Je n'avais pas reparlé à Malfoy depuis l'épisode de la salle de classe vide. Je le voyais de temps en temps dans les couloirs ou dans certains cours mais il ne m'accordait jamais rien de plus qu'un regard. Alors forcément, je commençais à me poser des questions. Qu'est ce qui lui était passé par la tête, ce fameux jour ? Pourquoi m'avait-il avoué toutes ces choses sur lui ?
Je comprenais de moins en moins le Serpentard.
Ce soir, il y avait le fameux match opposant ma maison à celle de Malfoy. Ce dernier était capitaine de l'équipe en plus d'être à son poste d'attrapeur. Comme mon meilleur ami, en somme.
Et puis d'abord, je ne savais pas pourquoi il m'obsédait autant. Enfin, si forcément. Je m'étais posée la question. La question à laquelle tous les futurs partenaires de la personne qui préoccupaient leurs pensées répondaient, non sans mauvaise foi, « Non ! ». Et bien moi, je ne faisais pas de caprices. Eprouvais-je des sentiments pour Draco Malfoy ? Peut-être. C'était dur à admettre, mais je ne pouvais pas me mentir. Il constituait le centre de mes réflexions. Voir Ron avec sa copine ne me faisait plus qu'un petit pincement au cœur, oublié dans les secondes qui suivaient. Malfoy l'avait balayé de mes pensées. Tout était arrivé très rapidement. Son discours dans la salle vide m'avait bouleversée,sans que je ne comprenne pourquoi. Je n'avais pas osé penser à de l'amour, au début, mais je détestais me mentir. Et, comme je m'étais posée la question, je m'étais forcément posée l'autre question. Avait-il, lui, des sentiments pour moi ?Ce n'était pas impossible, et plusieurs éléments pouvaient justifier cette réponse. Entre son discours de l'autre jour et ses regards fréquents, il y avait de quoi douter. Ou alors, j'avais tout inventé, et Harry et moi avions halluciné. C'était aussi probable. Mais il y avait autre chose qui me faisait de la peine à admettre. C'était la tristesse que je ressentais quand Malfoy passait à côté de mi sans m'adresser la parole. J'aurais presque aimé qu'il continue à critiquer mes potions.
— Et bien Hermione, ça bosse dur, me lança Ginny, arrivée derrière moi sans que je ne la remarque.
— Ah... j'étais perdue dans mes pensées.
Je jetai un coup d'œil à mon parchemin, où un début de phrase sur le philtre de paix attendait piteusement d'être complété depuis une bonne demie-heure.
— Tant que c'est pas Malfoy qui les occupe, tout va bien, plaisanta-t'elle.
— C'est sûr.
Ce n'était pas possible, elle le faisait exprès !
— Bon alors, t'as un cavalier ?
Non, bien sûr. Je ne répondis rien.
— Faudrait que tu t'y mettes sérieusement..
— Je sais, lâchai-je, une pointe d'agacement dans la voix.
— Au pire.. tu viens seule, et tu verras bien s'il y a... heu... des types pas pris.
— Ouai c'est ça, pour danser avec le laideron du coin.. non merci !
— Il me semble que Neville a personne, pour le moment. Il est pas laid, et en plus il danse très bien.
Neville..bonne idée. Je l'appréciais beaucoup. Il accepterait forcément. De toute façon, je n'étais pas condamnée à rester avec lui toute la soirée. C'était au moins pour ne pas arriver seule.
— Merci, t'as raison. J'irai le voir avant le match.
Et je me remis à mon devoir que je devais finir pour le lendemain.
Quelques dizaines de minutes plus tard, Ginny et moi quittions la bibliothèque pour nous rendre au stade. Elle partit aux vestiaires, où je l'accompagnai pour souhaiter bonne chance à Harry et les autres. Tout le monde était très confiant. Pour ma part, je revins sur mes pas et partis à la quête de Neville. Lorsque je le trouvai, il était à l'entrée de l'arène. Je m'approchai de lui, le saluai, et engageai la conversation tandis que nous progressions dans les gradins. Il se trouvait que pour le bal il avait promis une ou plusieurs danses à Luna, en toute amitié, mais qu'elle serait en retard pour une raison qu'il n'avait pas trop saisie et qu'il serait donc disponible au début de la soirée. Voyant mon visage s'illuminer, il me proposa d'être son cavalier pour les premières danses. « En toute amitié.. » précisai-je, un sourire malicieux aux lèvres. « Bien sûr ».
