Chapitre 6

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Le vent hurlait plus violemment sur l'île du givre ce jour là, comme si la nature elle-même voulait faire passer un message à travers son comportement. Alexia, restait de marbre dans son habitat à l'abri, ses habits amples sur le dos, assise près de la fenêtre. Elle n'aimait pas son physique, bien qu'il n'avait rien de déplaisant. Sa peau grise s'accordait parfaitement bien avec le blanc de ses cheveux et celui de la fourrure le long de sa queue. Ses yeux d'acier surplombés par des sourcils blancs et courts faisaient penser aux cornes de glace qu'elle avait sur chaque côtés de la tête ainsi que sur ses épaules, ses bras et au bout de sa queue. Sa poitrine bien que camouflée était présente sous ses vêtements, cachant également sa taille fine mais pas ses traits de visage masculins. Elle s'ennuyait. Elle avait beau regarder dehors comme à son habitude, la neige ces temps-ci ne la calmait pas. Elle rêvait de partir, de tout quitter. Aller quelque part où personne ne la reconnaîtrait et où elle pourrait refaire sa vie. Soufflant doucement, elle posa son menton sur ses genoux qu'elle avait rapproché le plus près possible de son corps tapant faiblement le sol de l'appendice cornus qu'elle avait au dessus des hanches.

-Partir d'ici, c'est tout ce que je demande. Partir... Murmura t'elle en fermant les yeux comme pour se laisser sombrer, malgré la tâche qui lui incombait d'aller chercher le bois de chauffe qui était à l'extérieur. Au moins sa famille reconnaissait sa témérité pour la laisser aller le prendre à chaque fois. Elle ne supportait plus leur timidité et leur peur maladive de tomber sur quelqu'un qui leur voudrait du mal. Bien sûr que l'île avait certains dangers mais laquelle n'en avaient aucun? Par flemme elle préféra encore rester assise en ne bougeant pas d'un iota. Elle écouta simplement le bruit du vent et la voix de ses parents qui parlaient tout bas comme si même leurs cordes vocales pouvaient se briser. Sans doute encore en train de se plaindre d'un sujet quelconque et san réelle importance. Priant que quelque chose pouvait arriver pour la tirer de là, elle sombra dans une spirale de pensées sans queues ni têtes.

Toujours aussi curieux, Rohork marchait aux côtés d'Erieka en souriant comme il avait vraiment hâte de voir le village de ses nouveaux compagnons de route. Il restait cependant silencieux en lançant des petits regards intrigués à Ankê qui semblait contrarié depuis que la jeune fille avait proposé d'héberger le naga chez elle. Il préféra abandonner sa recherches d'explications comme chacune ne faisaient pas vraiment de sens. L'air de l'après midi était chaud et même à l'ombre le vent n'était plus si frais que ça. Un gargouilli se fit finalement entendre alors qu'Erieka rougissait en portant sa main à son ventre.

-Désolée... c'est juste qu'on a pas mangé depuis un moment. Se défendit-elle en esquivant le regard amusé de son frère adoptif.

-Je peux peut être aider à ce niveau là! Attendez un instant ajouta rapidement Rohork qui se pencha près de la terre. La touchant de son index, la même vague de couleur dorée passant sur ses yeux. Une tige se mit à pousser rapidement du sol pour devenir un petit arbre qui fleurit et donna finalement trois pommes rouges, que le naga cueillit. L'arbre miniature retourna directement à la terre une fois délesté. Tenez, dit-il simplement en leur tendant chacun une pomme, qu'ils prirent sans broncher. Erieka croqua dans la sienne en s'étonnant de la trouver fraîche et juteuse, mais surtout tout à fait normale. Ankê fit pareil, arrivant à la même conclusion qu'elle.

-Merci .. Rohork! Pour la pomme je veux dire. Articula le jeune garçon avec un peu du mal. Le naga lui répondit par un mouvement de tête et un sourire.

-C'est plutôt moi qui devrait te dire merci ouais ! C'est moi qui avait faim de base! Merci Roh tu me sauves la vie. Pas plus gênée que ça la jeune fille avait en un temps record accordé le statut d'ami à l'homme serpent, accompagnant ses paroles d'une tape amicale dans son dos. On va pas tarder à arriver au village. Ca sera un peu particulier comme ambiance, mais je pense que tu t'en sortira très bien. Enfin tu verra une fois que tu y sera, le plus important c'est de montrer de la joie. Rohork écouta sagement ses paroles en essayant de se dire qu'il avait compris même sil intérieurement il n'en était pas sûr. En regardant au loin le début du toit d'une maison du village se fit apercevoir, les trois croquant dans leur pomme respective. Erieka n'avait pas vraiment envie d'y retourner cependant, mais prit sur elle pour ne pas le montrer. Son sentiment était partagé par Ankê qui passait son mal sur le trognon de sa pomme qu'il finit par lancer dans un fourré. Le seul qui était visiblement content d'être là était le naga. Emerveillé par ce qu'il commençait à voir, il l'inscrivait dans son esprit comme pour ne jamais l'oublier. Il fallait dire que cela n'avait rien à voir avec l'endroit d'où lui venait. Ici les maisons étaient pour la plupart rondes, comme celle d'Ooma. Faites de matériaux simples comme de la chaux blanche elles se ressemblaient à peu près toutes, ayant pourtant chacune leur charme propre. Certaines avaient des volets ronds d'autres carrés, leurs toits pouvaient être de paille uniquement ou de bois. D'autres qui avaient plusieurs pièces possédaient une deuxième petite maison collée directement à la première pour ajouter de l'espace. Comme celle du chef du village par exemple ou celle d'Ooma. Sur la grande place au milieu il y avait trois différents puits qui alimentaient le village en eau qui était accompagnée à chaque maison par magie dans des tuyaux souterrains ou pour les plus chevronnés directement téléportée dans leurs éviers. Entouré par la forêt, le village donnait un sentiment de sécurité à ses habitants. Étonnement, il n'était pas tout plat. Vers la fin, là où avait résidé l'ancienne, se trouvait une une petite colline qui surplombait un peu le tout comme une tour de garde en cas d'attaque, bien que ça n'était qu'un caprice du sol. Toujours est il que Rohork ne se lassait pas de regarder les gens de plus en plus intrigués du peu de personnes dehors à cette heure. Erieka et Ankê qui connaissaient le chemin comme leurs poches allèrent sans hésiter chez leurs parents, entrant en laissant la porte ouverte pour que le naga les suive à l'intérieur. Ce qui prit du temps d'ailleurs, comme il fixait un enfants assis à même le sol qui jouait avec de la terre. Erieka fut forcée de le prendre par la main pour le tirer à l'intérieur, amusant Ooma de ce spectacle peu commun.

Reflets d'Obsidienne Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant