NAISSANCE DE ROSE 1981

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Photo de la grand mère Rosa en 1981

Naissance de Rose en février 1981

BIANCA


La sage femme vient de me mettre ma petite fille sur le ventre enveloppée d 'un drap. A peine quelques secondes, l'aide puéricultrice  la prend pour lui faire les premiers soins. Pesée, mesure, lavage et habillage.

Ma grand-mère Rosa l'accompagne pour admirer son arrière petite fille. La professionnelle annonce trois kilos trois cent quatre vingt grammes et cinquante deux centimètres. La petite hurle de protestation. Rosa rigole : « elle fait ses poumons » .

La sage femme s'occupe de la délivrance et de récupérer le placenta. Elle appuie sur l'abdomen en m'ordonnant de pousser. Ce n'est pas douloureux. Beaucoup moins que les contractions qui ont duré plus de douze heures et la phase d'expulsion trente minutes.

En cette année 1981, la péridurale n'est pas la norme et Rosa m'a encouragée à supporter comme toutes les femmes de la famille, avant moi. Quand je commençais à crier, elle me grondait :

- Endure petite, sois forte, ne me fais pas honte ! Prie le seigneur et la vierge marie.

Tout cela en dialecte italien de la campagne vénitienne. Je me suis mordue la bouche jusqu'au sang pour ne pas décevoir Rosa. Lors des efforts d'expulsion, elle m'a chuchoté les prières que ses aïeules ont récitées avant elle, celles qui protègent la future mère et l'enfant. Je ne comprenais plus rien, sauf qu'il fallait que le bébé sorte coûte que coûte.

Malgré la position inconfortable, les jambes attachées dans les étriers et le corps sur le dos. Ma grand mère me soulevait la tête lors des poussées pour me soutenir et je bloquais mon diaphragme et sentais mon ventre se fendre en deux pour laisser cet enfant venir au monde. L'enfant du pêché !!!

Je ne suis pas mariée, même pas en concubinage ! Je suis en passe de devenir une fille mère. La honte de ma famille, italienne par ma mère et catholique pratiquante !!

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Six mois plutôt, automne 1980

La pratique religieuse de ma mère est pleine de bigoterie et de quant dira-t-on. Il faut bien que je lui avoue ma grossesse, le premier trimestre est passé, cela commence à se voir. J'en prends pour mon grade :

- Bianca, tu es la honte de la famille.Je ne t'ai pas élevée dans ces valeurs, etc.

Puis la question qui tue :

- Et le père ? Il est au courant ? Il est prêt à réparer ?

Que lui dire ? Je me suis laissée séduire par un interne remplaçant - un faisant fonction. Il assure des gardes de nuit et de weekend pour arrondir ses fins de mois. Il vient de Lille. Il a un physique avantageux, il est beau parleur et caressant.

 Vous connaissez la réputation des soignants en milieu hospitalier : pas froid aux yeux et la cuisse légère !

Au décours d'un couloir en nuit profonde, il m'a entrepris. il embrasse bien, me colle au mur et appuie son grand corps contre le mien. Ses mains partent à l'assaut de mon intimité.

Qui ne dit mot, consent : je suis tellement innocente- ou gourde - que je n'imagine même pas la suite...

Étreinte furtive et décevante. Il n'a même pas conscience de m'avoir déflorée. Après l'acte, il remet ses vêtements en place rapidement, un dernier baiser au coin de mes lèvres, une vague promesse de recommencer, puis il s'éloigne vers sa chambre de garde ou un autre service.

BIANCA LA VIE AMEREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant