Malgré la pression que Ben exerce sur mes bras, je parviens péniblement à me tordre de côté pour espérer me retrouver sur le dos et pouvoir m'enfuir en courant.
Ben est un garçon grand et mince qui, au premier coup d'œil, parait sage - peut-être même un peu simplet. Désormais, je possède l'irréfutable preuve du contraire. Il est allongé sur moi, le visage tordu par une rage abominable et il me maîtrise presque entièrement. Je résiste avec toute la force que me livre mes muscles endoloris pour l'empêcher de me planter dans la gorge le couteau dégoulinant de sang qu'il a récupéré sur le corps inerte de Jack.
- Je t'ai vue, je t'ai vue ! S'époumone-t-il en appuyant encore davantage sur le couteau dont la pointe ne se trouve plus qu'à quelques centimètres de ma trachée. C'est à cause de toi si on est ici, toi et l'autre tocard ! Je vous ai vus !
- Ben, je t'en supplie, hoqueté-je, arrête !
Sa bouche dégouline de bave rougeâtre, comme s'il saignait de l'intérieur. Son visage est méconnaissable, bariolé de veines bleues prêtes à éclater sous sa peau. La peur me liquéfie les organes. Je suis pétrifiée. Soudain, le manche d'une perche heurte violemment la joue gauche de Ben qui roule sur le côté. Immédiatement, je me redresse sur mes pieds et fait volte face pour voir qui vient de me sauver la vie.
Thomas m'attrape la main et m'entraîne aussitôt en avant. Nous n'avons pas parcouru deux mètres que le coureur est aspiré vers l'arrière. Je m'enfonce cruellement les ongles dans la peau pour ne pas hurler. Mon cœur accélère encore un peu plus, l'adrénaline fuse dans mes veines et à ce rythme, je fonce droit vers l'arrêt cardiaque complet.
Ben vient de lui attraper les chevilles et grâce à une force et une réactivité bien trop importante pour un être humain qui vient de se prendre un coup sur la tête, il arrache la perche des mains de Thomas et se met à le martyriser de coups dans les côtes. Sonné et pris de cours, Thomas se plie en deux et n'évite pas le deuxième assaut qu'il encaisse dans le dos.
Je ne réfléchis même pas, je n'ai plus le temps pour ça. Thomas va se faire tuer par un de ses meilleurs ami et il en est hors de question. Un instinct nouveau prend le contrôle de mon corps. Il faut que je fasse quelque chose et vite.
À l'instant même où je bondis en avant, tout poings tendus, une main m'attrape l'épaule et me tire brusquement en arrière. Je bascule sur mes jambes, déséquilibrée, et finalement, j'aperçois une cavalcade de pieds courir dans ma direction.
Une bonne vingtaine de Blocards sont revenus sur leur pas pour prêter main forte à Thomas, qui se défend tant bien que mal contre la rage et la fureur de Ben. Le dos en feu, j'ignore la douleur qui fait grincer chacune de mes articulations et me remet sur pieds pour venir leur prêter main forte.
- Je t'ai vu ! Hurle Ben, les yeux si écarquillés et si violâtres qu'ils menacent à tout instant de sortir de leur orbite. C'est votre faute, c'est votre faute ! Je vais te faire la peau mon gars, je vais te tuer !
Des filaments de bave ruissellent sur le visage du pauvre Thomas qui est coincé sur le dos, dans l'herbe haute. Soudain, surgit de nul part et armé d'une lance aussi épaisse qu'une batte de Baseball, Minho s'approche des deux combattants et frappe Ben dans le flanc avec toute la force et toute l'énergie qu'il possède. Il s'écroule au sol et Thomas ne se fait pas prier pour déguerpir.
Alors que Minho s'apprête à le suivre, Ben se relève une seconde fois et lui saute à la gorge.
Il le couche au sol et Minho laisse un échapper un grognement rauque lorsque son dos blessé heurte la terre avec fracas. Ben profite aussitôt de ce moment de faiblesse chez le pauvre coureur pour lui frapper les bras d'un violent coup de pied, puis il ramasse son couteau ensanglanté, presse ses doigts sur la trachée de Minho et pointe la lame aiguisée sous sa gorge. Tout ceci en tout juste dix secondes.
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SUJET A0 : Juliette, la Clé
Hayran KurguDes vies comptent sur elle. Celles de ses proches, mais bien plus encore. La pire chose qu'il pouvait lui arriver, c'était bien de se retrouver dans le Labyrinthe, un carré de verdure cloîtré entre quatre murs et isolé du reste du monde. Pour couron...