TABLEAU PARFAIT

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Résumé : Les premiers pas de Bianca dans la vie conjugale, sous les conseils éclairés de nona...


Bianca 1985 :

Que raconter ? Ou plutôt comment le raconter ? Nos débuts à trois. Je devrais dire à quatre. Nona s'est immiscée dans cette histoire et a décidé d'y jouer un rôle non négligeable. J'ai tellement pleuré dans les années qui ont suivi mon emménagement chez Vianney que je voudrais vous faire un chapitre sur le mode de l'humour. Les causes désespérées, il vaut mieux en rire.

Nona s'est retrouvée en mauvaise posture. Vianney m'a fait rendre mon appartement, liquider mes meubles et transporter mes quelques affaires personnelles chez lui. Il avait certainement fait jouer ses relations pour que j'obtienne ma mise en disponibilité rapidement. En moins de quatre semaines, tout était plié.

La personnalité de Vianney est paradoxale. D'un coté, il a ce besoin de tout contrôler et de s'assurer son emprise sur les gens - moi et Rose en l'occurrence - Et de l'autre, il tient ses promesses, toutes ses promesses dès qu'il a engagé sa parole. Prendre soin de nous et nous offrir une vie confortable et agréable, c'est tout ce qu'il désire. Si j'avais pu m'en contenter.

Il veut que Nona vienne vivre près de chez lui dans une résidence grand luxe. Avec des petits studios indépendants et tous les services à la personne nécessaires. Çà n'a rien d'un asile ou d'un mouroir. Bien sur, pour ma grand mère cela revient à quitter son univers habituel et toutes ses connaissances qu'elle côtoie depuis près de quarante ans.

Nona refuse d'abord. Cela lui semble trop compliqué et elle ne veut pas céder à Vianney. Enfin, pas tout de suite. Elle me supplie - me somme - d'aller voir ma mère pour qu'elle accepte de la reprendre. Maintenant que Rose a un père, elle sera peut-être de meilleure composition.

Josie part en éclaireuse. Elle est toujours en compte avec Vianney qui lui assure une rallonge pécuniaire si elle va au charbon. Rebelote pour la grande scène de Thérèse. Elle est semblable à l'invitation au baptême de Rose. Elle ne se renouvelle pas beaucoup.

C'est la partie la plus drôle de ce chapitre. Imaginez la situation. Ma mère a la cinquantaine, plutôt sèche, juste l'abdomen proéminent suite aux grossesses. Elle porte sur sa jupe à godets et son polo tricoté main une blouse à fleurs ou à carreaux qui se veut gaie. Les pieds dans des savates en plastique, les cheveux frisottés et permanentés, mal couverts par une teinture bon marché. Elle est la caricature de la femme besogneuse qui cherche à se donner des airs de dame. Grace au catalogue de la Redoute.

Face à elle, Josie dans la splendeur de ses vingt cinq ans. Carrossée comme une Ferrari, ses formes s'échappant d'un haut décolleté, très court, le nombril à l'air et le pantalon deux tailles trop petites. Des échasses de dix centimètres, un maquillage de théâtre et une crinière peroxydée. Tous les hommes tirent une langue d'un mètre dans son sillage. Même André a les yeux écarquillés. Çà n'améliore pas l'humeur de Thérèse. Josie sue le sexe par tous ses pores et en joue un maximum.

La rencontre a débuté doucement. Thérèse  connait à peu près mes nouvelles aventures, néanmoins pas en détails. Elle est curieuse d'en obtenir, avant de jouer son cinéma habituel. Josie sent l'arnaque et le ton monte rapidement, des noms d'oiseaux sont échangés.

Ma mère me gratifie de nouveaux adjectifs : traînée, Pute de bas étage. Rose reste une petite bâtarde avec un père d'opérette. Un pauvre con crédule. Enfin pas si con, puisque il ne va pas jusqu'à m'épouser. Elle me prévoit des lendemains difficiles quand il découvrira mon vrai visage et qu'il me foutra à la rue avec ou sans ma fille.

Josie a le droit aussi à des qualificatifs peu amènes. Ma mère se lâche avec délectation. Il fait beau, les fenêtres sont ouvertes. Leurs cris se répandent dans la rue et les voisins viennent au spectacle. Pour une fois qu'il se passe quelque chose ! Josie n'est pas en reste et l'abreuve d'adjectifs bien sentis : mégère, mère et grand mère dénaturée, vieille mal baisée, pas baisée du tout etc. 

BIANCA LA VIE AMEREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant