Reflets d'Obsidienne Tome 1

Chapitre 2

Le village était inquiet. La disparition de la jeune fille avait en effet affolé la plupart des gens, mais ce n'était pas le seul facteur. Ankê, un jeune homme d'une vingtaine d'années, avait fouillé les bois alentours ainsi que les lieux favoris de son amie mais était revenu bredouille à chaque fois. Même en utilisant de la magie pour déterminer sa position, rien n'y avait fait. Son sort n'avait rien pointé, comme si elle n'existait plus, ce qui l'avait encore davantage inquiété. Il se faisait un sang d'encre, n'avait que peu dormi, à peine mangé et la fatigue commençait à le titiller de plus en plus. Mais sa détermination le maintenait encore éveillé alors que les gens, à l'extérieur, se faisaient passer de bouche à oreille les dernières nouvelles du village.

En plus de la disparition, l'Ancienne était mourante. Ankê avait dû poursuivre ses recherches seul car après avoir cherché en vain un moment, le village avait préféré se concentrer sur la personne dont la vie allait à son terme.

Le jeune homme lui aussi voulait passer du temps à son chevet mais l'amitié bien trop grande qu'il portait à Erieka l'en empêchait. Par la fenêtre, il pouvait voir les passants qui discutaient, rentrer finalement chez eux au petit matin. Il n'y avait plus rien à faire, le sort de la vieille femme était scellé.

Ce fut une des raisons pour lesquelles Erieka crut son village désert. Elle s'inquiéta à son tour que tout le monde soit parti à sa recherche alors qu'elle était là, toujours en vie. Entraver les activités de ses amis et compagnons était une chose qu'elle ne souhaitait jamais avoir à revendiquer, ce n'était d'ailleurs pas quelque chose dont elle avait l'habitude. Elle était plutôt du style à passer ses journées à l'intérieur quand elle n'avait rien à faire dehors. Préférant simplement retrouver son ami au plus vite pour le rassurer, elle débarqua dans la maison familiale.

Une maison toute simple. Blanche comme la chaux aux volets bleus ciel, avec un toit de bois et de pailles enchanté pour ne pas brûler ou laisser passer l'eau des fortes pluies. L'intérieur n'était pas immense, mais tout de même spacieux, regroupant le salon et la cuisine en une seule pièce ronde. Tout était harmonieux ici et elle adorait ça. Les ustensiles de la même couleur que les volets étaient tous faits dans le même métal qui faisait ce bruit bien à lui qu'elle aurait reconnu à des milliers de kilomètres.

Après avoir refermé la porte au petit hublot, la jeune fille n'eut aucun mal à reconnaître son ami qui ronflait la joue sur la table et la bouche entrouverte, bavant un peu. Pouffant en silence elle s'approcha, se disant que sa fatigue avait dû tout bonnement avoir raison de lui au final.

Sur la table de la cuisine elle trouva la cafetière à pois bleus encore chaude et fumante à moitié pleine de café. Pas de doute connaissant son ami, il avait dû en boire uniquement pour elle. Il fallait dire qu'il répétait sans arrêt que cette substance n'était qu'une addiction pour les gens paresseux. Erieka elle, lui reprochait uniquement son goût prononcé qu'elle adoucissait avec du sucre et du lait de vache. Elle s'en servit finalement un bol qu'elle sucra avant d'aller s'asseoir en face de l'endormi, volant un morceau de pain qu'il avait sorti également pour son petit déjeuner. Cela lui fit un bien fou de revenir dans un lieu connu de longue date et de manger des choses qui n'avaient pas la couleur de l'herbe de dehors. Elle aurait sûrement balancé les jambes sous la table si la douleur de sa tête ne s'était pas manifestée à nouveau, la forçant à marquer une pause et à sortir sa petite bourse qu'elle fixa un long moment jusqu'à ce que la douleur se calme. Une fois passée elle souffla de soulagement et se remit à manger, se moquant gentiment de l'état dans lequel Ankê se trouvait.

Peut-être pouvait-il entendre ses pensées d'ailleurs, car au moment même où elle faisait un commentaire silencieux le jeune homme bougea, cligna des paupières un instant puis se redressa dans un sursaut.