Parfait. Je n'arriverai pas seule. Se présenter sans cavalier avec Malfoy qui me regarderait du coin de l'œil.. ce n'était pas envisageable. Lui serait d'ailleurs sûrement accompagné d'une des plus belles filles de l'école.. ou peut-être même une de l'école Beauxbâtons, puisque ces filles avaient la réputation de charmer tous les jeunes hommes qu'elles rencontraient sur leur passage... Cette pensée me rendit nerveuse.
Luna nous rejoignit peut de temps après, son légendaire chapeau de lion rugissant sur la tête et ses jumelles autour du cou. Les joueurs entrèrent dans l'arène sous les applaudissements et les cris des spectateurs et le match débuta. Ce fut alors le début d'une longue victoire, sans surprise, pour les Gryffondor. J'avais emprunté les jumelles de Luna à plusieurs reprises pour regarder Harry. J'étais sure qu'il avait eu l'occasion d'attraper le vif d'or plus d'une fois, mais l'avait laissé filer, tout en surveillant Malfoy. Celui-ci était extrêmement tendu. Il arrivait qu'il hurle des ordres à certains joueurs. En fait, je n'arrivais pas à apprécier pleinement la victoire des Gryffondor, même si j'en donnais l'air. Serpentard avait une mauvaise équipe, c'était beaucoup trop déséquilibré.
Mais tout d'un coup, alors que Gryffondor menait 70 à 10 (Serpentard avait marqué une fois, Ron avait laissé passer le souaffle par excès de confiance, il pensait que le joueur vert et argent raterait son but...), tous les regards se tournèrent vers Harry et Malfoy qui s'étaient lancés dans une poursuite sans merci vers le vif d'or. Malfoy était légèrement devant. Je saisis les jumelles de Luna et, sentant monter l'angoisse, je visai les deux attrapeurs. Ils volaient assez serrés et se précipitaient droit vers le sol. Connaissant Harry, je savais qu'il redresserait son balais au dernier moment. C'était ce qu'il se passa : Malfoy freina un peu avant Harry, qui se redressa une seconde plus tard à peine. Cette avance précieuse que l'attrapeur des Serpentard avait perdue le rendit dingue. Aveuglé par la colère, il reprit sa poursuite après Harry, qui n'avait toujours pas attrapé la petite sphère ailée. Je vis soudain quelque chose qui m'arracha un cri d'horreur : un cognard arrivait droit sur Malfoy alors que celui-ci gardait les yeux fixés devant lui. Quelques instants plus tard, le blond fut éjecté avec une violence inouïe de son balais et roula plusieurs mètres sur le sol, avant de s'immobiliser, inerte. A cet instant précis, tous les Gryffondor poussèrent un hurlement de joie, et la voix amplifiée du commentateur annonça : « Harry Potter a attrapé le vif d'or ! Gryffondor remporte le match à 220 points contre 10 ! ». Ainsi, seuls les Serpentard et moi-même semblions avoir remarqué que Malfoy ne bougeait plus. Quelques joueurs vert et argent se posèrent avec précipitation près de leur attrapeur et se penchèrent sur lui. L'angoisse me noua le ventre. La victoire de Gryffondor ne m'importait guère.
Quelques professeurs descendirent sur le terrain et jugèrent qu'il fallait l'emmener à l'infirmerie. Je ne pouvais pas rester une minute de plus sans connaître la gravité de son état. Au risque d'éveiller les soupçons, je dégringolai les gradins, descendis sur le terrain et me lançai à la poursuite de Malfoy, transporté par les joueurs de son équipe en direction du château.
VOUS LISEZ
Let It Happen
Fanfiction◊ When it happens, let it happen ◊ Poudlard, septième année. Être Hermione Granger ne me conférait pas de privilège particulier, c'est pourquoi j'étais de retour au château avec Ginny et Harry pour valider mes A.S.P.I.C.S. et espérer obtenir un empl...