L'échéance approchait. Le bal avait lieu dans deux jours. Depuis ma dernière interaction avec Malfoy, on ne s'était pas reparlé. J'avais eu le temps de réfléchir à son sujet, et j'en étais arrivée à la conclusion suivante : soit il s'amusait à me mettre mal à l'aise quand il le pouvait, soit il avait des sentiments pour moi. Je ne voyais pas d'autres alternatives. En tout cas, sa manière d'agir me déplaisait fortement. Cette manie de toujours vouloir avoir le dessus sur la conversation, cette espèce de drague à deux noises.. je détestais ça. Ne pouvait-il pas arrêter de toujours avoir le dernier mot ? Pouvait-il seulement arrêter de prétendre pouvoir séduire avec quelques paroles bien tournées et un petit sourire en coin ? Car oui, j'éprouvais de réels sentiments pour lui, le doute n'était plus possible, mais s'il continuait à me parler sur ce ton, je risquais, par pure fierté, de me fermer entièrement à lui.
Je me mis à la recherche d'une tenue pour le bal parmi mes affaires en désordre. De toute évidence, je n'en avais aucune. Prise d'un soudain coup de stress, je me dis que je devrai m'en procurer une le jour même, puisqu'une sortie à Pré-au-Lard était prévue ce samedi-là. Cette idée ne me plaisait guère. Et si aucune ne me convenait ? J'en discutai avec Ginny au dîner. Elle m'assura qu'elle connaissait un bon magasin où je trouverai certainement ce qu'il fallait.
C'est ainsi que le jour de ce fameux bal nous partîmes, elle et moi, à la recherche de la robe parfaite. Harry et Ron étaient aussi partis au village de leur côté. Avant d'arriver à la boutique de prêt-à-porter, Ginny et moi n'avions pas pu résister à la tentation d'acheter quelques gadgets de chez Zonko. Quand on entra enfin dans le magasin Gaichiffon, Ginny devint sérieuse d'un coup.
— Hermione, je suis désolée je me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais on est d'accord que la seule personne que tu veux séduire à ce bal, c'est Malf...
— Chut ! fis-je précipitamment.
Je sentis un frisson me parcourir le corps. Malfoy venait de mettre un pieddans la boutique, accompagné de Zabini et un autre Serpentard dont je ne me rappelais plus le nom. Je m'accroupis derrière un stand de vestes et plaquai mes mains avec force sur les épaules de mon amie pour qu'elle en fasse autant, ce qui manqua de la faire tomber.
— Qu'est ce qu'il te..
— Tais-toi ! Malfoy vient d'entrer dans la boutique ! m'exclamai-je dans un souffle.
— C'est une raison pour se cacher ? On va quand même pas attendre qu'il parte pour faire nos achats ! Et s'il vient dans ce coin, on fait comment ?
Je ne répondis rien, essayant de capter la conversation qu'il était en train d'avoir avec Zabini. Les deux amis avaient un peu marché dans la boutique. Malfoy était dos à moi tandis que je pouvais voir son ami de face entre deux vêtements. Ils étaient à quelques mètres de nous et étaient assez proches l'un de l'autre, ce qui leur permettait de peu élever la voix.
— ...de toute façon, tu t'en fous, toi, tu l'as déjà, ta tenue, disait le métisse.
Le blond parla à voix basse, je ne pus saisir sa réponse.
— Elle est à Poufsouffle, dit Zabini. En 6ème année.
J'entendis clairement un rire narquois de Malfoy.
— Dis-donc, s'énerva le brun, je compte pas me marier avec elle. Je voulais juste pas avoir l'air d'un crétin en arrivant seul.
Plus que jamais, je tendis l'oreille. Peut-être que j'allais savoir avec qui Malfoy sortirait, ce soir. Mais encore une fois, je n'entendis pas ses paroles.
— Si tu accordes aussi peu d'importance à cette soirée, je vois même pas pourquoi tu y vas, fit Zabini en haussant les épaules. Maintenant, si tu le permets, je vais m'acheter une tenue décente.
