Une larme coule le long de ma joue. Une larme froide, glacée. Elle s'écoule lentement, laissant derrière elle une triste tranchée.
Comme j'aimerais que ce fleuve qui s'écoule sur mon visage soit le Léthé. Comme j'aimerais m'y baigner, boire son eau et oublier.Əłłə əst łā
Je détourne le regard, ne supportant plus mon reflet, ne supportant plus mon passé. J'essuie mes yeux rouges et humide afin de reprendre mon calme. Puis, en poussant un long soupir, je commence à m'habiller. J'enfile mon habituel pull blanc et jean déchiré . Je ne prends même pas la peine de me coiffer et ne fais qu'attacher mes cheveux en une queue-de-cheval plutôt... artistique... Une fois prette, mon attention se reporte sur mon réveille: 7h48. Je sors de ma chambre et tombe nez à nez avec ma soeur. Ses cheveux roses, parfaitement lisses et bien ordonnés me rendent jalouse. Elle est encore en pyjamas, elle vient de se lever, pourtant, elle est parfaite de la tête au pied.
Je l'admire, ma petite soeur, elle a toujours le sourire, toujours les yeux qui brillent. Elle a un beau masque, elle, elle paraît heureuse... Enfin presque... Mais elle a raison de le paraître si parfaitement car, bien qu'elle soit de deux ans ma cadette, elle vivra soixante-douze ans de plus. Mais peut être serais-je aussi bonne actrice qu'elle si je ne connaissais pas les dates de mort de chaque personne que je croise.
《Ohayo (salut) Aki ! Il est quelle heure ? dit-elle en bâillant
- Presque 8h, allez dépêche toi tu vas être en retard !》
Ma soeur me tire la langue et retourne dans sa chambre en ricanant comme une enfant. Je soupire, exaspérée, puis prends le petit escalier menant au rez-de-chaussée. Une fois en bas j'entends la voix douce de ma tante, Hana, s'échappant de la cuisine et flottant dans l'air, mêlée au parfum appétissant des pancakes:
《Bien dormi ? Où est Emi ? dit-elle en passant sa tête par la porte entre ouverte.
- Ma chère petite soeur vient de se réveiller et, je suppose, de se rendormir, dis-je en baissant la tête pour ne pas voir sa carte noire》
Ma tante lève les yeux au ciel, s'essuie les mains sur un torchon et monte les escaliers en criant à Emi de descendre. Pour ma part, je laisse mon odorat me guider jusqu'à la cuisine. Hana avait gentiment disposé des assiettes remplies de pancakes et de bacon. À côté de ces assiettes se trouvait une autre, plus petite, contenant une omelette et, de l'autre côté, une soupe miso.Hana était la soeur de ma mère et donc, tout comme elle, avait des parents japonnais. Elle aime donc cuisiner comme sa mère le faisait. Cependant, quand elle nous a recueillies, ma soeur et moi, à la mort de nos parents, elle a fait l'effort de cuisiner plus souvent des plat plus occidentaux puisque mon père était américain. En résumé, je suis une française, d'origine japonaise et américaine, qui mélange soupe miso et pancakes et qui voit les cartes noires... Normal.
Je m'installe et commence à manger. Ma tante revient au bout de deux bonnes minutes, portant ma soeur sur ses épaules, son compteur ne lui laissant que dix petites années.
Merde... Je l'ai vu.
《 Bon, cesse de faire la morte et mange avant que ça refroidisse, dit Hana en déposant ma petite soeur sur la chaise en face de la mienne
- J'ai pas envie ! se plaint elle
- Tu n'as pas envie de quoi ? Manger ? Tu ne veux pas du petit déjeuner que j'ai préparé avec amour ?s'indigne ma tante
- Mais non obasan (tante), ce n'est pas ce que je voulais dire...
- Très bien alors mange, et plus vite que ça, le week-end est terminé ! 》
Emi prend ses baguettes et les plante dans son omelette en boudant. Je regarde la scène en essayant tant bien que mal de me retenir de rire.Une fois nos assiettes vides, je remonte à l'étage pour me brosser les dents tandis que ma tante énumère à Emi toutes les bonnes raisons d'aller en cours.
"En fin d'année tu passes le brevet", "Si tu ne vas pas à l'école tu finiras sans emploi et sans argent", "Pense à tous ces enfant qui aimeraient tellement être à ta place"...Au bout d'un moment ma soeur se décide enfin à monter se préparer en vitesse pour partir avec moi.
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J-7
General FictionSept jours, une semaine. Certain diront que c'est assez long, d'autre diront que c'est trop court. Tout dépend de ce qu'on attend. Certain, au bout de ce délai, trouveront un évènement joyeux, d'autre trouveront un devoir à rendre. Pour ma part, ce...