SUJET A0 : Juliette, la Clé

32 - The Last War

Notre petite troupe avançait bien, beaucoup plus rapidement que ce que je m'étais imaginé. Avec la foulée qui nous portait, je m'étais préparée à ce que les Blocards nous réclament une pause, mais non. Ils suivaient sans broncher, conscients que cette course pouvait être la dernière. Même Chuck, le plus jeune de nous tous, courait à bon rythme, malgré que l'intensité de l'activité lui colorait les joues d'un rouge écarlate.

Minho était en tête, talonné par Thomas. Les deux, plus rapides et endurants que les autres, avaient plusieurs mètres d'écart avec le groupe compact que nous formions. J'aurais facilement pu suivre leur rythme, mais je préférais courir aux côtés de Newt qui, de par sa jambe boiteuse, avait un peu de retard sur les autres. J'étais heureuse de voir que rester auprès de lui durant tout l'effort semblait lui faire plaisir, même si ce n'était pas suffisant pour soulager la souffrance que lui procurait notre allure effrénée. Je lui jetai un rapide coup d'oeil. Comme moi, il était concentré sur sa respiration. Au début, j'avais été très étonnée de voir comme il paraissait à l'aise dans la course - si on excluait sa patte folle - jusqu'à ce que je me rappelle que le métier de coureur ne lui était pas inconnu. Que devait-il ressentir en se retrouvant ici, entre ces murs de pierre qu'il avait jadis sillonnés aux côtés de Minho ? Tout cela ne devait pas forcément lui rappeler d'excellents souvenirs...

En m'humectant les lèvres, je réalisai que j'avais la bouche pâteuse. Je n'avais rien bu depuis des heures au moins et n'avait pas pipé mot depuis notre départ du Bloc, quarante-cinq minutes plus tôt. Je ne cessai de me tourmenter pour tout ceux qui était restés là-bas. Qu'allait-il advenir d'eux si la Boîte ne remonterait plus, les privant de bois, de vis, d'outil, ou bien même de graines et d'animaux ? Question dont je ne connaîtrai jamais la réponse.

Notre course dura encore presque deux petites heures avant que nous n'atteignions le cercle intérieur, là ou se trouvait la Section 7. Je reconnus plusieurs couloirs, notamment ceux que nous avions empruntés lorsque, la veille, nous avions fui les murs du Labyrinthe devenus fous.  Minho et Thomas ralentirent progressivement notre rythme de course jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent à l'intersection que formait notre couloir et le début d'un autre. Accompagnée de Newt, je me faufilai entre les Blocards essoufflés pour rejoindre mon frère et l'ancien maton des coureurs. Ce dernier jeta un rapide coup d'oeil au bout du couloir devant lequel nous nous étions stoppés. L'expression de tension qu'afficha son visage ne nous laissa rien présager de bon.

<< C'était un Griffeur ? Demanda Chuck que je n'avais pas vu s'intéresser à notre conversation.

Mon frère acquiesça gravement. Aussitôt, la nouvelle se répandit sur le groupe comme une traînée de poudre. Plus personne n'osa ouvrir la bouche, de peur de succomber à l'hystérie qui planait au-dessus de nos têtes depuis notre départ. Rejetant la tête en arrière, je rassemblai ma tignasse brune au-dessus de ma tête et la nouai en queue de cheval, m'attardant plus que d'ordinaire sur les petits détails superflus, espérant canaliser ma nervosité dans ce geste habituel de mon quotidien.

Pendant ce temps, Minho se contorsionna les épaules pour attraper dans son sac le boitier métallique qui allait nous servir de clé. Il le brandit précautionneusement devant Chuck.

<< Tu seras charger de garder ça, d'accord bonhomme ? Reste bien derrière nous, le temps qu'on calme la situation. Après, tu devras te diriger au fond du couloir et le boitier s'activera tout seul, compris ?

Le jeune garçon hocha difficilement de la tête, peu rassuré. Aussitôt, un instinct protecteur enfoui au plus profond de mon être me poussa à proposer mon aide à ce gamin. Il était hors de question de le laisser seul face aux Griffeurs déchaînés. 

<< Ça va aller, Chuckie, dis-je en posant doucement ma main sur son épaule. Je serai avec toi.

<< Non, riposta de suite Minho. Pas toi, Juliette. Tu es une excellente viseuse, tu nous seras utile au combat. Térésa, prend sa place.