LES QUATRE ANS DE ROSE PARTIE 2

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Image de Josie

Résumé : Bianca élève sa fille Rose de quatre ans  avec Nona sa grand mère et travaille à l'hospice comme infirmière avec sa copine Josie. Thérèse, sa mère, ne veut toujours pas la voir. Nona vient de se casser le col du fémur ...

BIANCA 1985

Après l'affolement général, on s'organise. Ma chef est très compréhensive, elle me donne des jours de récup' pour que je puisse faire face !! Finalement, la fracture de Nona n'est trop grave. Le chirurgien choisit de ne pas l'opérer. Elle doit rester alitée pendant deux mois puis autant de rééducation. 

On lui trouve une place en moyen séjour. Elle a de la chance, elle est placée dans l'aile rénovée. Chambre à deux lits avec cabinet de toilette, les murs sont  rose pâle, il y a la télévision et du mobilier dernier cri. C'est bien loin de mon service digne des années cinquante. Ici, les malades sont à quatre dans des lits rouillés et sans commodité.

 Mère et grand mère de soignantes, elle a le droit à un traitement  privilégié. Le personnel la chouchoute outrageusement. Je m'oblige à  venir la visiter quotidiennement. Comme tous les gens qui n'ont jamais été malades, elle est très exigeante. Bien qu'elle prétende le contraire.

- Bonjour ma fille, tu ne devrais pas venir tous les jours, tu as mieux à faire. Pense à la petite Rose.

Elle m'observe avec circonspection : 

- Je trouve que tu as mauvaise mine, tu es fatiguée. Je m'en veux de te donner tout ce travail.

La minute d'après, elle embraye sur une série de requètes. Exit mes cernes d'épuisement et mon teint chiffonné, il n'y en a que pour elle !

- Ma petite fille, n'oublie pas de régler la télévision, pense à m'apporter mes magasines de la semaine. Elle les énumère, il y en a un de plus chaque semaine. 

Elle poursuit sur sa lancée :

- Il me faut aussi une nouvelle robe de chambre, molletonnée pour aller en rééducation et plus de chemises de nuit. Je n'arrive pas à faire le tour avec le linge que tu me ramènes. Tiens, le sale t'attend dans mon armoire.

Elle déroule la litanie de ses besoins et désidératas. Beaucoup de reproches et peu de compliments. Elle ne se pose aucune aucune question sur comment je m'en sors. Seule entre mon boulot avec des horaires décalés et ma fille. Ma grand mère a pris goût à se faire servir !

Il y a autre chose qui l'obsède. Pour bien tourner le couteau dans la plaie :

- Ta mère, tu l'as mise au courant ? Je ne l'ai toujours pas vue.

Au début, je tergiverse :

- Je n'ai pas encore eu le temps, mais je vais m'en charger.

Elle m'admoneste, je tente une autre excuse :

- Josie est allée la voir ; elle est intraitable, elle te renie ainsi que moi.

Elle doute, se lamente, me supplie :

- Ce n'est pas possible. Une bonne chrétienne ne peut pas abandonner sa vieille mère. Fais intervenir le curé pour la faire changer d'avis.

- Je vais faire le maximum, je lui promets, en croisant mes doigts derrière le dos.

Je n'ai aucune intention d'affronter ma mère. Elle est parfaitement au courant des déboires de Nona. Si elle n'est pas venue de son propre chef à son chevet, mes supplications n'ont aucune chance !

Cela calme ma grand mère quelques semaines. Pendant ce temps, je me débats avec des problèmes de garde et d'argent qui me mange toute mon énergie.

BIANCA LA VIE AMEREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant