PROLOGUE BIANCA 2017

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photo de Bianca à vingt ans (Louise Brooks)

Casting de 1981 :

   Bianca : infirmière à l'hospice de la ville, 30 ans, fille mère, timide, docile, inféodée à sa mère et à sa grand mère !  

Thérèse : Mère de Bianca, 50 ans, mariée, mère de quatre enfants, au foyer, catholique et maîtresse femme !

Rosa ou Nona : grand mère de Bianca et mère de Thérèse, 75 ans, arrivée d'Italie en 1920, fille de ferme, jamais mariée, droite, courageuse et aimante ! 

Josie : copine et collègue de Bianca, 20 ans, célibataire, délurée, débrouillarde, n' a pas froid aux yeux  !

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BIANCA  2017

Vianney est dans son fauteuil, il se repose. Il y a sa canne à coté de lui et son cahier de conversation.

De mon coté, je lis distraitement. Je rêvasse plutôt. La lumière baisse doucement. Il va bientôt être l'heure de dîner. 

Une soupe, un fromage et un fruit ! 

Quelle tristesse, la maladie et la vieillesse !

Vianney est obligé d'utiliser une sorte de gros canard à bec pour la boire. Avec une cuillère, il en mettrait partout. Le soir, fatigué il a une plus mauvaise préhension de la main droite. Le fromage, il le mange de la main gauche. Et je lui épluche et découpe en morceaux le fruit.

Après le dîner, nous regardons les programmes télé puis le journal de vingt  heures.

Vient le temps de la mise en pyjama et du coucher dans notre lit double médicalisé. Je lui mets sa playlist de musique sur son MP3 et le laisse s'endormir.

Quand il est fatigué, plus aucun son ne sort de sa bouche et il ne cherche plus à communiquer même avec les gestes ou les pictogrammes. Si j'insiste, il s'énerve et peut avoir des mouvements désagréables. J'en ai pris mon parti. Cela ira mieux demain !

Je me retire dans le salon. Ce sont mes instants de liberté, où je peux faire ce que je veux dans la maison. Le reste du temps, je dois être à sa disposition ou au moins à portée de vue !

Bien sur, je ne vais pas sortir le soir ! Mais je surfe sur internet à la recherche de nouveautés sur du matériel ou des méthodes de rééducation de l'aphasie. Tout ce qui pourrait améliorer la vie de mon mari. Mais en deux années d'évolution, il est arrivé à un stade stable. Avec de nombreuses séquelles.

Il ne parle pratiquement pas. Quelques mots de la vie courante, et des phrases automatiques, de politesse surtout. Les gestes sont difficiles à comprendre  car il garde une raideur et une spasticité du membre supérieur droit. Il a appris à utiliser ses pictogrammes pour exprimer les demandes concrètes et ses émotions mais çà reste très limité.

J'ai appris à lire ses expressions faciales et son regard. Je verbalise  - il comprend tout - jusqu'à ce que je tombe juste. Des fois, il s'énerve et envoie tout promener. Mais dans l'ensemble, ce n'est pas un malade très compliqué et difficile à vivre.

Lui qui avait un caractère autoritaire, égoïste, meneur d'hommes, manipulateur, il est devenu passif, déprimé et triste. Il a peur de tout et a besoin de moi pour tout le quotidien. Si je m'absente, je le laisse en garde à une auxiliaire professionnelle. Mais il devient nerveux très rapidement et s'angoisse.

Dire que j'ai espéré çà pendant des années. Qu'il fasse appel à moi, qu'il ait besoin de moi ! J'ai couru après tout le long de mon mariage.

BIANCA LA VIE AMEREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant