15 - Tommy...

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Aujourd'hui il faisait froid. Depuis tôt dans la nuit, le ciel se déchaînait, libérant toute sa colère et ce qu'il contenait dans son ventre mousseux.
La pluie déversait l'eau claire dans les champs, les plantations, et ruisselait par la même occasion sur les feuilles, les branches, arrosant chaque centimètres carrés du Bloc.

La terre se transformait en boue poisseuse, des flaques se formaient dans les taupinières, et ce changement radical de météo affectait fortement le moral des Blocards.
Personne ne pouvait travailler. Les Sarcleurs s'étaient réfugiés sous la serre mais grelotant de froid, ils en ressortaient un par un, découragés. Les Trancheurs, Torcheurs, et Bâtisseurs, s'étaient réunis vers le hamac de Tobias et tuaient le temps en lançant des paris débiles et en riant exagérément.
Seuls deux coureurs manquaient à l'appel. Minho et Thomas, que j'avais vus partir dans le Labyrinthe à l'aube, ce matin. Hank et Noah, eux, étaient restés au campement pour une raison que j'ignorais mais vu leur humeur, je n'avais pas osé m'aventurer à leur demander pourquoi.

Quant à moi, j'étais assise sur mon hamac, un genoux replié sur la poitrine, le regard perdu dans le rideau gris qui s'abattait inlassablement depuis des heures. De temps à autre, un petit frisson me secouait les épaules et je rabattais d'un coup sec ma couverture autour de mon buste.
Après la soirée bien arrosée en l'honneur de Bob et Chuck, - j'étais d'ailleurs passée voir ce dernier, nous avions bien rit ensemble - je n'avais presque pas fermé l'œil. Les bourrasques de vent et de pluie m'en empêchait et j'étais donc debout depuis des heures.
Dès mon réveil, j'avais filé dans ma hutte, en espérant qu'elle ne soit pas trop trempée mais je fis vite demi-tour.

L'eau avait filtré à travers les petites branches de la cabane et le sol était complètement recouvert de boue. Le bureau et la chaise était trempés et les draps du lit avaient commencés à jaunir. 

Une main frêle se posa soudain sur mon bras et je sortis de mes pensées en tournant la tête.
C'était Newt. Ses cheveux blonds et soyeux était mouillés et une petite griffure barrait sa joue, sur la pommette. Il me sourit timidement.
Mon coeur se souleva. À chaque fois que je le voyais, je ne pouvais m'empêcher de ressentir cette douce chaleur dans mon ventre. Encore une fois, il dégageait une telle aura que je détournai la tête, de peur de venir abîmer une beauté si pure.
Il s'assit à côté de moi et me tendit un petit bol en métal cabossé. À l'intérieur, du pain et du fromage.

<< Merci, soufflais-je en posant le bol sur la toile du hamac.

Il ne répondit pas, perdu dans ses pensées.

Oh et puis merde.

Je me décalai sur le côté et me pressai contre son torse de manière à l'enrober sous la couverture en même temps que moi. Malgré que son débardeur soit humide et froid, son cou et ses bras étaient agréablement chauds et je me blottis comme un enfant contre lui en fermant les yeux.
Nous n'avions encore jamais été aussi... tactile. J'avais eu peur qu'il me repousse mais au contraire, il vint doucement me serrer contre lui, enlaçant ma taille de son bras.
Quelques secondes s'écoulèrent où nous ne bougeâmes pas, profitant de l'instant. Aucun de nous deux ne pipa mot et c'était ce que j'appréciais tant avec lui. Le silence ne le gênait pas et il n'était pas sans cesse entrain de réfléchir à comment lancer une conversation.

Depuis hier, quelque chose me titillait. Je ne cessais de repenser aux paroles de Bob et à tout ce que cela impliquait.
Il avait dit qu'il était dans une sorte de laboratoire, face à un ordinateur. Or dans mes visions, j'avais la certitude d'être également dans un labo.
Et puis ces notions comme " Sujet A0 ". J'avais beau retourner les mots dans mon esprit depuis des heures, aucun souvenirs ne me revenaient et les choses ne s'éclairsifiaient pas pour autant.
Machinalement, je tendis le bras et attrapai le bol. Je plongeai la main dedans et mordis vigoureusement dans le fromage.
Je n'avais même pas conscience d'avoir aussi faim.

<< À quoi est-ce que tu penses ? Murmura Newt.

SUJET A0 : Juliette, la CléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant