London.
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En nous rendant visite à l'improviste à ma sœur et moi, mes parents avaient découvert le pot aux roses. Obligée de révéler l'identité du père de son enfant, Brooklyn fut contrainte d'épouser Miguel sous les coutumes congolaises, quand elle le souhaiterait, après l'accouchement. Trois mois après les faits, elle donna naissance à une petit fille du nom de Izaïdie, une véritable perle aux origines Congolaise et Mexicaine, qu'elle tenait réciproquement de sa mère et de son père.
Cependant, en éternelle rebelle qui n'a jamais réellement cessé sa révolte, accompagnée de sa fille âgée de six mois et sans laisser aucune trace, Brooklyn quitta le pays la veille de son mariage. Elle n'allait pas épouser Miguel, elle n'en avait jamais eu l'intention. Elle avait tout préparé de A à Z. Personne ne s'y attendait, personne n'en revenait, et mes parents eurent terriblement honte. Elle avait osé, je l'aimais pour ça.
Alek et moi ne nous sommes plus jamais revu. La passion qui m'animait était telle que je l'ai stalké sur les réseaux sociaux pendant près d'un et demi, à partir de ce fameux jour. Les photos de son profil Instagram montraient un jeune homme apparemment devenu mannequin à temps plein. Les followers n'ont jamais cessé d'augmenter, il avait l'air de se faire de plus en plus de connaissances dans le milieu, il avait l'air de vivre sa meilleure vie. Trop accablée par la situation, j'ai un jour envoyé un message : "Redis-le moi, redis-moi que c'est terminé, j'en deviens folle bébé, ça peut pas être le cas..."
Et sa réponse eut le mérite d'être claire : "C'est terminé. Tu devrais vraiment passer à autre chose. Prends soin de toi."
J'ai été diagnostiquée dépressive les semaines qui ont suivit notre dernier échange. Les médecins ont vu en moi une patiente souffrant d'abandon sur les plans fraternel et amoureux. Brooklyn et Alek étaient sortis de ma vie presque en même temps. Mes parents, trop attachés à leurs idées reçues sur l'Europe et de toutes les folies qu'impliquent y vivre, n'ont pas cru à ma démence. Pour mon père, des séjours hebdomadaires dans le Temple du Seigneur notre père étaient plus efficaces qu'une poignée d'antidépresseurs en guise de petit déjeuner, de déjeuner et de dîner. Ça ne m'a pas réellement aidé. Si bien que j'ai choisi d'emprunter un chemin qui se voulait contraire à celui-ci. Un beau jour, j'ai goûté à la drogue douce, et j'y ai trouvé réconfort. Le THC semblait être un bien meilleur remède que les médicaments et les séances de psy à répétition. J'ai simplement remplacé une addiction par une autre. Peut être était-elle tout aussi nocive, qui sait ?
De toute évidence, une chose était sûre, il ne fallait pas s'attendre à un happy ending, car il est bien connu que l'on ne récolte que ce que l'on sème. J'ai toujours voulu avoir le contrôle de Brooklyn et d'Alek. Aujourd'hui, c'était d'eux que je dépendais, à chaque recoins de ma tête étaient gravés leurs noms à l'encre indélébile. Ils me contrôlaient, et ils ne le savaient même pas. Parfois même, dans la nuit, le visage enfoui dans les torrents de larmes qui inondaient mes draps, il m'arrivait de crier leurs noms, refusant de vivre dans un monde où ils n'étaient pas. Mais évidemment ça, ils ne l'entendaient pas.***
— Crie mon nom —