rencontrer la sienne, le baiser s'est fait plus intense, de même que l'appui qu'il exerçait sur moi. Ses mains m'ont attrapées plus fermement encore, avant d'ordonner à mes reins de venir se coller aux siens. Alek adorait les tic tac duo menthe framboise, comme le témoignagnait son haleine, fraîche en permanence, bien qu'il fume. Il était un cliché ambulant, tout droit sorti d'un film et j'adorais ça. Je pense qu'on adorait toutes ça. Nos langues semblaient s'adorer elles aussi, elles semblaient être faites l'une pour l'autre, dans une autre vie, elles auraient été âmes soeurs. Mais dans la notre, elle ne font que s'adorer et la sienne trompe régulièrement la mienne. Cette pensée soudaine me fait morde sa lèvre inférieure, mettant ainsi subitement fin au baiser langoureux, car même si il ne me l'a jamais dit officielement, Alek déteste ça, en réalité c'est donc lui qui y met fin. Je l'entend tiquer après la morsure, il lâche délicatement mes fesses avant d'attraper mes joues d'une seule main. Ses yeux plantés les miens, il relève le menton pour me surplomber et hoche la tête comme pour dire "pas bien, London...", avant de, toujours en me tenant tel un bébé joufflu, me gratifier d'un frech kiss, simple et efficace.
Alors nous étions là, il était très certainement vingt-deux heures passées. La rue dans laquelle nous nous trouvions était quasiment vide. J'étais partagée entre l'envie de l'aimer pour le restant de mes jours et celle de faire passer son meurtre pour un simple accident. L'envie de l'aimer et celle de le tuer, parce qu'il était le seul à me faire autant de bien et autant de mal simultanément. La simple élocution de son nom suffisait à ce que mon coeur se serre, à ce que je me haïsse d'avoir été si naïve, car la fin de notre histoire avait été énoncée dès ses premières paroles, "J'suis autant ta roue d'secours que t'es la mienne".
Je n'ai jamais couché avec Alek. Il m'aura tout fait, sauf l'amour. Il me restera au moins ça.
Ce soir, c'est lui que je baise.
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