NONA 3

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 Nona 1986

Nona, sur son lit de mort revit sa jeunesse et son amour avec son ange...

 Nona autour de 1930

Je réfléchis rapidement : on est en septembre, cela fait au moins deux mois. C'était au début des moissons. Juste avant que je connaisse.... Seigneur, Marie, Joseph...

Dieu m' a vraiment envoyé un ange, Il ne s'appelait pas Gabriel, mais il m' a engrossée !!! Ou c'est le patron ? Je compte mes jours, il s'est passé presque un mois entre les deux et je n'ai pas vu fin juillet...

Je rougis violemment, la honte et la confusion, je vais épouser un homme et je suis enceinte d'un autre !

La mère se méprend :

- C'est une bonne nouvelle Rosa, un miracle ! Il a été marié vingt ans et sa femme n'a eu jamais, ne serait ce qu'un retard. Ils ont tout essayé, les potions, les incantations, les pèlerinages, les eaux thermales. Elle n' a pas été prise. Le médecin prétendait que cela pouvait être du coté de mon fils. Je lui en dirai deux mots quand tu iras le consulter.

Il (son fils) va être content quand il va savoir. On avancera les noces à la fin du mois et çà fera taire les mauvaises langues. Même si ton enfant naît un peu vite, ce sera dans des draps de lin avec un bon feu et le docteur à tes cotés. 

Elle trépigne de joie, se voit déjà grand mère. Moi, je verdis, si ce bébé vient au monde avant son terme, ils sauront qu'il n'est pas de lui. Je refais mes calculs, il y a un mois de battement entre la date supposée et la réelle. C'est jouable. 

Je m'enfonce dans le mensonge. Le père prétendu a un sourire de satisfaction et m' embrasse sur le front en remerciement. il s'en suit un long conciliabule entre la mère et le fils pour choisir la conduite à adopter. Je suis présente et au cœur de la conversation, cependant aucun des deux ne pense un instant à me demander mon avis.

Elle : Il faut organiser les noces au plus vite, avant que cela ne se sache. Je vais voir le curé, il comprendra. Tu es veuf, une cérémonie discrète en semaine sera facilement justifiable.

Lui : Pourquoi se cacher ? Nos accordailles sont officielles, on a déjà arrêté la date. Il y a encore beaucoup de travail à la ferme. Je veux un banquet  digne de notre famille. Avant novembre, c'est impossible !

Elle : L'enfant, si tu attend, on dira qu'il n'est pas de toi, que tu t'es fait duper. Que tu n'es bon qu'à endosser la paternité d'un autre.

Lui : Elle est grosse, et alors ? Nous ne sommes pas des perdreaux de l'année ; c'est une servante, je suis le maître, les gens savent bien ce qui se passe. Elle va revenir vivre à la ferme, dans ma chambre. Comme çà personne n'aura de doute sur ma paternité ! 

Elle : Mais que vont dire les gens ? En ménage sans être mariés, c'est scandaleux. On n'a jamais fait çà dans notre famille !

Lui : J'en ai rien à foutre de ce que pensent les gens. Des jaloux, des pisse froids ! Qu'ils osent venir me voir ! Y compris ton curé avec ses sermons, j'aurai bien des choses à lui dire !

Le fermier est libre penseur, il exècre la religion et ses prêtres. Que des hypocrites et des pervers ! Il ne tolère les bondieuseries que par respect pour sa mère. Il se tourne vers moi :

- Rosa, tu va récupérer tes affaires  chez la cousine et tu t'installes dans ma chambre. Garde la tête haute, tu es ma femme et tu attends mon enfant. Ce n'est pas un bout de papier qui va y changer quelque chose.

Elle : Le curé ne voudra plus bénir votre union.

Lui : Grand bien lui fasse ! Rosa, tu perds ton temps là-bas, tu ferais aussi bien de cesser d'y aller maintenant. Tu as mieux à faire à la ferme.

BIANCA LA VIE AMEREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant