CINQUIÈME

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Ma première matinée en compagnie des sapeurs-pompiers s'est égrainée à une vitesse éclair. Au retour de notre intervention, T m'a fait remplir quelques papiers et m'a posé des questions banales sur mon quotidien. Mes pensées étaient ailleurs, happées par le visage d'Iris tordu d'inquiétude et la vision de Paul recroquevillé sur son balcon.
T m'a reprise beaucoup à l'ordre et m'a alors permise, à la fin de notre entretien, de faire un saut à l'hôpital.

« Merci T... Je suis désolée de...

-Ta-ta-ta, c'est rien. Je comprends que tu puisses être retournée après ce que tu viens de vivre... Prendre de ses nouvelles te fera le plus grand bien. » m'a rassurée et assuré T.

Je suis alors filée, au volant de ma petite Clio, sur la route de l'hôpital. Les infos locales diffusées à la radio sont portées sur l'incendie, certaines personnes interviewées disent avoir entendues des cris provenant de l'appartement... D'autres, des petites explosions. Mon attention s'arrête sur les cris, Iris était sortie... Serait-ce Paul qui aurait crié à l'aide ?

Je me gare le plus proche possible et m'empresse, une fois entrée dans le grand hôpital, de me renseigner à l'accueil. Une dame aux lunettes dégringolant sur le bout de son nez m'indique une chambre au premier étage.
Une drôle de chaleur envahie mon ventre lorsque j'emprunte les escaliers, une certaine appréhension peut-être...

Je frappe à la porte concernée, et aussitôt, une voix grave me demande d'entrer.
Je pénètre dans la chambre timidement, Iris ne semble pas être ici.

« Salut H, tu tombes bien... Iris est partie chercher un chocolat chaud. Assis toi. »

Je prends alors place sur la chaise près de son lit. Il a un petit sourire sur les lèvres mais le teint fatigué. Ses cheveux, habituellement si bien coiffés, sont en pétard.

« Comment tu te sens ? Ça va ? lui demandai-je.

-Physiquement ça va... moralement un peu moins.

-Oui c'est sûr... Ça doit être difficile.

-C'était l'appartement d'Iris... Elle a tout perdu. »

Je baisse les yeux, ne sachant pas trop comment réagir. Il enchaîne aussitôt :

« Alors comme ça t'es pompier ?

-Oui... Enfin c'était mon premier jour.

-Wouah ! Quelle c...

-coïncidence oui. le coupai-je, ce mot revenant un peu trop à mon goût.

-Le pompier avec toi... C'est ton binôme ? »

Je relève les yeux vers lui, pourquoi me demande-t-il ceci ?

« Mon chef, il m'accompagnera pendant les premières semaines... Pourquoi ?

-Tobias, c'est ça ? »

Mon cerveau tourne à plein régime... T comme Tobias... Ne me dites pas que...?

« Tu le connais ? insistai-je.

-Bien sûr, c'est mon meilleur ami. »

Je suis sidérée, les coïncidences me collent décidément à la peau.

« Tobias... réfléchis-je. Il ne m'a même pas parlé de toi !

-Quand il exerce son boulot... Rien ne le déstabilise tu sais.

-Enfin quand-même... Il aurait pu me dire qu'il te connaissait... Quand l'as-tu connu ?

-Juste après... notre rupture. »

Il est temps de rallumer les étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant