Thomas était là, enroulé dans sa couverture, les yeux clos. Je m'arrêtai et l'observai sans faire de bruit. Il avait déjà meilleure mine que ce matin et sa respiration était calme. Inconsciemment, je me mis à chercher des points communs entre nous deux. De qui pouvait-il tenir son petit nez retroussé ? Et puis ses yeux d'un marron ultra clair, de qui provenaient-ils ?
En général, mes parents, ma famille plus globalement, ne me manquait pas puisque je n'avais aucun souvenirs d'eux, mais dans ce type de moment, je regrettais plus que tout au monde de ne même pas avoir le droit à une mémoire, à des souvenirs ou bien même une petite photo, qui me prouverait à tort que j'ai une existence et une identité.
Thomas était mon frère, j'en étais désormais certaine, mais j'avais peur.
Peur qu'en apprenant la vérité, il ne me rejette et s'éloigne de moi.
Pourtant ce n'était pas le moment de me dégonfler. Il devait savoir, c'était mon devoir en tant que sœur jumelle de lui révéler quelque chose d'aussi important. Mais pour l'instant il dormait et je ne voulais pas le réveiller et risquer de le mettre de mauvaise humeur : ça n'arrangeait absolument pas la situation.Je tournai les talons et m'apprêtais donc à repartir en direction de la salle des cartes lorsqu'une voix s'éleva dans mon dos.
<< Juliette, attends, s'exclama Thomas d'une voix raillée.
Je me contractai et pris une grande inspiration. Le pan de tissu que je tenais entre mes doigts retomba comme un volant sur le sol terreux et je me retournai en tentant d'afficher un sourire droit.
Je ne pourrais pas parier que ce fut une franche réussite.Il s'était redressé sur les coudes et me regardait passivement. Je contournai son lit, approchai un petit tabouret bringuebalant et attendis avec tout l'espoir du monde qu'il entame la conversation.
Il m'adressa un franc sourire et je fus vexée contre moi-même de ne pas pouvoir lui rendre toute sa splendeur.<< Newt m'a raconté ce que tu as fait. Tu es complètement malade.
La mention du prénom de mon meilleur ami me mit un violent coup de poing dans l'estomac.
Pour le reste, je commençais à avoir l'habitude des reproches et des remontrances.<< Pourquoi ? Poursuivit Thomas en plantant ses yeux noisette dans mes iris verts.
Ça y est c'est le moment. Tu dois lui dire, Juliette.
<< Thomas, il y a quelque chose que je dois te dire, dis-je, les jambes tremblantes. C'est très important et surtout super sérieux.
Je pris une grande inspiration et essuyai mes mains moites sur mon pantalon.
Le jeune homme me regardait intensément et je fixai le sol pour ne pas devenir folle.<< Hier après-midi, commençais-je, j'ai eu des sortes de flashbacks, comme ceux que tu peux avoir. Sauf qu'à la différence, je n'ai pas fait des rêves à propos d'un laboratoire et d'une femme en costume bleu mais sur mon enfance. J'ai eu des petites bribes de souvenirs et tu étais dedans.
Je n'osai même pas relever les yeux à cet instant pour le regarder. La seule chose dont j'étais capable pour le moment était de poursuivre mes aveux sans m'interrompre.
<< Au début je ne comprenais pas ce que tu faisais là, pourquoi tu étais dans mes souvenirs d'enfance. Et puis après j'ai compris.
Je marquai une pause, l'espace de deux secondes.
<< Tu es mon frère, Thomas, finis-je par dire en contrôlant difficilement les tremblements dans ma voix. Mon frère jumeau.
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SUJET A0 : Juliette, la Clé
FanfictionDes vies comptent sur elle. Celles de ses proches, mais bien plus encore. La pire chose qu'il pouvait lui arriver, c'était bien de se retrouver dans le Labyrinthe, un carré de verdure cloîtré entre quatre murs et isolé du reste du monde. Pour couron...