Malfoy se retourna brusquement tandis que son ami se mit à marcher devant lui. Je poussai Ginny avec des gestes frénétiques pour que l'on se déplace le long du stand en direction de la porte.
— On va sortir de la boutique discrètement, lui soufflai-je à l'oreille. On va partir et on reviendra dans un petit moment, quand ils ne seront plus là. De toute façon, on ne peut pas sortir de notre cachette maintenant, on serait repérée à 10 000 kilomètres.
Probablement exaspérée de mon attitude enfantine, la rouquine exécuta le plan. On se déplaça lentement, puis, arrivées au bout du stand, nous n'étions qu'à quelques mètres de la porte. Je me retournai et me tordis dans une position incroyable pour voir où étaient les trois Serpentard, et heureusement, ils étaient tous les trois au fond de la boutique, dos à nous.
— Maintenant ! m'exclamai-je en sortant de notre cachette en courant, les mains sur la tête en guise de protection.
Ginny me suivit de près. J'ouvrai la porte dans un geste hystérique mais en essayant de faire le moins de bruit possible et on se rua à l'extérieur. Je m'accroupis et collais mon nez sur la vitrine pour voir si les garçons s'étaient retournés mais ils me semblaient que notre plan avait fonctionné à merveille. Je soupirai de soulagement. Si jamais ils nous avaient entendues ou pire, vues, ça aurait signé la mort de ma dignité. Ou du peu qu'il en restait.
Ginny se releva et posa ses mains sur les hanches.
— Tu m'expliques pourquoi t'as fait autant de cinéma, tout ça parce que Malfoy est entré dans cette fichue boutique ? On aurait juste pu continuer nos achats tranquillement, si ça se trouve, on aurait même engagé la conversation avec eux.
On se mit à marcher en s'éloignant de la boutique tout en gardant un œil sur la porte.
— Ginny.. t'étais en train de dire haut et fort que mon but était de séduire Malfoy.. en plus je sais pas, j'ai paniqué, voilà tout. Et puis je me suis dit que si on restait planquées, on aurait pu entendre des choses intéressantes sur la cavalière de Malfoy, par exemple..
— Je comprends, marmonna Ginny. Mais s'ils nous avaient vues.. enfin, moi je m'en fiche, mais pour toi..
— Oui, je sais, la coupai-je. Ca aurait été assez terrible. Mais n'en parlons plus, allons nous balader innocemment jusqu'à ce qu'ils partent de la boutique.
Les trois Serpentard mirent peu de temps avant de ressortir de Gaichiffon. Zabini portait un paquet sous le bras. Ils se mirent à marcher en direction du château, arpentant le chemin principal du village dans le sens inverse par rapport à nous. Au début, Malfoy marchait les mains dans les poches et la tête baissé. Puis, quand on arriva à la même hauteur, il releva brusquement la tête et planta son regard dans le mien. Je le soutins sans grande difficulté mais fus saisie par la profondeur de ses yeux dont je ne me lassais pas. Je sentis la cadence de mon cœur redoubler en quelques secondes. On dépassa le groupe sans même qu'un mot fut échangé. A la fois déçue et soulagée, j'entrai de nouveau dans la boutique avec Ginny. On mit peu de temps avant de trouver une robe qui me convenait très bien pour un prix assez modéré. Noire, sans artifice, juste ornée de quelques fleurs fines et discrètes, avec un décolleté impeccable.
— Cette robe a été conçue pour toi ! s'exclama Ginny.
— Et pour faire tourner la tête de Malfoy.. ne pus-je m'empêcher d'ajouter.
Cette remarque fit rire la rousse, mais je sentais bien qu'au fond, elle avait toujours du mal à accepter que je puisse aimer un ex-Mangemort.
VOUS LISEZ
Let It Happen
Fanfiction◊ When it happens, let it happen ◊ Poudlard, septième année. Être Hermione Granger ne me conférait pas de privilège particulier, c'est pourquoi j'étais de retour au château avec Ginny et Harry pour valider mes A.S.P.I.C.S. et espérer obtenir un empl...