Je cours sans cesse dans un endroit inconnu. J'échappe à quelque chose, à quelqu'un. J'ai le souffle qui commence à s'estomper. Ma course s'allonge et je n'en vois pas la fin. Je commence à ralentir pour enfin m'arrêter, mais je sens quelque chose m'effleurer puis une main m'agripper le bras pour ensuite m'attirer et faire chuter dans le noir.
Je me réveille d'un coup, tout trempe et la respiration accélérée. Je regarde à ma droite pour regarder quelle heure il est, mais je remarque que je ne suis pas dans ma chambre. Je suis dans un lit et la salle est toute blanche et assez minimaliste. Je vois quelques machines autour de moi. Où suis-je ? Que s'est-il passé ? Pourquoi je suis là ? Je me sens encore un peu sonnée et vraiment fatiguée. Je sens quelque chose autour de mon poignet. C'est un bracelet rouge avec mon nom, un numéro dessus et... le nom de l'hôpital ? Je suis donc à l'hôpital ? Comme est-ce possible ? Je commence à paniquer quand quelqu'un toque et rentre dans ma chambre.
- Audrey !! Que t'est-il arrivé ?
C'est ma mère. Mais bordel qu'est-ce qu'il se passe ?
- Mais je sais pas... je suis où là, maman ? Panique-je.
- Il y a quelques heures on m'a appelée pour me dire que tu as eu un malaise en sport et tu as perdu connaissance... Je n'ai pas pu venir avant. Comment tu vas ?
Un malaise ? Ah, ça y est. Tout me revient. La course à pieds au collège, ma chute. Qui m'a amenée ici ? Qu'est-ce qu'en ont pensé les autres ? Je pense que je ne suis pas passée inaperçue dans la classe...
- Je... je vais bien... je crois... je suis encore sonnée... pourquoi je suis ici ?
- Je viens de te le dire, tu as fait un malaise, tu ne te réveillais pas et ta prof a appelé les ambulances. Audrey, il va vraiment falloir que tu remanges, c'est même plus une question de volonté, mais une question de vie ou de mort, tu ne peux plus jouer avec ça.
Manger ? Mais je mange, maman, je n'ai pas perdu 40 kilos non plus.
- Mais arrête avec ça ! Je m'énerve. Je mange tout à fait bien.
- Et pourtant tu as tout un tas de carences, tu es manque de pas mal de choses et c'est ce qui t'a fait perdre toute ton énergie. J'ai vu des infirmières avant d'entrer, ce sont elles qui me l'ont dit.
- Mais n'importe quoi ! Je veux rentrer à la maison.
- Tu vas devoir rester un peu ici le temps de te rétablir.
- Mais pourquoi ? Hurle-je.
- Parce que tu fais 45 kilos, et que tu es tombée dans les pommes ! Voilà pourquoi ! Je t'ai ramené ton chargeur, ton téléphone et quelques affaires.
Elle me montre un sac qui se trouve à côté du lit. Non mais je rêve ? Elle m'abandonne ici ? Comment est-ce que j'ai pu en arriver là ?
- T'es sérieuse là ?? Je vais bien ! Ramène-moi à la maison, je veux pas être ici !
- Pourtant tu vas y être obligée, s'énerve ma mère à son tour.
J'ai failli riposter quand une infirmière rentre dans la chambre.
- Excusez-moi, mais il va être l'heure de partir. Les visites s'arrêtent à 20h et les repas vont être servis.
Les repas ? Ah parce qu'en plus on va me nourrir ? J'ai juste envie de me barrer dans cet endroit, de ne plus revenir. De disparaître. Complétement.
- Bon, j'y vais, Audrey. Je repasse te voir demain.
J'ai à peine le temps de lui crier quelque chose que ma mère s'en va sous mes yeux. L'infirmière me regarde, et me demande si je suis capable de descendre dans le réfectoire pour manger. J'ai tout sauf envie de manger. Je lui réponds que je n'ai pas envie, et je me retourne pour pleurer à chaudes larmes. La jeune femme, voyant ma colère, n'insiste pas et referme la porte. Il ne suffit de quelques minutes avant de m'endormir profondément.Le lendemain, je me réveille tout doucement. J'entends un bruit proche de mon oreille. Je mets quelques secondes avant de pouvoir identifier le son et comprendre que c'est mon téléphone qui sonne. Par chance, il est juste sur la table de nuit à côté de moi. Je vois que c'est le numéro d'Ashley. Mon cœur s'accélère.
- Allô ? Je dis avec hâte.
- Oui, allô ? C'est bien toi, Audrey ? La copine virtuelle d'Ashley ?
Cette voix de femme m'est inconnue.
- Oui. Mais qui êtes-vous ?
- Je me présente, je suis la mère d'Ashley. J'ai appris très récemment que ma fille était proche de toi, et tu avais l'air de beaucoup compter pour elle.
Avais ?
- Malheureusement, j'ai une mauvaise nouvelle.
Non, non, non... La femme se racle la gorge, je sens que quelque chose est coincé.
- Il y a quelques jours, Ashley est... décédée... d'anorexie mentale. Je me devais de t'informer. Nous sommes tous très attristés.
Je lâche un petit "merci" à l'appareil et je raccroche. Je n'en crois pas mes oreilles. Je ne bouge plus, je suis incapable de dire ou faire quoi que ce soit. Je reste bloquée. Non non non non non non...
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Ce n'est plus moi
Novela JuvenilJ'ai toujours été une fille très gourmande, j'ai toujours aimé la nourriture. Je profite de la vie, je la croque à pleine dents. Mais qui aurait pensé qu'un jour je puisse tomber aussi bas ?