Une soirée tranquille

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Hanton sortit enfin de la salle de bain. Il avait encore les cheveux mouillés, cela lui donnait un certain charme, simple mais puissant. Il savait bien que j'étais entièrement folle de lui, amoureuse à souhait, passionnée. Et ce grand et beau jeune homme en profita pour me voler un baiser, comme à son habitude. Je l'admirais, Il dégageait une sensation de bien être et de réconfort, de sécurité. À ses côtés, je me sentais bien. Tout simplement. Je n'aimais pas le savoir loin de moi.

Alors j'avais trépigné d'impatience à l'idée qu'il revienne de sa douche et qu'on puisse regarder notre film dans le calme, ensemble, collés l'un à l'autre. Il sentait la fraîcheur, la propreté mais ses efforts pour arriver à ce résultat font que nous avons commencé notre film en retard et nous manquons donc le début. Nous n'avions pas l'intrigue principale et nous nous amusions donc à la chercher. Cela donna lieu à des crises de rires intenses et puissants qui nous éloignaient de notre objectif principal : nous cultiver. Alors nous avons abandonné pour nous replier sur une partie de Scrabble. Mais nous avions nos règles : celui qui gagnait était celui arrivant à créér le mot le plus drôle et improbable.

J'avais rêvé de cette complicité entre nous pendant des mois, j'avais rêvé de cette liberté et de cette ouverture entre l'un et l'autre pendant de longues heures. Et ce soir là, nous en profitions largement. Plus aucun sérieux, plus de masques, seulement nous, nos pensées, ce que l'on ressentait, ce que l'on voulait, ce que l'on avait envie.

J'avais gagné ma partie de Scrabble, j'en étais heureuse et je riais aux éclats en voyant son expression faussement triste. Nous avons fini l'un contre l'autre, amoureux.

Il était tendre, ses doigts enroulaient mes mèches de cheveux, glissaient le long de mes bras, réveillant chacun de mes sens au fur et à mesure que sa peau parcourait chaque parcelle de la mienne, elles remontaient dans mes cheveux, me caressaient le visage, fermaient mes paupières. Je me détendais, je me laissais porter dans ce tourbillon de tendresse qui me laissait dans une sensation de bien être, de détente, de bonheur qui semblait envelopper mon être d'un bouclier qui repoussait les malheurs et les pleurs.

Les plages de cet océan de délicatesses se percevaient au fur et à mesure que le feu s'éteignait dans la cheminée, ces flammes dansantes qui occupaient mes yeux alors que ma peau frissonait au passage de sa main. Mes paupières se rejoignaient au rythme lent des flammes qui descendaient et le sommeil prenait le dessus sur cette tendresse amoureuse.

Alors une fois que le feu s'était entièrement éteint et que les braises encore chaudes continuaient de répandre une chaleur apaisante, je sombrais dans les bras de Morphée, je sombrais dans l'océan de délicatesse, préférant m'y abandonner plutôt que de le quitter en atteignant les plages.

Je me réveillai quelques heures plus tard. La chaleur était toujours présente mais son foyer était plus proche. Je me rendis compte que ma chaudière était à présent Hanton. Son corps répandait la douce chaleur dans le lit conjugal et réchauffait mon cœur. Seulement cela asséchait aussi ma gorge et j'eus besoin de m'abreuver. Je me levai, faisant attention à ne pas le réveiller.

Une odeur singulière se faisait sentir.

Je marchai donc à moitié endormie vers la salle de bain. Je décidai de ne pas allumer la lumière, de peur d'alerter Hanton.

Le sol était mouillé, sale, collant.

Je continuai en tâtonnant jusqu'au lavabo, mais je n'y suis pas arrivée, je butai contre quelque chose de lourd et de grand au sol.

Je cherchai l'interrupteur, et je le trouvai.

Je découvris avec horreur un corps allongé au sol, recouvert de sang, avec une ligne bien droite au niveau de son cou qui laissait deviner une entaille profonde. Le sang était répandu sur le sol. Mes pieds étaient couverts du sang d'Hanton.

Un frisson de d'égout et de peur mélangé à du désespoir me parcourut et je sortis précipitamment de la salle de bain, alertée, effrayée, dégoûtée pour retourner dans la chambre.

Le lit était vide. Mon cœur s'accéléra.

- Tu n'étais pas sensée voir ça, résonna la voix étrangement ressemblante à celle d'Hanton derrière moi.

Mais cela n'était pas possible, Hanton était... Mort. Elle venait de le voir.

Elle se retourna, tremblante, terrorisée à l'idée de qui elle allait apercevoir derrière.

La lumière lui permit de distinguer les contours de la silhouette d'Hanton, elle le vit faire un pas, puis il

N O U V E L L E SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant