Chapitre 9

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Le lendemain du drame, nous étions en cours de potions lorsque je remarquai que Zabini était seul. Forcément, le seul autre Serpentard avec qui il discutait d'habitude était à l'infirmerie. Je pris mon courage à deux mains et lui proposai de venir avec Harry et moi. Il sembla légèrement surpris de l'offre mais accepta sans mot dit. Nous fîmes chacun notre potion en silence. La mienne était relativement bien réussie, pour une fois. Je regrettais amèrement que Malfoy n'ait pas vu ça. Vers la fin du cours, je ne pus me retenir de prendre discrètement des nouvelles du jeune homme auprès de Zabini.

— Il va bien. Il sortira demain matin, me fit-il sèchement.

— Merci, répondis-je, en me faisant la réflexion qu'il n'était définitivement pas facile de communiquer avec un Serpentard.

Zabini sembla hésiter, puis il me dit :

— Déjà, le soir du match, t'étais venue le voir au moment où il venait de tomber. Maintenant, tu prends de ses nouvelles. T'as vraiment l'air inquiète pour lui.

J'avais anticipé ce genre de remarque, et je répondis, le plus naturellement que je le pus :

— J'aurais fait de même avec n'importe quelle personne.

Je sentis que je ne l'avais absolument pas convaincu, ce qui me mit mal à l'aise.

— Je ne lui dirai rien, fit alors le garçon.

Etonnée par la confiance que Zabini voulait que je lui accorde, je préparais déjà ma réplique quand il me dit, soudain très mystérieux :

— J'ai aimé une fille de Serdaigle pendant très longtemps. Mais la tension qui régnait entre nos deux maisons m'a poussé à ne rien lui dire. Aujourd'hui, elle est partie. Et je ne la reverrai plus jamais.

Vivement surprise par cette confession, je ne sus quoi répondre. Mais le métisse n'attendait apparemment plus rien de moi. Il finit de ranger son matériel et sortit de la salle sans un sourire ni un mot ajouté.

Quel étrange aveu. Surtout venant d'un Serpentard tel que Zabini. Je n'arrivais qu'à peine à croire qu'il ait réellement prononcé ces mots. Aurait-il compris ? Comment était-ce possible ? Malfoy ne m'avait parlé qu'une fois ces derniers jours, et je doutais que son ami le sache ! Ou alors la veille, quand on s'était disputé devant la porte du cachot ? Zabini était là au moment de la scène, mais rien n'avait pu me trahir à ce moment,de plus, je ne savais même pas encore que je ressentais quoi que ce soit pour Malfoy...

Peut-être que Malfoy lui-même lui avait parlé de moi. Cette idée me mit dans tous mes états. J'étais incapable de me concentrer en cours de sortilège, et au lieu de transformer en portoloin la vieille botte de pluie dont le caoutchouc pendait mollement sur ma table, je la fis exploser à la manière de Seamus.

Le visage couvert de suie dont je ne pensais même pas à me débarrasser, je quittai piteusement la salle et retournai dans notre salle commune lorsque, dans un couloir, Malfoy émergea de nulle part face à moi. Il portait toujours son bandage au bras et avait l'air assez fatigué. Il n'en était que plus séduisant et désirable. Il ouvrit la bouche lorsqu'il me vit, puis un rire très moqueur s'échappa de ses lèvres. Vexée et scandalisée, je me sentis rougir atrocement. Je ne lui laissai pas le temps de faire une remarque déplaisante et je m'exclamai, tout en tentant de m'essuyer le visage avec ma manche :

— T'es pas sensé être à l'infirmerie, toi ?

— Ils m'ont laissé sortir, je me suis bien conduit.

Je ne pus que rire.

— Tu t'es mise dans un bel état, Granger. Je me demande comment t'en es arrivée là, dit-il, toujours aussi moqueur.

— Un sort qui a mal tourné...

— C'est de me savoir blessé qui t'a perturbée à ce point ?

Il abordait toujours son petit sourire en coin mais j'étais presque sûre que cette question était innocente. Du moins, je l'espérais très fort.

— Hélas, je suis déçue de constater que ta langue n'a pas été touchée...  ça m'aurait fait de belles vacances.

— Allons, tu ne penses pas sincèrement ce que tu dis. De plus, tu savais très bien le soir même que j'étais seulement blessé au bras.

Là, ça devenait plus grave. Je préférais ne rien dire, mon cœur battant la chamade, en espérant qu'il dirait autre chose. Qu'il changerait de sujet.

— T'étais la seule Gryffondor à être venue me voir. Pourquoi est-ce que t'es pas allée faire la fête avec les autres ?

Il m'avait vue. Bon sang... Je sentais mes mains devenir moites. Son regard me transperçait, je perdais mes moyens. Il fallait que je me ressaisisse.

— Ca aurait pu être toi ou n'importe qui d'autre, je...

— Granger, tu mens très mal.

Il fit quelques pas dans ma direction. Il n'avait absolument pas une attitude menaçante, il cherchait juste à me faire parler. Mais comment savait-il ? Etait-ce de l'audace pure, ou bien avait-il deviné ? Dans tous les cas, je me sentais dans une position d'infériorité insoutenable. Je voulais mettre fin à cette rencontre des plus stressantes.

— Je voulais savoir si tu n'étais pas gravement blessé, c'est tout.

Et je me dépêchai d'ajouter, avant qu'il puisse me coincer à nouveau :

— Si ça te dérange pas, Malfoy, je vais aller me laver. Je déteste le contact de la suie sur ma peau.

J'hésitai un court instant, puis je tentai le tout pour le tout.

— On pourra toujours se revoir une autre fois.

Il ne souriait plus du tout, son visage s'était refermé.

— Très bien. A une autre fois, alors.

Puis il tourna les talents avant même que je réalise qu'il avait employé la même expression que moi. « Très bien ».

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