Chapitre 2

146 7 2
                                    

C'était le dernier cours de cette longue journée, cours de potions, avec les Serpentard. Ils étaient peu nombreux en 7ème année, puisque certains s'étaient rangés du mauvais côté au moment du combat et d'autres avaient tout simplement refusé de revenir à Poudlard. Les deux seuls que je connaissais étaient Zabini et cet abruti de Malfoy. D'ailleurs, depuis le début de l'année, Malfoy venait moins nous provoquer, Harry et moi. En même temps, après ce qu'il avait commis pendant la bataille, où il avait combattu comme Mangemort, il était très étonnant qu'il soit aujourd'hui encore à Poudlard, même si je savais qu'il essayait de se fondre dans la masse et se faire oublier. Malfoy était responsable de quelques morts, et j'étais convaincue que ça ne le rendait pas indifférent, aussi froid semblait-il lorsque la bataille était évoquée. Non, Malfoy n'était pas fier de ses actes. Mais ça n'empêchait pas cet idiot de continuer à être méprisant et hautain à notre égard, même si il mettait moins de cœur dans ses insultes. A sa place, j'aurais été morte de honte. Je n'aurais jamais remis les pieds ici.

Mais bon, Malfoy était là, devant son chaudron, toujours aussi doué en potions. Meilleur que moi, en fait. C'était horripilant, surtout qu'il ne manquait pas de me le faire remarquer à chaque cours.

— Alors, Granger ? fit le Serpentard, qui passa à côté de moi en jetant un regard dégouté dans mon chaudron. Satisfaite de cette fiante de dragon qui est sensée ressembler à une potion de mémoire ?

— La ferme, Malfoy.

Je m'étais appliquée, pourtant. Les vapeurs ignobles qui se dégageaient de mon chaudron me donnaient la nausée. Je faillis vomir sur les chaussures de Malfoy quand il passa près de moi. Au lieu de ça, nos regards se croisèrent un instant, et j'eus une folle envie de plonger son visage délicat dans mon affreuse mixture.

— Fais pas gaffe, marmonna Harry, à côté de moi

— T'inquiète, ça fait longtemps que les piques de Malfoy ne m'atteignent plus.

Je ne savais pas si Harry me croyait. Je ne savais même pas si je pensais ce que je disais.

— C'est vrai qu'elle est particulièrement ratée.. Hermione, tu fais moins pire que ça, d'habitude, fit Harry, les sourcils froncés.

— Je me suis plantée. C'est tout.

Soulagée que le cours prenne fin, je rassemblai mes affaires et sortis rapidement des cachots sans attendre mon ami brun. Malheureusement, Malfoy et Zabini étaient dans le couloir et ils me virent sortir dans un grand état de nervosité que je ne cherchais même plus à dissimuler.

— Granger, t'as raté une potion, c'est pas grave. C'est pas la mort.

Mais le sourire narquois du blond et son regard mauvais indiquaient qu'il ne tenait absolument pas à me réconforter. Pourquoi en aurait-il été autrement, après tout ? M'insulter et me rabaisser étaient les passe-temps favoris de ce crétin de Serpentard. C'en était trop. Je bouillonnais de colère. Tout cet énervement n'avait bien sûr pas été provoqué entièrement par ses interventions, c'était le résultat de plusieurs pénibles semaines où j'épuisais mes nerfs à sembler détendue et normale. Mais il fallait que ça sorte. Je ne me contrôlais plus. Il faut dire que ce blondinet avait une étonnante faculté à me faire sortir de mes gonds. L'air supérieur, il reprit :

— Je pense que ce cours est une preuve que tu n'es définitivement rien sans tes stupides livres, et...

— Je me fiche pas mal de ce que tu penses, Malfoy ! Essaie de te mettre ça dans le crâne !! m'écriai-je si fort qu'il s'arrêta net de parler. Comment oses-tu m'adresser la parole, comment oses-tu te pavaner avec ce que tu as fait ? Est-ce que je dois te rappeler tes actes, ici, dans ce couloir, devant tout le monde, ou t'es assez grand pour t'en souvenir tout seul ? Tu n'as acquis aucune maturité, depuis toutes ces années ? Tu es donc toujours réduit à insulter et à rabaisser pour te sentir exister ?

Ma dernière phrase lui fit fermer la bouche et contracter la mâchoire. Je crus voir passer un éclair de haine dans ces yeux presque incolores. Quelques Serdaigle nous dévisageaient tandis qu'ils marchaient dans le couloir. La respiration légèrement saccadée, je m'apprêtais à partir en trombe quand il attrapa brutalement mon poignet et me dit ceci :

— On en reparlera, Granger. Calmement. On reparlera de mes actes, si tu veux bien.

Et il me lâcha. Je courus avec précipitation le plus loin possible de ce malade et remontai dans notre salle commune où je m'avachis dans un canapé, incapable de me résoudre à faire mes devoirs.

Malfoy... Espèce d'idiot... je pleurais. De rage. Y'avait-il de quoi pleurer ? Il m'avait « juste » fait des remarques désobligeantes. Ca faisait des années que je les endurais. Le pire, c'est qu'il était moins virulent qu'avant, cette année. Forcément. Il ne voulait pas trop se faire remarquer, malgré tout. Mais il m'avait fait exploser de colère. Comment osait-il...

« On en reparlera ». Quand ça ? Ca ne sonnait pas comme une menace, mais je redoutais ce moment et espérais très fort qu'il ne devrait jamais arriver.

Qu'avais-je fait à Merlin pour mériter pareil traitement...

Je me roulai en boule dans mon fauteuil et tentai de m'assoupir tout en étant incapable de faire sortir de ma tête la face de rat de Malfoy.

Let It HappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant