Chapitre 6

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De retour à ma salle commune, je me laissai tomber de tout mon poids sur un canapé près du feu. Heureusement, il y n'avait pas grand monde. La plupart des Gryffondor profitaient des derniers jours encore pas trop froids dans le parc. Neville était là, et il me regardait avec insistance, les sourcils froncés et la mine inquiète. Je devais avoir l'air sacrément perturbée.

— Tout va bien, Neville.

Il ne me crut pas, mais ce n'était pas très grave.

Je revoyais le magnifique visage de Malfoy et sa voix cassante lorsqu'il m'a dit qu'il s'en foutait, de mon avis. Ses cheveux blond platine... ses yeux froids et mystérieux... décidément, si j'avais insulté le physique de Malfoy dans le passé, je ne le pensais vraiment pas. C'était l'homme le plus attirant de toute la galaxie. Et aussi, potentiellement, mon pire ennemi ces huit dernières années. J'avais presque envie d'en rire. Mais ses déclarations me revinrent en tête. En me parlant avec son cœur, il s'était placé dans une situation de faiblesse. Il m'avait avoué que je l'avais blessé. Non, vraiment, il n'avait pas inventé tout ça, ça ne tiendrait pas debout. J'avais beau réfléchir, je ne voyais pas de raison qui justifierait l'invention d'un tel discours. Je me rendis rapidement à l'évidence : Malfoy avait été sincère. Mais il restait un point sur lequel il n'avait pas été clair. Il avait laissé échapper qu'il avait été agressif avec moi par jalousie... je n'étais pas sure de voir où il voulait en venir. Sûrement par rapport à ce que j'avais énoncé ensuite. L'amitié, etc. Mais il n'avait pas confirmé...

Harry et Ginny firent irruption dans la salle commune, riant, se taquinant. Ils ne m'avaient pas vue. Puis ils s'enlacèrent et s'embrassèrent. Quel amour franc... c'était touchant pour moi, la meilleure amie de Harry depuis notre première année, de le voir aimer et être aimé. Jamais, avec Ron, les choses ne s'étaient passés ainsi... Je ressentis un profond dégout rien qu'en pensant au rouquin. Ron avait un regard vide et toujours une expression stupide sur le visage. Il n'avait rien de ce qu'avait Malfoy, en fait. Ron était un idiot, et je le méprisais.

Satisfaite de ces bonnes pensées, je me redressai dans mon fauteuil et m'assis, droite, en tailleur. Ce soudain mouvement attira l'attention du couple, qui, surpris, s'exclama d'une même voix :

— Hermione !

— C'est bien moi ! fis-je, avant de rire.

Ginny eu un grand sourire, desserra son étreinte autour de Harry et vint s'assoir à côté de moi.

— Comment ça va ? On se demandait où t'étais passée !

— Oh oui, c'est sur que vous aviez l'air inquiets !

Ils rirent.

— Non mais sérieusement, tu faisais quoi ? On a croisé Luna tout à l'heure, elle nous a dit que t'étais allée voir Malfoy pour lui demander s'il voudrait être ton cavalier au bal, c'était une blague j'espère ?

— Ah !

Je me sentis devenir cramoisie. Ginny leva un sourcil.

— Bien sûr que c'était une blague ! Heu... enfin elle a compris un truc de travers. Je veux dire... c'est Luna, quoi ! fis-je, avant de me forcer à rire.

—Hermione... tu comptes pas sérieusement aller au bal avec ce dégénéré ?

— Mais puisque je te dis que non ! C'est un gros malentendu, c'est tout.

— Comment en êtes-vous arrivées à un malentendu pareil ?

— Et bien.. je réfléchissais à voix haute, comme toujours, et.. Luna a mal compris ce que j'ai dit.

— Tu disais quoi ?

— Dis, c'est un interrogatoire là ? Je n'ai aucune intention de danser avec ce type, Ginny.

— Tu disais quoi, Hermione ?

— Mais je sais plus, bon sang ! Sûrement un truc du genre « je déteste Malfoy »...

Le couple était très suspicieux. Harry, qui n'avait pas ouvert la bouche jusque là, demanda à Ginny d'arrêter, lui disant que c'était pas leurs affaires. Soulagée, je le remerciai d'un regard, tout en sachant pertinemment que j'allais entendre reparler de cette histoire.

Le soir même, au dîner, je discutais avec mon meilleur ami du prochain match de Quidditch contre les Serpentard qui devait avoir lieu dans 3 jours exactement. Leur équipe avait été considérablement affaiblie par le départ des bons joueurs et ils étaient à présent simples à battre. Harry, capitaine de l'équipe, m'expliquait que ce serait très simple pour eux de remporter rapidement le match, et que c'en était presque décevant.

— Plus de duel.. avant, un match contre les Serpentard nous donnait du fil à retordre. Mais là, ayant entendu parler de leurs entrainements désastreux, je peux t'avouer que j'ai bien peur que ce ne soit trop facile.

— Tu sembles regretter l'époque où ils étaient forts.

— Je sais pas si je regrette cette période... peut-être.

Je vis le regard de Harry tomber sur Malfoy.

— Alors, cette histoire de bal ? Tu comptes y aller avec lui, ou pas ? fit-il, en me désignant le vert et argent d'un mouvement de tête.

— Harry... j'ai déjà dit plusieurs fois tout à l'heure que non... qu'est ce que je dois faire pour t'en convaincre ? De toute façon, pourquoi est-ce que je te mentirais ? Tu seras là, au bal, et si j'avais eu l'intention d'y aller avec Malfoy, j'aurais pas pu te le cacher au moment de la danse...

— Oui, c'est vrai. Mais bon. J'avais des raisons de penser que tu serais tentée d'aller vers lui.

Mon cœur s'emballa. Je me mis à fixer Malfoy.

— Déjà, je sais que t'es prête à faire à peu près n'importe quoi pour exaspérer Ron, reprit le brun. En plus, j'ai l'impression que Malfoy te regarde pas mal, ces derniers jours...

Au moment où Harry prononça cette phrase, le concerné tourna légèrement la tête dans notre direction. Il nous regarda, lentement, et retourna tranquillement la tête vers les autres attablés de sa maison. Mon cœur rata un battement. Harry me scrutait. Il cherchait probablement une réaction qui confirmerait ses soupçons.

— Ecoute, Harry. C'est vrai, tout à l'heure, j'ai dit à voix haute sans faire gaffe que Malfoy qui danse, ça devait être cocasse. C'est pour ça que Luna a fait la rapprochement avec le bal parce que, pour tout te dire, oui, je me suis bien demandée un instant si c'était envisageable d'y aller avec lui. Mais c'est tout ! Après, elle m'a dit quelque chose du genre « si tu veux y aller avec lui, fais-lui comprendre », et comme je suis partie, elle a dû penser que j'étais allée le voir...

—D'accord, je comprends mieux ! fit Harry. Je me demande quand même comment une idée aussi stupide a pu germer dans ton cerveau, Hermione.

J'avais envie de démentir. Après tout, il était tant que cette haine envers Malfoy cesse. Mais je ne dis rien. Il était déjà difficile de calmer les soupçons des deux amoureux, prendre la défense du Serpentard ne ferait que briser la crédibilité de mes paroles.

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