Chapitre 10

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Lucia avait enfin réussi. Cette fois-ci son illusion ne faisait pas n'importe quoi. Elle se tenait correctement sur sa branche à lire ses parchemins, laissant le loisir à la zaer de s'enfuir l'esprit tranquille. Ignorant les recommandations de ses aînés, la jeune fille se lança à travers le bois de lumière qu'elle connaissait comme sa poche. Elle n'était pas du genre à se morfondre ou à regretter. La jeune fille aimait bien plus faire la course avec les lumions qui peuplaient l'endroit. Ses cheveux étaient courts au reflets argentés. Sa peau était claire, presque blanche et comme le voulait la tradition elle était couverte de tatouages noirs. Son préféré restait celui qui passait sur sa tempe et donnait l'impression qu'une plante grimpait pour rejoindre sa chevelure. Une fois arrivée dans le bosquet, Lucia sentit que les choses ne tournaient pas rond. Certes les lumions étaient toujours présents, mais bien moins éclatants que dans son souvenir. Certains n'allumaient même pas leur petit corps en forme de bulle. Inquiète elle les observa, les pesa et les porta en cherchant ce qui allait de travers. Son inquiétude doubla quand elle se rendit compte que son compagnon de toujours, Grillion, ne brillait pas avec autant d'ardeur qu'avant. Il avait l'air fatigué bien qu'il gardait le même charactère. C'était plus qu'inhabituel. Même s'il était venu vers elle en produisant ses petits bruits joyeux, la zaer savait qu'au fond quelque chose ne tournait pas rond. Pourtant grâce à sa jovialité la sienne revint petit à petit. Réduisant sa peur à néant pour le moment elle rit à nouveau, courant après lui qui zigzaguait à travers les arbres ensoleillés de la forêt.

Bien que peu de temps se soit écoulé depuis le départ de leurs enfants, Gavriil et Ooma s'inquiétaient tout de même. Ils attendaient avec impatience un message de leur part et ce même s'ils leur faisaient confiance. Adae était en pleine forme et leur donnait de quoi s'occuper en l'absence prolongée de leurs deux autres enfants. Pourtant d'autres choses venaient troubler leurs pensées. Gravriil allait bientôt devoir repartir pour emmener les récoltes et assurer son rôle de liaison direct. Mais ce qui le troublait plus que d'habitude était l'état des champs. Malgré l'aide qu'ils recevaient de leurs moissonneurs ils produisaient bien moins de récoltes. Si le sol venait à ne plus rien produire, là les ennuis commenceraient vraiment.

-Votre altesse? En entendant la voix de sa fidèle servante Altus fut tiré de sa torpeur, assis sur son trône dans l'immense salle vide.

-Oui, oui qui y'a t-il Amna? Demanda l'homme d'âge mûr qui venait de se redresser et de secouer la tête rapidement. C'était un roi bon et juste, qui ne convoitait jamais plus que ce qu'il lui avait été donné d'avoir. Cela avait tendance à agacer certains membres du conseil royal, qui voulaient toujours avoir plus qu'ils n'avaient déjà. Amna n'était pas dupe, elle le connaissait comme si elle l'avait fait. Un léger sourire aux lèvres, elle fit une rapide courbette pour s'approcher de lui et remettre sa couronne correctement ainsi que son col de soie.

-Il n'est pas bon pour quelqu'un de la carrure de sa majesté de se tenir ainsi. Et si quelqu'un d'autre que moi venait à venir à ce moment là que dirait-il? Demanda la femme qui devait avoir presque son âge. Enfin, aucun sons ne sortit de sa bouche. Amna parlait avec son souverain par le biai de la pensée et du langage des signes comme elle était muette.

-Je ne sais pas trop, je doute que ça puisse arriver de toute manière. Il faudrait du cran pour oser venir déranger le roi sans audience non? Répondit Altus qui souriait en retour, creusant ses joues barbues. C'était un très bel homme quand on le regardait de près. Ses cheveux longs et presque noirs encadraient son visage robuste avec ses épais sourcils. Sa barbe partait de ses oreilles pour contourner sa mâchoire et rejoindre son menton. Il avait une carrure athlétique et était très grand. Certaines rumeurs attribuaient cela à un cadeau des dieux, d'autres à un enchantement. Ses yeux marrons clair lançaient toujours des regards plein de sincérité et de droiture. Pourtant j'ai bien peur que le peuple soit mitigé. Il ne partage pas mon point de vue, mais plutôt celui des ministres qui leurs promettent richesses et puissance. Leur cupidité n'apportera que notre ruine. Sur un ton plus grave et las, le roi posa sa joue contre son poing en soupirant. Amna était surprise de le voir si défaitiste. Pas très grande, ses cheveux clairs tiraient vers le roux et étaient relevés en un chignon sur sa tête. Elle n'était pas la plus jolie servante du palais. Pourtant elle était sa favorite, sa confidente. Si cela devait arriver, il mettrait sa vie entre ses mains. Ses yeux ne mentaient pas, montrant un respect et une dévotion à toutes épreuves mais surtout de la colère sur le moment.

Reflets d'Obsidienne Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant