Affalée sur le petit bureau en bois de chêne que m'ont aimablement fabriqué quelques bâtisseurs, je rattrape les heures de sommeil que j'ai manquées la nuit dernière.Aujourd'hui je n'ai pas arrêté de galoper dans le Bloc. On m'a appelée à l'aide lorsque John, un Sarcleur, s'est méchamment entaillé le poignet avec sa machette. Je me suis occupée de son cas aussi correctement que mes capacités me l'ont permis. Puis, à peine rentrée à la Ferme, Clinton m'a chargée d'aller chercher du matériel médical à la Réserve car les stocks s'épuisaient. Ensuite, après avoir récupérer les draps sales que j'ai retirés la veille auprès des Torcheurs, j'ai dû les remettre, donc faire plus d'une vingtaine de lits, le dos voûté.
Je m'accorde enfin un peu de répit, même si je suis normalement censée balayer le sol de la Ferme.
Je suis en réalité en proie à un de ses nombreux flashbacks où je revois une fois de plus la scène entre cette femme en costume bleu nuit et moi. Depuis la première fois où cette vision m'est apparue, je cauchemarde chaque nuit sur cette même et exacte scène, encore et encore. S'en devient si insupportable que la nuit, je m'éveille brusquement, les joues rongées par les larmes.
- Juliette, comme ça me fait plaisir de te voir, murmure la femme en costume bleu. Viens entre, n'ai pas peur.
Juliette s'avance, docile mais méfiante. Elle n'aime pas cette partie du laboratoire, pas plus qu'elle n'aime la femme blonde en face d'elle.
- Je cherche mon frère, affirme-t-elle en prenant soin de conserver quelques mètres de distance. Et puis pendant qu'on y est, je voudrais voir Thomas.
Toc - toc - toc....
La femme blêmit légèrement mais se rattrape aussitôt.
- Ton frère est en salle H620, affirme-t-elle en affichant un faux sourire.
Juliette la tient du regard. Elle possède une telle puissance dans les yeux que la blonde en face d'elle baisse aussitôt la tête.
- Merci, j'irais le voir. Mais je ne pense que Thomas soit en salle H620, je me trompe ? S'enquiert-elle.
Toc - toc - toc - toc.....
- Non, je l'ai pas vu aujourd'hui, répond-t-elle. Mais si mes souvenirs sont bons, tu n'es plus censée le voir...
TOC - TOC - TOC - TOC !!
Je me réveille en sursaut, totalement paniquée et renverse ma gourde d'eau qui se vide entièrement sur le sol terreux.
En quelques gestes, je remets un minimum d'ordre dans ma chevelure avant de replacer correctement le haut de mon tee-shirt trop grand pour ma corpulence, qui tombe sur mes épaules.
- Oui ! Crié-je à l'encontre du visiteur, dont je devine la présence derrière la porte.
Je me trouve dans mon " espace de travail ", une sorte de petite hutte où trônent un bureau de fortune ainsi qu'un lit où je peux allonger quelqu'un en cas de nécessité. Mais comme je ne m'en suis encore jamais servi, les draps sont impeccables, et la petite mallette de secours blanche est toujours posée dessus, attendant sagement de servir un jour.
La porte s'ouvre en couinant. Il fait si noir autour de moi que que je ne vois même pas qui se tient dans l'encadrure.
J'ai donc dormi aussi longtemps que ça ? Mon dieu ! Si c'est Jeff et Clinton qui font leur ronde habituelle, j'ai intérêt à leur faire les yeux doux...
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SUJET A0 : Juliette, la Clé
FanfictionDes vies comptent sur elle. Celles de ses proches, mais bien plus encore. La pire chose qu'il pouvait lui arriver, c'était bien de se retrouver dans le Labyrinthe, un carré de verdure cloîtré entre quatre murs et isolé du reste du monde. Pour couron...