Chapitre 15

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C'était grand, bien trop grand. Pour Adae la pièce qui n'était pourtant pas si grande lui paraissait immense. Sans compter que sa maman s'affairait à la cuisine, ne la regardant que de temps à autre. En lui souriant bien sûr.

Non mais qui laisserait son enfant aussi longtemps tout seul? Comment ça il ne faut pas critiquer la manière d'éduquer que les autres ont? Moi avoir des enfants....? Et si on continuait?

De là où il était le bébé s'émerveillait de voir de mieux en mieux ce qui l'entourait, tendant parfois les bras pour attraper des choses bien trop loin pour lui. Vite découragée, ou parce que les cuillères qui pendaient bougeaient un peu à côté de la fenêtre, Adae arrêtait presque aussitôt. Hypnotisée pendant un bon moment par ce mouvement singulier, elle serrait son doudou contre elle: Une peluche en tissu faite par sa mère qui une fois enchantée disait je t'aime Adae. Le bourriquet était contre sa toute petite poitrine, martyrisé par ses doigts boudinés. La petite était pleine de vie et d'entrain. Aidée par son don, elle grandissait bien plus vite physiquement. Ooma et Gavriil avait bien entendu vérifié qu'elle en avait un même si c'était évident à présent. Petit et à peine perceptible, il dormait pourtant bel et bien en elle. Adae avait été jusque là très sage la nuit et ne rechignait pas à dormir. Enfin, quand elle avait reçu de longs câlins et de nombreux bisous. Il était de toute façon impensable d'utiliser la magie sur un nourrisson pour le faire taire. Du haut de sa chaise la petite put voir entrer son père, qui enleva bien vite le chapeau de paille qu'il avait sur la tête pour venir embrasser sa femme puis sa fille. Derrière son sourire rassurant se cachait de l'inquiétude que seule sa femme remarqua. Sous les yeux de leur enfant, les deux parents commencèrent à parler des récoltes qui malgré l'aide qu'on leur apportaient poussaient de moins en moins bien et en quantité réduite. Bientôt et ils le savaient, Gavriil allait devoir faire son rapport à la capitale, pour avoir des réponses sur ce phénomène qui jusque là n'avait jamais eu lieu. Certes parfois la terre était moins généreuse, mais là c'était comme si elle même ne pouvait pas donner plus. Craignant que cela ne se généralise, Gavriil prit la décision de partir même si sa femme le suppliait presque de rester encore un peu. Non pas qu'il n'en avait pas envie, mais il avait un trop fort sens de la communauté. Adae gazouilla un peu, attirant l'attention du couple qui se calma aussitôt comme si toutes leurs inquiétudes venaient de s'envoler. Avec un sourire ils prirent dans leurs bras ce petit être si cher à leur coeur. C'était aussi pour elle qu'ils s'inquiétaient après tout. Comment pouvaient-ils laisser en héritage une terre infertile à leurs enfants, les vouant à une mort certaine? Gavriil se devait de partir. C'était le rôle du représentant du village après tout.

Il ne fallut pas beaucoup de temps pour trouver trois chevaux disponibles. C'était trop rapide pour être normal, fit remarquer Erieka à elle-même. Elle savait pertinemment que la bourse que Rohork avait sorti y était pour quelque chose. Un simple coup d'oeil vers celui qui était en train de les leurs montrer avait suffit. Le visage morne du vieil homme s'était couvert d'un faux air charmé. Une fois dehors il conduisit les trois amis au champ le plus proche, leur présentant trois chevaux bruns et tachetés. Rohork sourit un peu en repensant à la robe de son ami Kamel qui était similaire à celle-ci, alors qu'il venait caressait le cou puissant de l'un d'eux. Ankê n'était pas plus mal à l'aise que cela et caressa également le sien. Seule Erieka restait en retrait. Les animaux voyaient à travers les sortilèges après tout. Hésitant toujours un peu, elle finit par s'avancer vers celui qui lui était destiné. Ne sachant pas à quelle réaction s'attendre, elle se prépara au pire en enroulant sa queue sur elle-même. Cela n'allait pas changer grand chose, mais c'était tout comme se ronger les ongles pour la jeune fille. D'un pas lent elle se rapprocha du cheval qui pouvait la voir à présent. L'animal se figea en apercevant ce qu'elle était. Immobile, il la fixa pendant ce qui semblait être une éternité pour la jeune fille, avant qu'à la surprise du petit groupe, il ne baisse la tête. Le propriétaire ne le remarqua pas vraiment, seul Ankê l'avait vraiment vu faire.

Reflets d'Obsidienne Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant