Chapitre 4

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Ankê n'avait pas menti. Après être sorti seul sous les regards intrigués des gardes de la maison il avait couru rejoindre Ooma. Elle faisait un peu de rangement pour s'occuper l'esprit, visiblement inquiète pour une raison qu'il devina facilement. Il eut tôt fait de la mettre au courant et de la soulager un peu. Mais il posa une autre forme d'inquiétude sur son visage, avant qu'elle ne le suive lentement à cause de son ventre. Erieka s'était mise dans le coin le plus sombre et redoutait sa réaction. Elle avait beau être sa mère adoptive les humains restaient surprenants par leurs réactions démesurées ou illogiques. Même si elle lui portait une confiance aveugle.

-Erieka ? Viens dans la lumière, n'ait pas peur de te montrer au grand jour. Dit la femme d'âge mûr sur son ton doux habituel. Elle n'était jamais prompte à la colère. Peut être un peu quand on dérangeait sa maison, mais le plus souvent c'était à cause du stress lié à sa nature protectrice. Elle tenait à ce que tout soit toujours remis à sa place. Erieka aimait bien cela mais Ankê se faisait un malin plaisir de la faire tourner en bourrique en modifiant la place des choses quand elle avait le dos tourné. Toujours est il qu'Erieka hésita un long moment avant de s'avancer vers la figure maternelle qui l'attendait. L'espace d'un instant Ooma fut surprise et ne s'en cacha pas. Posant sa main sur sa bouche grande ouverte elle finit par se reprendre. L'ancienne ne mentait pas alors.. Tu es vraiment différente de nous. La jeune fille crut sentir son coeur se briser, avant qu'Ooma ne reprenne la parole. Mais tu n'en restes pas moins belle à mes yeux. Ajouta t-elle peu de temps après, libérant Erieka de la peine grandissante qu'elle avait ressenti face aux premiers mots qui avait quitté les lèvres de sa mère adoptive. Sans plus de manières elle vint se blottir contre elle et respira son parfum, un mélange d'herbes aromatiques et d'ail qu'elle utilisait dans presque tout ce qu'elle cuisinait. Une manière de rester saine de corps d'après elle.

-Alors elle te l'a dit? Tu le savais tout ce temps Ooma? Erieka ne lui en voulait pas, pas plus qu'à mémé, même si elle se demanda pourquoi elles le lui avaient caché. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, qu'elle l'ait su ou non. Elle avait reçu toute sa vie tout l'amour dont elle avait eu besoin malgré tout.

-Elle me l'a dit oui, quand elle a compris qu'elle allait bientôt mourir. Il y a peut être une semaine mais pas plus.. Ou c'était il y a deux jours, tout est allé si vite.. Mais pour répondre à ta question, je ne savais pas avant ça. Mais qu'importe, ça m'a permi d'avoir une fille merveilleuse pendant toutes ces années, je me fiche bien que tu sois humaine ou non.. Mais je comprend que tu ne veuilles pas que le reste du village le sache pour l'instant.

-Je, je comprend. Je sais que j'aurais fait pareil et je ne la remercierai jamais assez de m'avoir permi de vous connaître et de grandir avec vous comme tout le monde. Mais tu as raison Ooma, pour le moment je ne veux pas qu'on remarque ça. Ankê te l'a peut être dit mais j'ai moi aussi le don à présent et je veux m'en servir pour me cacher comme mémé l'a fait. Tu veux bien m'apprendre ? Cette déclaration surprit à peine Ooma, qui l'avait bien senti rien qu'en entrant dans la pièce. La jeune fille ne savait pas cacher ce qu'elle dégageait et rendait sa perception encore plus facile. Elle hocha alors la tête pour répondre positivement à sa question et se décala pour quitter ses bras.

-Tu as raison. Pour le moment c'est les funérailles le plus important. Tu ne peux pas faire la fête si tout le monde te dévidage. Même si je pense qu'ils ne le feraient pas. Dit elle plus bas comme elle connaissait le caractère des habitants du village. Il vaut mieux annoncer une chose à la fois. Ajouta la femme qui éclaira la pièce, après avoir tracé dans les airs ce qu'elle voulait comme elle le faisait toujours. Là, on sera mieux pour le faire. Ankê appréciait lui aussi la lumière plus présente dans la pièce à présent. La magie c'est un peu comme de la pâte qu'il faut pétrir et à qui on donne une forme. La qualité de ce que tu obtiens dépend de la force de ta conviction et de l'énergie que tu dépenses. Si tu es déterminée à ce que personne ne voit le changement de ton apparence personne ne le verra, tout comme la magie qui émane de toi. Enfin sur ce point là je pense que certains pourront, c'est assez intense après tout. Mais je suis sûre que tu vas y arriver. Puise en toi les ressources dont tu as besoin. Tout vient de ta personne et pas des autres. Essaye de le faire comme si ta vie en dépendait, quand on débute en magie avoir une pression énorme aide parfois plus que l'inverse.

Reflets d'Obsidienne Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant